Comme l’a constaté le chef du gouvernement tunisien et l’a confirmé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, plusieurs régions dans les gouvernorats de Tunis, La Mannouba, Gafsa et Kasserine ont été le théâtre d’actes de violence et de pillage des biens publics et privés, ainsi que des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, dans la nuit du lundi à mardi. Des violences commises en pleines manifestations pacifiques… la nuit, dans un pays encore sous état d’urgence !
Selon le dernier bilan des manifestations pacifistes qui viennent de secouer la Tunisie, des unités de l’armée se sont déployées autour du siège de la délégation d’El Hamma après que des jeunes ont envahi et saccagé le local, au cours de la nuit de lundi à mardi. Les assaillants ont détruit tous les équipements de bureau et dilapidé les documents administratifs qu’ils ont, ensuite, brûlés en pleine rue et avaient auparavant bloqué la route nationale n°16, pas loin du siège de la délégation, et brûlé des pneus.
A Battan de la Manouba, le poste de police a été saccagé et un de ses bureaux, contenant certainement des documents de sécurité, a été brûlé. Le poste de police d’El Gtar de Gafsa a connu le même sort avec ses équipements et ses documents brûlés. Au même endroit, c’est la recette des finances du coin qui est attaquée et vidée de son stock de cigarettes. Quatre voitures seront volées dans le dépôt municipal de la ville. Le tout, fait par des manifestants pacifiques, qui ne faisaient qu’exercer, de nuit, leurs droits que tous les partis politiques qui jouent aux pompiers pyromanes défendront dès demain. A Kasserine, ce sont 34 motocyclettes qui seront volées par les manifestants pacifistes.
Dans une autre bourgade de la banlieue tunisoise, c’est une banque de la Biat qui fera les frais des pacifistes. A la Cité Ettadhamen, dans la banlieue de Tunis, c’est un magasin de la chaîne MG qui a été pour la énième fois saccagé et pillé par les manifestants pacifiques. Dès le lendemain, les habitants de la région s’accuseront les uns les autres et se laveront les mains de ce qui est arrivé. Dès le lendemain aussi, les politiciens comme le président de la commission des finances dans une ARP qui a tout voté en décembre dernier des mesures refusées en janvier feront la même chose. Ils diront même que «les protestations pacifiques se poursuivront».
Quatorze personnes parmi les interpellés lors des mouvements de manifestation pacifique qui se sont déclenchés dans certaines zones de la capitale ont été placées en garde à vue, a déclaré mardi le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Sofiane Selliti. Elles devraient répondre d’accusations telles que «actes de vandalisme prémédité sur la voie publique et refus d’obéissance à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions l’empêchant de s’acquitter de sa mission, agression avec violence d’un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions», a-t-il encore ajouté, indiquant que l’enquête se poursuit en coordination avec le ministère public.
Il y a des choses qu’on ne peut faire que la nuit. La nuit, tous les chats sont gris et il est difficile d’y séparer le bon grain de l’ivraie. Bientôt, des brigades de «droit-de-l’hommistes» prendront la défense de ceux qui cherchaient de l’emploi, la nuit, en saccageant et en brûlant biens publics et privés. Bientôt aussi, on verra des accords à La Kamour et à La Kerkennah, se négocier entre gouvernement et manifestants refusant l’application de la loi, soutenus par des ONG défendant le droit au saccage, à la destruction des biens publics et privés et au pillage des institutions de l’Etat et des entreprises économiques, de ceux qu’ils présenteront toujours et malgré toutes les preuves du monde comme des manifestants pacifiques. Entre-temps, comme y ont déjà veillé les municipalités des villes concernées, les preuves ou «traces du crime» de tout ce qui s’est passé cette nuit ont été balayées, effacées. On se demande alors comment la justice fera l’enquête qui est la base de tout procès équitable, comme le promet, encore une fois, le chef du gouvernement, Youssef Chahed. On entendrait presque le refrain de la chanson «paroles, paroles… !» de Dalida.