Chahed devrait-il craindre le projet de Korchid et Merai ?

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Le trop-plein, l’offre pléthorique, la bousculade, la concurrence acharnée au point de déboussoler les électeurs et compliquer leurs choix pour 2019, on y va tout droit. Que dis-je, on y est déjà ! A peine une semaine après la naissance du 216ème parti politique, celui que tout le monde attribue volontiers au chef du gouvernement, Youssef Chahed, un autre mouvement émerge. La « Rencontre Nationale du Salut », c’est son nom. Bon, pour le moment ses initiateurs se gardent bien de le qualifier de formation politique, mais ça en a furieusement l’air. Justement qui sont-ils, ses initiateurs ? Mabrouk Korchid, ex-ministre des domaines de l’Etat et des Affaires foncières, étiqueté apolitique jusqu’ici, Samira Merai, ancienne ministre de la Santé et qui vient de larguer son parti, Afek Tounes (comme d’autres camarades, qui eux ont filé vers Tahia Tounes pour sécuriser leurs arrières) et d’autres personnalités nationales. Korchid et Merai ont une chose en commun : Ils ont été virés par Chahed; Korchid lors du dernier remaniement ministériel alors qu’il est de notoriété publique qu’il a beaucoup carburé et Merai a été débarqué en septembre 2017. De là à penser que l’idée de chasser sur les terres de Chahed, avec des états d’âme et une petite musique de vengeance en arrière-fond, leur trotte dans dans la tête, il n’y a qu’un pas…

Du réchauffé, point barre ?

De ce qu’on sait de la « Rencontre Nationale du Salut », c’est que ce sont des personnalités nationales et des politiques qui l’ont montée. C’est vague, mais ça a le mérite d’exister et surtout d’interpeler, voire inquiéter, les autres partis dans l’arène. Ses initiateurs disent de ce mouvement qu’il reflète la volonté de se regrouper autour d’un projet national oeuvrant pour l’intérêt national.
D’après la Charte constitutive de l’initiative, qui s’est déjà propagée sur les réseaux sociaux pour être paraphée par tous ceux qui désirent y adhérer, l’objectif est de fédérer autour d’un projet national faisant prévaloir l’intérêt collectif. Un lieu commun, du réchauffé, certes, mais ça a le don de rassurer sur les intentions de ces personnalités un peu mystérieuses.
La charte comporte cinq points dont le plus saillant est le changement du régime politique. Une affaire qui parle à beaucoup vu la paralysie du système politique et les psychodrames affligeants qui émaillent toutes les décisions et votes du vrai détenteur du pouvoir en Tunisie, le Parlement.

Faire du Jomaa, Aïdi, Marzouk, différemment ?

Le document martèle la nécessité d’accorder la priorité au combat contre la corruption et le népotisme, la lutte contre le terrorisme et la défense de la souveraineté nationale.
Parmi les objectifs, figurent, également, la promotion de l’économie nationale à travers un modèle de développement retapé et fondé sur l’investissement et la technologie du savoir ainsi que la consécration de l' »Etat social ». Quand on vous disait que ça sent à plein nez une formation politique, mais à ce qu’on sache ce n’est pas un crime d’avoir des ambitions politiques. Le seul souci c’est que ce discours n’est pas très différent de ce que débitent Mehdi Jomaa, Saïd Aïdi, Mohsen Marzouk ou encore les partisans de Chahed pour justifier la mise sur pied de Tahia Tounes. Alors pourquoi Korchid, Merai et leurs compagnons ne sont pas allés se greffer aux autres partis qui défendent à peu près le même projet ? Mystère. Sans doute un peu à cause de cette maladie congénitale des hommes et femmes politiques, rongés par cet égo surdimensionné qui les pousse à toujours vouloir diriger, piloter eux-mêmes.

Korchid a la dent dure !

Dans une déclaration vendredi à l’agence TAP, Korchid a affirmé qu’un groupe de personnalités ayant servi l’Etat et des politiques qui ont foi en l’indépendance de la décision politique de la Tunisie ont décidé de lancer cette initiative politique. Il reconnait être un des instigateurs de cette action mais pas son dirigeant.
Il a ajouté que le projet ambitionne de sauver la Tunisie d’un processus qui a lamentablement échoué à tous les niveaux, en invitant « tous les patriotes qui désirent sauver le pays » à le rejoindre. Quand on vous disait qu’un petit air de vengeance flotte sur cette affaire. Mais l’histoire ne nous dit pas si l’ex-ministre et compagnie, en dépit de leurs envolées, ne finiront pas par faire comme beaucoup d’autres : Filer vers Tahia Tounes, après avoir bien fait monter les enchères, ou aller renforcer la concurrence, Nidaa Tounes par exemple. Affaire à suivre, de très près…

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