L’information est tombée en fin d’après-midi de ce mercredi 10 juillet 2019 : La Tunisie réussit une belle percée dans les marchés internationaux et lève 700 millions d’euros à 7 ans contre un coupon de 6.375%. Les termes de cette nouvelle émission obligataire traduisent une amélioration perceptible du risque tunisien sur le marché financier international à travers le rallongement de 2 ans de l’échéance de remboursement et la réduction de 0.375% le taux de coupon, comparativement à la dernière émission de 2018 qui a été assortie d’une maturité de 5 ans et d’un coupon de 6.75%.
Ce nouvel emprunt sur le marché financier international a été prévu par la Loi des Finances 2019 en tant que complément de financement du budget de l’Etat. Il a pour objectif, d’abord, de contribuer à la réduction de l’impact des besoins de financement du Trésor sur la liquidité en dinar et le financement des entreprises et, ensuite, de consolider le stock des réserves en devises de la Tunisie.
- La Tunisie, «un pays qui tient la route» !
Présidée par le Ministre des Finances, Mohamed Ridha Chalghoum et le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Marouane El Abassi, la délégation tunisienne ayant conduit le Roadshow de cette émission a rencontré plus de 70 investisseurs et gestionnaires de fonds en Europe et aux Etats-Unis.
Les discussions ont porté, notamment, sur la nature et l’ampleur réelles des défis auxquels la Tunisie a dû faire face, mais aussi les réalisations, les potentialités et les perspectives de la Tunisie. Selon le jargon usuel des marchés, les investisseurs évaluent la Tunisie comme un « improving credit story » !
Très sensibles à la question des déficits jumeaux, les investisseurs ont noté en particulier la réduction significative du déficit budgétaire de plus de 6% à 3.9% cette année et la ténacité de la politique monétaire de la BCT qui a réussi à stabiliser l’inflation et à freiner le creusement du déficit de la balance courante. Ils ont également noté la prise de conscience avérée de la Tunisie quant au niveau dangereusement élevé de son taux d’endettement. Cela s’est reflété à travers son engagement énergique dans un programme de réformes selon une approche multidimensionnelle intégrant les réformes structurelles, l’éradication de l’informel et l’inclusion sociale. Ces mêmes investisseurs ont offert à la Tunisie la possibilité d’emprunter plus de 2 000 millions d’euros, c’est-à-dire trois fois le montant de l’émission.
- «Attention à la persistance de la fragilité de la situation extérieure et à l’instabilité politique», préviennent cependant les investisseurs !
Les institutions financières qui ont participé à cette opération sont des investisseurs stratégiques de long terme d’une très grande qualité, implantés dans les principales places financières internationales : Londres, New York, Boston, Francfort, Paris, Zurich, Genève, Hong Kong, Singapour, etc. Cela est de nature à garantir une bonne stabilité de la nouvelle obligation de la Tunisie sur le marché secondaire.
Les investisseurs ont toutefois prévenu contre la persistance de la fragilité de la situation extérieure de la Tunisie et l’instabilité politique, au risque d’altérer le retour de la confiance. L’acuité du risque politique et le manque de visibilité sur les grandes orientations socio-économiques du modèle tunisien expliquent en grande partie la persistance du niveau élevé de la prime de risque de la Tunisie comparativement à des pays pairs comme l’Egypte, la Turquie, la Jordanie…