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Tunisie : Où est-on le mieux payé ? Carthage, La Kasbah ou Le Bardo ?

318 DT/J à Carthage, 184 DT/J au Bardo et 116,6 DT/J à la Kasbah ! Ce sont les rémunérations quotidiennes, par division du montant global annuelle sur 12 puis sur 30, de chacun de ceux qui représentent les trois pouvoirs. Les trois institutions (ARP, présidence de la République et présidence du gouvernement), coûteront 18,553 MDT au budget de l’Etat 2018. Des institutions aux pouvoirs et aux responsabilités différentes. Ces chiffres n’incluent pas les rémunérations des trois présidents (BCE, Chahed et Ennaceur).

C’est ainsi que l’ARP, dont presque tous les électeurs se plaignent, coûtera au budget de l’Etat tunisien presque 30,9 MDT. Des dépenses, en hausse de 5 % par rapport au budget de 2017. Le nouveau, comme le précédents, n’ont pas été élaborés selon la technique GBO (gestion par objectifs). La remarque est de taille pour une Assemblée qui revendique sa stricte autonomie financière.

Selon le «Marsad» d’El Bawsala, 81,5 % de ce budget iront aux salaires des députés. Ainsi, chacun des 217 élus aura une rémunération annuelle de 66,244 mille Dinars ou 5,520 mille DT par mois. A ces rémunérations, il faudra ajouter les 200 mille DT pour les salaires des assistants parlementaires. Cette assistance est assurée par une entreprise de service privée. Un appel d’offres a d’ailleurs été lancé pour le choix de cette entreprise.

Aux dernières nouvelles, les députés de l’ARP demandent aussi l’augmentation du budget des heures supplémentaires, comme s’ils étaient dans une administration publique, «alors que la plupart n’accomplissent même pas leurs heures de travail réglementaires», s’offusquait Samia Abbou (Taux de présence 66 % et taux d’absences non-justifiées 32% selon le Marsad en novembre 2017). Il faudra aussi y ajouter les voyages organisés par «ARP Voyages». En effet, 174 députés tunisiens ont effectué des déplacements à l’étranger, entre le 14 janvier et le 12 octobre 2016. 121 de ces voyages, en mission, ont émargé au budget de l’ARP et 25 voyages ont été cofinancés. On ne sait pas pourquoi, mais pour 2017, l’ARP a oublié la transparence et n’a rien encore publié, alors que l’année tire à sa fin, sur l’activité de «l’ARP voyages» !

Des députés, qui plus est, ne chercheraient qu’à tirer profit de leurs postes, comme l’a déclaré ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, vendredi dernier, devant l’ARP même !

Pour la comparaison, le budget de la présidence du gouvernement, qui n’obéit pas lui non plus à la technique GBO, sera de 168,372 MDT, dont 1,428 MDT (70,1 %) iront pour la rémunération des 34 membres du gouvernement. Par simple division, la rémunération annuelle d’un membre de gouvernement sera de 42.000 DT ou 3.500 DT par mois.

Pour la présidence de la République, le budget sera, en 2018, de 108,513 MDT. A hauteur de 75,7 %, il ira pour les salaires. C’est ainsi qu’il sera consacré la somme de 2,750 MDT pour la rémunération des 24 membres du cabinet présidentiel. Par simple division, chacun recevra une rémunération annuelle de 114,583 mille dinars, soit une moyenne 9.546 DT par mois. Cela, tout en sachant que tous les membres du cabinet de BCE ne touchent pas le même salaire et qu’il y a donc ceux dont la rémunération dépasse les 10 mille DT et ceux qui toucheraient moins. Il est important de signaler que ce nombre de 34 membres n’inclut pas la Garde présidentielle et les employés des services communs et les institutions publiques dépendantes.

A la comparaison, on se rend compte que travailler avec le chef de l’Etat est nettement plus rémunérateur qu’à La Kasbah ou même à la Représentation nationale. A Carthage, où siège ce qu’on appelle généralement le «gouvernement parallèle», chacun des 24 membres du cabinet touche un peu plus de 318 DT par jour, y compris les fériés. Un travail, déjà limité par les petites prérogatives, reconnues au chef de l’Etat par la Constitution. Un boulot, aussi, avec nettement moins de responsabilités que celui de ministre. C’est à plaindre tous ceux qui en ont été renvoyés ou même ceux qui ont été «élevés» au rang de ministre du gouvernement.

A la comparaison aussi, il vaut mieux être député que ministre. Le premier est élu avec l’argent du public. C’est en effet par les deniers de l’Etat que le député se fait financer sa campagne électorale. Il n’est pas, contrairement aux ministres, obligé de quitter son ancien travail d’homme d’affaires, de médecin, d’avocat ou autre. Il bénéficie aussi de l’immunité parlementaire. Il a généralement la langue nettement plus pendue et peut, violemment critiquer, sermonner, accuser et même insulter le ministre voire le chef du gouvernement et se permet, au demeurant , d’en faire une séquence vidéo et la mettre dans sa propre chaîne YouTube.

En face, c’est un malheureux ministre, payé au «Smig gouvernemental» de 3.500 DT, obligé de couper les ponts avec ses anciens employeurs et même de vendre ses parts dans toute entreprise qu’il possèderait avant d’accéder à la charge. Entré au gouvernement après épluchage minutieux de son «B3» et même de son «B1», passé au crible par toute la classe politique et les médias, il risque à tout moment de perdre son maroquin dans un gouvernement dont la longévité moyenne est d’une année, comme pour le dernier cas de Fadhel Abdelkefi. Il risque aussi, comme dernièrement pour Khaled Kaddour, de passer devant le juge d’instruction, si ce n’est pire. C’est généralement un haut cadre, nettement plus intelligent que la moyenne des Députés, mais nettement plus bridé dans sa parole que le premier des membres de l’ARP et une personne à qui on demande d’être entreprenant, sans peur, mais ans aucun filet, son chef étant généralement plus apte à le licencier qu’à le défendre.

«Last but not least», dans les dépenses des trois présidences, celle de la République se verra octroyer 1,808 MDT pour le carburant, celle du gouvernement la somme de 1,800 MDT pour la même fin et l’ARP la petite somme de 0,280 MDT toujours pour le carburant. A elles seules, les trois institutions de souveraineté (Carthage, la Kasbah et Le Bardo), consommeraient l’équivalent de plus de 2.221.714 litres d’essence par an, ou un peu plus de 6.086,9 mille litres de carburant par jour (en février 2017, la production quotidienne de pétrole était de 80 mille barils).

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