AccueilLa UNEInformel : Ennaceur flingue les autorités, et il n'est pas le seul

Informel : Ennaceur flingue les autorités, et il n’est pas le seul

« Les mécanismes de transition de l’économie informelle à l’économie formelle en Tunisie », tel a été le thème d’une rencontre organisée ce lundi 22 octobre 2018 à Tunis à l’initiative de l’Association Tunisienne de Droit Social et des Relations Professionnelles (ATDSRP), fondée par Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Ouvrant les travaux de cette rencontre, Ennaceur a indiqué que l’économie informelle amasse aujourd’hui une richesse qui n’est pas prise en compte dans le PIB du pays. D’autre part, elle emploie entre 800 000 et 1 million de travailleurs indépendants ou non salariés non affiliés à des caisses de sécurité sociale et qui échappent aux taxes et obligations légales.

Il a ajouté que la propagation rapide de l’économie informelle dans notre pays a créé de graves risques et frappe des gains sociaux importants. « Si ce secteur a réussi à absorber un grand nombre de chômeurs et de personnes socialement marginalisées, il ne leur fournit pas les éléments d’un travail décent, d’autant plus qu’une proportion importante de ces travailleurs sont des femmes et des enfants« , a-t-il précisé. Il a signalé que l’emploi dans le secteur informel ne se limite plus aux analphabètes et aux personnes mal formées, il inclut également un nombre important de diplômés de l’enseignement supérieur qui ont été entraînés par le chômage chronique sur un marché du travail fragile et temporaire, selon ses dires.

« Il semble clair que depuis l’année 2011, les gouvernements et les organisations professionnelles successifs n’ont pas mis en place une stratégie efficace pour informer et intégrer le secteur informel. Le manque continu de reconnaissance ne l’a pas empêché de se développer et de devenir une réalité, fournissant un moyen de subsistance à un grand nombre de personnes marginalisées par la loi« , a-t-il ajouté.

Le président de l’ARP a dans le même contexte indiqué que le phénomène de l’économie informelle n’est pas nouveau et émergent, dans certains pays il représentait 80% de l’économie globale et employait 70% de la main-d’œuvre. Il est répandu dans le monde entier, « mais la rapidité de son développement et sa propagation dans notre pays au cours de la période récente ont fait de l’informel un phénomène très dangereux, surtout si on n’arrive pas à l’intégrer progressivement dans l’économie formelle« , a dit Ennaceur.

Il a par ailleurs mis en garde contre la montée en flèche durant ces dernières années de l’économie informelle qui emploie selon ses dires près de 1 million de personnes, pointant du doigt les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis la Révolution. « Toutes les politiques d’après-Révolution ont échoué« , a déclaré le président de l’ARP, citant le taux de chômage élevé qui a dépassé 35% dans certains gouvernorats à l’instar de Tataouine et Gafsa. De plus, a-t-il dit, avoir un travail stable devient plus qu’impossible dans certaines régions pour une grande frange de la société, ce qui explique que beaucoup de citoyens opèrent dans cette économie et ce, malgré le fardeau sur les caisses sociales.

De son coté, Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a indiqué que l’économie informelle devient aujourd’hui une grande menace et un danger non seulement pour les droits de l’Homme mais aussi pour les entreprises qui travaillent dans le secteur formel. « Ça devient un cauchemar vu les dépenses de l’Etat et les déséquilibres financiers des caisses sociales », a-t-il précisé, avant d’ajouter que les chiffres de l’économie informelle ne sont plus aujourd’hui tolérables et ont dépassé les 50%, ce qui empêche l’Etat de parvenir à une paix sociale.

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT a ainsi appelé à faire face à ce phénomène qui ne cesse de peser sur l’Etat et ce, avec la participation des représentants de la société civile, des organisations nationales et les compétences pour éradiquer ce fléau. Il a rappelé la mise en place du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire comme mécanisme pour intégrer les jeunes dans l’économie formelle et avoir un poste et un revenu stable, selon ses déclarations.

Le président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzar, a imputé la responsabilité de la propagation de l’économie informelle au gouvernement et à l’Etat en général lorsqu’il ne réagit pas et ne prend pas d’initiatives et des positions devant les acteurs du marché parallèle. « Des dizaines de conteneurs et de camions de contrebande franchisent quotidiennement les frontières sans que l’Etat ne bouge (…) Les produits de contrebande se vendent aujourd’hui dans le marché du gros« , a-t-il dit. Il a fait remarquer que l’Etat encourage aussi l’économie informelle à travers ses lois : « La lourdeur des procédures administratives, la complication des lois et la multiplication des démarches ont poussé les gens à basculer dans l’informel« , a-t-il dit.

Il a ajouté que les lois en vigueur pénalisent les producteurs qui opèrent sur le marché formel, puisqu’ils supportent un gros fardeau au niveau des taxes alors que d’autres ne payent rien : « Il y a une forte assise offerte au marché parallèle« , a-t-il encore précisé.

Il est rappeler à ce propos que selon des statistiques publiées par la Banque mondiale, le secteur informel en Tunisie est estimé à 54% de la main d’oeuvre. L’informel se concentre dans des micro-entreprises, soit 524.000 unités, représentant 35% du tissu entrepreneurial.

Une autre enquête menée par l’économiste Mohamed Haddar a révélé que les transferts de devises de la région de Ben Guerdane vers l’extérieur sont évalués entre 1 et 3 millions de dinars (MDT) par jour, soit l’équivalent de 750 MDT par an. Ce marché de devises, qui regroupe 5 principaux banquiers au noir et entre 250 et 300 agents de change, offre des prestations quotidiennes et au comptant et couvre toutes les devises.

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1 COMMENTAIRE

  1. Tout le monde est d’accord sur le danger de l’économie parallèle pour la lourde administration publique Tunisienne. Tout le monde avance des chiffres plus ou moins précis. Tout le monde connait presque tout sur les circuits parallèles, leurs marchandises, leurs stocks, leurs réseaux, leurs chiffres d’affaires, la nature et le nombre des personnes employées, les différents réseaux et actions dans le temps et dans l’espace ainsi que bien d’autres informations. On se demande alors ? pour les noms ne sont pas divulgués ?pourquoi n’ont –ils pas été arrêtés et jugés ? La faille réside-elle dans notre système préventif émanant de plusieurs précisions dans nos lois ? Dans l’ingéniosité des professionnels qui les protègent en exploitant les failles des lois en vigueur ? Les sytèmes de détection ne sont pas capables d’apporter plus de précisions pour passer en justices les criminels économiques ? y a –t-il des failles techniques ou de corruptions de la part de certains chargés d’enquêtes sur la contrebande à l’intérieur du territoire Tunisien. Le laisser aller de l’administration publique qui ressemble aux jeux amicaux entre les chats et les souris étonne énormément. A qui donner confiance pour la sécurité de notre pays et de notre population dans plusieurs secteurs, urbains, santé, économie et finances, énergie, éducation des futures générations, etc ? Dans ces conditions aucun gouvernement ne peut réussir, car il est toujours trahis par certains des siens et à toutes les échelles.Ainsi, le travail sur le mental est indispensable pour qu’un groupe puisse affronter les difficultés et se préparer à la réussite à la suite d’un travail collectif ciblé.
    La discipline, la bonne organisation et l’acceptation volontaire du sacrifice imposé par les contraintes endogènes et exogènes participent énormément à la réussite du groupe

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