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Taboubi demande 2 autres Milliards DT, pour des fonctionnaires millionnaires et oublie 638.000 chômeurs

Le secrétaire général de l’Union tunisienne du travail (UGTT) a déclaré sur Nessma TV que «il était inadmissible» de ne pas accorder des augmentations de salaire aux fonctionnaires et dit «sa surprise de l’absence de propositions d’augmentation des salaires dans la fonction publique», laissant entendre que «la décision à ce propos reviendrait au FMI».

Il a justifié la grève dans la fonction publique par l’exclusion de ce secteur qui compte plus de 650 000 fonctionnaires de l’augmentation des salaires, malgré les augmentations des salaires dans le secteur public après la signature d’un accord entre les deux parties et l’approbation de l’augmentation au profit du secteur privé suite à un accord avec l’organisation du patronat et celui du tourisme.

Rappelons pour la petite histoire, que les fonctionnaires avaient reçu une augmentation de 70 DT sous le gouvernement Béji Caïed Essebssi en 2011 servie en 2012. Hammadi Jbali avait ensuite essayé de décréter une année         blanche mais a fini par scinder la poire en deux : 35 dinars en 2012 et 35 dinars en 2013. Mehdi Jomaa ne donnera pas suite, non plus, aux pressions de Houcine Abassi.

Sous Habib Essid, cet accord d’augmentation avait été pour des augmentations relatives aux années 2014, 2015 et 2016 avec un «deux en un», ou une augmentation générale et une augmentation spécifique. La 1ère entre 60 et 40 DT et la seconde entre 50 et 30 DT. Cet accord, signé sous le gouvernement Habib Essid, avait été honoré en grande partie par le gouvernement Chahed, même si cela avait été fait en retard. Il avait coûté 1,750 Milliard et déjà porté la masse salariale à 16,150 Milliards dont 14 812 millions de dinar en brut et le reste en crédit d’impôt, représentant en réalité 15,2 % du PIB et non 14.2 % comme le laisse croire la masse salariale brute inscrite dans la loi des finances et qui ne retient pas en compte les 1445 millions de dinars servis sous forme de crédit d’impôt. Comme en 2019 sonne la fin du crédit d’impôt, la masse salariale trouve sa valeur varie et comme le PIB a augmenté de deux ans, le ratio se stabilisera en 2019 à 14.2%. C’est le tour de passe-passe joué par le Ministre Rajhi au FMI pour faire passer les revues. 15.2% ou 14.2% positionnera la Tunisie en première place mondiale du ratio de la masse salariale dans le PIB.

Des fonctionnaires aussi dont le brut mensuel moyen fin 2018 va de 2.624 DT à 1.268 DT pour les cadres (A1, A2, A3, B, C et D). Pour la catégorie des ouvriers, la moyenne en brut mensuel va de 1.264 DT à 1.052 DT, selon des sources statistiques officielles. La moyenne en brut a augmenté de 31,3 % au cours des 3 dernières années. Pour les ouvriers, la moyenne a augmenté de 24 %.

C’est dire la dichotomie qui existe déjà dans les salaires, entre public et privé. Cela aussi, alors que le taux de chômage dépasse les 15 %. A l’évidence, l’UGTT ne défendrait pas tout le monde. Elle oublie les 638.000 chômeurs qui attendent depuis huit années que l’Etat leur donne un moyen de subsistance.

Selon des chiffres officiels, la masse salariale de la fonction publique était en 2018 de 14,810 Milliards DT, sans compter l’allègement ou crédit fiscal. En 2019, elle sera de presque 16,5 Milliards DT. Selon ces chiffres, «même en valeur réelle, la masse salariale a augmenté de 118 % entre 2010 et 2018, alors que l’indice des prix n’a augmenté que de 45 % sur la même période. La masse salariale réelle aura définitivement augmenté de 50 %». Ces chiffres mettent sérieusement à mal les déclarations, mercredi à Nessma TV, de Taboubi qui affirmait que «la demande de l’UGTT d’augmenter les salaires des fonctionnaires visait à réajuster leur pouvoir d’achat en fonction de l’évolution des prix et de l’inflation».

  • L’UGTT demande 2 autres Milliards DT d’augmentation pour les fonctionnaires

Avec cette grève de la fonction publique, à laquelle d’ailleurs appartient partie des cadres de l’UGTT qui y exercent en mis à disposition, l’UGTT demande un nouvel accord, copie conforme de celui conclu avec Habib Essid en 2015 et copie conforme pour l’accord concernant les entreprises publiques.

La demande de l’UGTT a un coût exorbitant pour les ressources de l’Etat. Il devrait coûter 1,8 Milliard DT, sans compter les 35.000 autres fonctionnaires des municipalités. In fine, c’est une signature à 2 Milliards DT que revendique Noureddine Taboubi et il se dit prêt à aller plus loin dans la revendication pour l’avoir et mettre à genou toute une économie. De fait, la masse salariale de la fonction publique augmenterait ainsi de 11 % pour atteindre 18,350 Milliards DT ou 16 % de tout le PIB du pays.

Cela voudra dire, pour tous ceux qui se plaignent aujourd’hui de la hausse de la fiscalité, que 70 % de toutes les recettes fiscales du pays, en IR, IS et autres taxes et impôts, iront aux seuls salaires des seuls fonctionnaires. Sur chaque Dinar récolté par les services fiscaux dans tout le pays, 700 millimes iront dans les seules poches des fonctionnaires.

Où trouvera alors l’Etat, que l’UGTT accuse de se mettre entre les mains du FMI et dont elle critique acerbement le recours à la dette, l’argent pour l’enseignement, les familles nécessiteuses, l’emploi, les routes, l’infrastructure, les projets d’énergie solaire et le remboursement de la dette ?

Il y a certes les évadés fiscaux; il y a certainement les contrebandiers, les entreprises qui paieraient moins de taxes que les salariés. Tout cela peut-il être instantané, dans une démocratie qui donne droit de recours contre le fisc et autres, où la résolution d’un redressement fiscal ou d’un contentieux de crédit bancaire demande des années et des années ? Les réformes pour rendre tout cela faisable demanderaient elles-mêmes plusieurs années de négociation et de mise en place et mettraient à mal l’image d’un pays qui se dit terre d’investissement ! Les hausses de salaires, c’est bien. En abuser ça craint, pour tout le monde, fonctionnaires y compris ! Signer le chèque de 2 Milliards DT demandé par Noureddine Taboubi équivaudra à mettre la Tunisie en faillite. Une signature qui vaudra peut-être un jour historiquement trop chère pour le signataire, quel qu’il soit, Chahed ou tout autre chef de gouvernement.

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