Il fut un temps où on déroulait le tapis rouge, aux quatre coins du monde, au prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, auréolé de la gloire que lui a conféré ses décisions sans précédent pour faire bouger un royaume sclérosé, rétrograde, aux moeurs d’un autre temps. L’image de ben Salmane a prospéré sur le vent de modernité qu’il a fait souffler sur l’Arabie saoudite, en libérant notamment ses femmes, corsetées depuis des décennies. Mais tout ça c’est terminé depuis que Ryad a eu la mauvaise idée de dépêcher une équipe d’obscurs personnages à Ankara, en Turquie, pour liquider de manière barbare le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dont le seul tort a été de ne pas porter le Prince héritier dans son coeur. Pour ne pas avoir compris que les temps ont changé et qu’il ne peut plus se balader à sa guise depuis les terribles déballages sur le meurtre du journaliste, Ben Salmane pourrait avoir de mauvaises surprises demain vendredi 29 novembre 2018 au sommet du G20, en Argentine.

Le Prince héritier saoudien, qui va boucler ce jeudi une tournée dans le monde arabe, s’en est bien tiré aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et en Egypte. Il faut dire aussi que ces nations sont de solides alliées de Ryad et qu’elles n’ont pas hésité une seconde à le suivre dans son bras de fer contre le petit émirat qatari. Son voyage en Tunisie a été un peu délicat, avec une bronca des associations et militants des droits de l’Homme pour dénoncer la venue du prince « aux mains pleines de sang« ; mais in fine il a plutôt bien négocié le virage, en passant à peine quelques heures sur place et en s’abstenant de mettre le nez dehors. Mais demain ce sera une toute autre histoire en Argentine. Le Prince a tenu à garder ce déplacement sur son agenda, pour tenir langue avec les dirigeants les plus puissants du monde, mais il file vers de grosses déconvenues, ont confié les membres de son cabinet à l’AFP.

Beaucoup des leaders qu’il va croiser ne s’afficheront pas à l’évidence avec Ben Salmane, de peur de s’attirer les foudres de leurs concitoyens et de la presse, qui va guetter les moindres mouvements. Pour le président américain, Donald Trump, qui ne l’a pourtant pas officiellement lâché jusqu’ici, la cause est entendue, semble-t-il : Pas d’aparté avec le Prince héritier saoudien au sommet du G20, a déclaré mardi 27 novembre le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, John Bolton, rapporte Reuters ce mercredi. Trump a beau marteler qu’il veut demeurer un « partenaire fiable » de l’Arabie saoudite, en vertu de ce que fait cette dernière pour contenir les prix du pétrole et pour soigner les intérêts américains au Moyen-Orient, il ne peut pas tout se permettre, fût-il l’homme le plus puissant de la planète.

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