Jadis fleuron de l’industrie minière de la Tunisie dont elle alimentait les caisses en flux tendu, la Compagnie de phosphate de Gafsa a commencé à dévisser il y a un lustre pour entamer, au lendemain de la révolution, une chute vertigineuse dont elle peine à se relever à ce jour. Les grèves y sont monnaie courante et elles sont décrétées au quart de tour aussi bien par ses salariés que par ceux qui cherchent à le devenir. Le plus funeste dans ce dossier est qu’aucun gouvernement n’a osé le prendre à bras-le-corps, laissant la situation pourrir au fil des années et au gré de ceux qui en tirent les ficelles.
Ainsi allaient les choses avec des pertes financières qui ont grimpé à 480 MD à la fin de l’année 2019, au point que l’entreprise n’est plus en mesure de tenir ses principaux engagements notamment, le paiement des cotisations sociales (34 MD) et de ses impôts (36 MD). Au niveau de la production, la société a enregistré une baisse à 3,6 millions de tonnes par an, contre un volume oscillant entre 8,1 et 8,3 millions de tonnes en 2010. Ainsi, la compagnie, qui était classée cinquième à l’échelle mondiale au niveau de la production, a perdu la plupart de ses marchés traditionnels. Le directeur général adjoint de la CPG, Rafâa Nassib, a souligné à l’agence TAP, que la société est aujourd’hui, incapable de répondre aux besoins du Groupe chimique de Tunisie et de la société » Tifert » en phosphates, et ce sous l’effet de la baisse de 60% de la production par rapport à 2010, contre une hausse des coûts de production de manière vertigineuse à la fin 2019, à 197,6 dinars la tonne contre 48 dinars en 2010.
Le responsable a souligné l’importance de trouver une solution au problème du transport du phosphate par voie ferrée, notant » qu’il faut œuvrer rapidement, pour mettre à niveau le système du transport de phosphate, qui constitue un facteur essentiel, pour le retour de la production, de manière à permettre à la Tunisie de retrouver- sa position à l’échelle internationale dans le domaine de la production de phosphate et des engrais.
Les recrutements improductifs
De son coté, le PDG de la compagnie a précisé lors d’une séance d’audition tenue vendredi, au siège de l’ARP par la commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure de base et de l’environnement, que le secteur du phosphate en Tunisie souffre des problèmes structurels surtout au niveau du transport. Il a souligné que la régression structurelle du système du transport ferroviaire des phosphates commerciaux destinés aux usines de transformation a atteint 70% par rapport à l’année 201, ce qui a entrainé une régression significative du volume global des ventes.
Parmi les causes principales de la détérioration de la situation figurent, les recrutements non productifs dans la société succursale ( 7000), la hausse de la masse salariale des agents de CPG et de la société Tunisienne du transport des produits miniers et des sociétés de l’environnement, à pas moins de 70% du chiffre d’affaires de la société, ce qui représente un risque pour la pérennité de la société. Il a évoqué la charge croissante que représente la création 4 sociétés d’environnement, dans les délégations de Metlaoui, Mdhila, Redeyef et Om larayès) ainsi que trois sociétés à Gabès, Sfax et Gafsa, lesquelles emploient 12200 agents avec une masse salariale de l’ordre de 170 millions de dinars en 2019 attirant l’attention sur l’impact négatif de la non activation des sociétés d’environnement et de plantation. L’entreprise n’a pas pu en outre recouvrer ses créances dues qui ont atteint en 2019 près de 850 MD, dont 392 MD auprès de GCT et 458 MD auprès de la Société Tifert.
Sécurisation des sites et mise à niveau
Le responsable a évoqué l’incapacité de la Société tunisienne du transport des produits miniers à suivre le même rythme de l’extraction et de la production, ainsi qu’au niveau du transport des quantités nécessaires de phosphates à l’intérieur du bassin minier (déficit annuel de 14 millions de tonnes), outre les raisons liées à la diminution de la productivité des ouvriers suite à l’opération de recrutement à caractère social de 2013, laquelle a entrainé une baisse du niveau de la réparation et de l’exploitation.
Il a évoqué le retard important dans la réalisation des grands projets notamment ceux visant à augmenter la capacité de production de la société précisant que parmi les causes de ce retard figurent les problèmes fonciers, notant que parmi les mesures prioritaires pour surmonter les difficultés de la CPG, figure la sécurisation des sites de production, et la garantie de la sécurité des agents et de la préparation des unités de production, en assurant leur maintenance et leur mise à niveau au niveau technique, soulignant l’impératif de lutter contre les protestations sociales « non justifiées ».
TAP