L’armée a pris le pouvoir au Soudan ce jeudi 11 avril 2019. C’est l’épilogue de plusieurs mois de contestation populaire, réprimée dans le sang par le régime de Omar El-Béchir. D’après le ministre de la Défense, le chef de l’Etat et de hauts responsables ont été arrêtés et un conseil militaire pilote le pays. L’Etat d’urgence est en vigueur pour 3 mois et l’espace aérien a été bouclé pour 24 heures. Mais c’est plus que ce que demandaient les leaders des mouvements de protestation contre le président, ils rejettent le putsch et promettent de poursuivre les manifestations.
L’Union africaine, comme on pouvait s’y attendre, dénonce le coup de force de l’armée. Ce coup d’Etat n’est “pas une réponse appropriée” aux problèmes du Soudan et aux demandes de sa population, a déclaré ce jeudi Moussa Faki, le président de la Commission de l’UA dans un communiqué rapporté par Africanews. Il s’en est pris à un “changement de gouvernement inconstitutionnel”, ajoutant que le Conseil de paix et de sécurité se “réunirait rapidement” pour s’accorder sur la démarche à suivre. A noter qu’il est d’usage d’exclure de l’organisation panafricaine les chefs d’Etat arrivés au pouvoir par les armes. Le Soudan ne devrait pas faire exception…
L’Egypte quant à elle, qui occupe actuellement la présidence tournante de l’UA, s’est rangée derrière les mutins, en faisant part de sa confiance “dans la capacité du peuple et de son armée” à piloter le pays après le départ d’El-Béchir. Elle invite la communauté internationale à “aider le Soudan à avoir une transition pacifique”.
Il faut préciser que les liens entre le Soudan et l’Egypte ont été mis à mal par la décision du régime soudanais d’aider l’Ethiopie à installer un gigantesque barrage sur le Nil. Le Caire avait très mal réagi en accusant Khartoum de mettre en péril son approvisionnement en eau.