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La tragédie d’un ministre flamboyant dont le moteur cale

Pendant que le syndicat de l’Enseignement supérieur IJABA campe sur ses positions, au risque de s’attirer les foudres de la justice pour avoir perturbé les examens et confisqué les notes des étudiants; pendant que les universitaires affiliés à l’UGTT perdent patience et songent sérieusement à se radicaliser comme IJABA pour cause d’engagements du ministère qui tardent à se matérialiser, le ministre, Slim Khalbous, bouge plus que jamais, au risque de donner le tournis à ses administrés. On l’a vu du côté de Rome, en Italie, ce lundi 10 juin 2019, pour prendre part à la quatrième édition de la Conférence des Ministres de la Recherche, de l’Innovation et de l’Enseignement Supérieur des pays du dialogue 5+5. La Mauritanie, l’Algérie, le Maroc, la Libye, Malte, l’Italie, la France, l’Espagne,le Portugal, l’Union du Maghreb Arabe, l’Union pour la Méditerranée et l’Union Européenne y étaient également. Du beau monde quoi. Pour quels résultats, mis à part des envolées lyriques et des déclarations passionnées pour la recherche, l’innovation, la coopération, etc. ? Et bien pas grand chose…

D’emblée Khalbous a planté le décor en mettant le curseur « sur le rôle actif de la Tunisie dans la promotion et la dynamisation des partenariats et des échanges entre les pays de cet espace de coopération multilatérale grâce à l’excellence des relations bilatérales qu’elle entretient avec chacun de ses membres », rapporte la TAP. Le ministre dit vrai. La Tunisie en fait beaucoup, le problème c’est que ses voisins de peuvent pas en dire autant. Si les Marocains et les Algériens en faisaient autant que les Tunisiens pour être au niveau « de la proximité culturelle, historique et géographique » dans l’espace maghrébin, ce qui est fait dans le cadre de la coopération autour de la recherche se verrait nettement mieux. Mais que voulez-vous, cette affaire est victime des mêmes écueils qui ont empêché l’Union du Maghreb Arabe (UMA) de décoller. Alors il faudra repasser. Tout le monde admet que « la coopération et la complémentarité (…) sont (….) vitales et urgentes, notamment en matière de recherche scientifique et d’enseignement supérieur afin de mettre en commun les efforts et de partager les expériences grâce notamment à la mobilité d’étudiants et de chercheurs« , mais poser des actes dans ce sens, c’est une autre histoire…

Par ailleurs Khalbous a souligné « la participation active de la Tunisie aux principaux programmes européens de mobilité et de financement de la recherche et de l’innovation dont notamment, Erasmus+, Prima et H2020« . Sauf que ces dispositifs, et c’est d’ailleurs clairement la volonté affichée et assumée de la France d’Emmanuel Macron, sont devenus des détecteurs et aspirateurs de talents qui font que les étudiants tunisiens sont de plus en plus enclins à rester en Europe. C’est un gros problème mais qui ne semble pas gêner outre mesure les autorités tunisiennes, qui n’y voient que des demandeurs d’emplois en moins, et donc des problèmes sociaux en moins, passant à côte du potentiel de développement que la Tunisie perd dans ces départs massif de compétences. Si les ambitions d’une nation se mesurent aux soins dont on entoure les futures élites, alors le pays du jasmin est mal barré…

Enfin il y a le mimétisme vis-à-vis des programmes européens, qu’on copie littéralement sans broncher, aidés en cela par les subventions de l’Union européenne qui arrosent des universités tunisiennes tirant le diable par la queue. Aux dernières nouvelles, à en croire les aveux du ministre de l’Enseignement supérieur lors du 60ème anniversaire de la Faculté du 9 Avril, le programme européen le plus célèbre du moment, le LMD (Licence-Master-Doctorat), ne fonctionne pas en Tunisie. La mayonnaise ne prend pas. Et pourtant on continue de plus belle, on fonce, sans doute parce qu’on est allé trop loin, parce que tout cela a eu coût, parce qu’on ne sait pas comment refaire le chemin inverse et si d’ailleurs il est possible techniquement de revenir sur nos pas. Compliquée cette affaire. Mais elle n’est pas la seule, tout le dispositif de formation, du primaire à l’université, pose problème. Et ça, objectivement, ce n’est pas la faute du gouvernement Youssef Chahed, c’est une responsabilité complexe liée à des choix, des mauvais choix, faits il y a des années et à une qualité de la formation des formateurs qui baisse inexorablement. C’est pour ça que ces questions, aussi essentielles soient-elles, n’avaient pas leur place à la grand-messe de Rome, et c’est pour ça que Khalbous les a soigneusement zappées. Mais qui peut raisonnablement le lui reprocher ?

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