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Guerre de l’huile entre Tunisiens et Italiens, qui croisent le fer en public, sur les IDE aussi !

Profitant de son AGO, la CTICI (Chambre de commerce tuniso-italienne) a organisé ce mardi 25 juin 2019 une table ronde autour des résultats de la balance commerciale et ses perspectives. La réunion, par ailleurs fort intéressante, au moins par la foule de chiffres inédits et le benchmark autour des échanges commerciaux entre les deux pays, n’a pourtant pas été du calme d’une église romane.

Une responsable italienne, un professionnel tunisien de l’huile et même la douane ont croisé le fer sur l’épineuse question du quota de l’huile autorisé à l’exportation pour les pays de l’Union Européenne. Mais aussi sur la question de certaines IDE italiennes en Tunisie, pour le moins sans employabilité et sans valeur ajoutée pour la Tunisie.

  • La guerre de l’huile d’olive, entre Rome et Tunis

Les fers ont été d’abord croisés sur l’épineuse question des exportations tunisiennes d’huile vers l’Italie. Ancien président de la Chambre syndicale des exportateurs d’huile tunisienne et CEO de Lexi-huile, Abdessalem Loued débute les «hostilités», lorsqu’il accuse le ministre italien de l’Agriculture, sans le nommer, d’avoir mené une campagne média contre l’huile d’olive tunisienne, entravant ainsi la décision européenne d’augmenter le quota tunisien sur le marché italien de 35.000 tonnes. Un autre intervenant rappelle un ancien reportage TV d’une chaîne publique italienne, qui avait, à l’occasion, beaucoup médit sur l’huile d’olive tunisienne et fait beaucoup de tort au produit tunisien.

Il est vrai que l’Italie s’était habituée à importer l’huile d’olive tunisienne en vrac, et que la montée en puissance des exportations tunisiennes en huile d’olive conditionnée commence à ennuyer sérieusement une industrie italienne de l’huile d’olive, basée sur l’huile tunisienne achetée en vrac chez les Tunisiens.

Gaffe médiatique monumentale au cours du séminaire, lorsqu’un agent de l’ambassade italienne en Tunisie s’adresse en aparté aux journalistes tunisiens présents à cette manifestation, leur demandant de ne pas laisser passer l’avis du professionnel Abdessalem Loued. La dame de l’ambassade, considérant que ce qu’il disait n’était pas la position officielle de la Tunisie, aura ainsi manqué une occasion de se taire. La presse présente le lui fera remarquer.

  • Des sociétés de service italiennes qui font de l’optimisation fiscale et même du blanchiment

Deuxième sujet sur lequel Tunisiens et Italiens (ces derniers optant pour le silence dans la salle) sont en désaccord : celui de certaines IDE italiennes en Tunisie. C’est d’abord Rim Haouat, Colonel Major au bureau des entreprises exportatrices à la Douane tunisienne, qui fait remarquer que la Tunisie n’aime pas trop les investissements étrangers à faible taux d’employabilité et à faible valeur ajoutée.

Elle est confortée dans son avis par celui d’un autre intervenant qui indique que nombre de ces entreprises de service ne font que «de la facturation et de l’optimisation fiscale», mais que cela va progressivement se terminer grâce à l’arsenal juridique déjà mis en place. Et le Colonel Major de la douane d’ajouter que sur «les 30 mille sociétés de service italiennes installées en Tunisie, pas mal servent au blanchiment d’argent». Le mot est lâché. Il est de taille et n’a pas été dit par n’importe qui ! La table ronde se perd alors dans la quadrature du cercle et finit en queue de poisson.

  • Une table ronde par ailleurs très intéressante que le Cepex devrait imiter

Mis à part cela, la manifestation économique organisée en marge de l’AGO de la CTICI a apporté un grand nombre d’informations, pour comprendre le pourquoi d’une balance commerciale tuniso-italienne déficitaire de 925 millions d’euros en faveur de l’Italie, un pays mitoyen d’une France avec laquelle la balance commerciale est fortement excédentaire en faveur de la Tunisie. Avec des chiffres croisés, entre ceux du Cepex et ceux de la partie italienne, c’est une analyse approfondie à laquelle s’était livrée la CTICI. Elle permet ainsi de comprendre que 61 % du déficit avec l’Italie provient de l’énergie et 19 % des équipements, par ailleurs des intrants pour l’industrie tunisienne.

Ce chassé-croisé, entre chiffres tunisiens et italiens, a aussi permis de connaitre les points forts et les points faibles, sectoriels et géographiques, des exportations tunisiennes vers l’Italie. Un nouveau tableau de bord qui permet de dessiner de nouvelles perspectives pour de meilleures exportations tunisiennes qui pourraient ainsi combler le déficit et pourquoi pas, au moins, stabiliser le déficit commercial entre les deux pays. Pareille manifestation aurait dû être faite par le Cepex, pour expliquer les lourds déficits tunisiens avec d’autres pays comme la Turquie. A bon entendeur, salut !

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