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Les propos affolants de Béhi, et la France qui perd patience…

A ce stade des négociations sur l’ALECA, il est légitime de se demander si la Tunisie n’a pas eu les yeux plus gros que le ventre, si elle n’est pas rentrée dans un truc qui la dépasse complètement et dont elle n’a pas les moyens.Tout cela alors que le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, s’est engagé à ratifier l’Accord de libre-échange complet et approfondi avant la fin de cette année et que le partenaire européen a, semble-t-il, grillé toute sa patience et menace même. La Tunisie est dans une très mauvaise posture, et le mot est faible. Alors quand le ministre du Commerce, Omar El Béhi, déclare « il est nécessaire de restructurer, complètement, l’agriculture tunisienne avant de libéraliser le secteur dans le cadre de l’ALECA« , on se dit qu’il y a le feu au lac. De deux choses l’une : Soit le ministre ne mesure pas l’ampleur de la tâche, alors que la Tunisie n’a que quelques mois tout au plus avant de signer; soit Béhi lance un signal de détresse, pour signifier à l’Union européenne que la Tunisie n’est pas prête, que les autorités ont besoin de plus de temps pour préparer les esprits et accomplir les réformes qu’il faut avant de sceller le mariage avec l’UE. Dans les deux cas la situation est grave, et cela conforte toutes les craintes des experts, exprimées pour la énième fois hier.

La douche froide signée Béhi

Répondant à une interrogation de l’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor, sur le fait que les pourparlers entre les deux parties s’éternisent, Béhi a souligné la nécessité absolue d’accorder le temps qu’il faut pour la mise à niveau de l’agriculture. Le but est de s’assurer de sa compétitivité et sa capacité à affronter la libéralisation du secteur, à l’instar de l’industrie dont la restructuration s’est étalée sur 13 ans.
Et d’indiquer que « l’agriculture emploie 500 mille personnes en Tunisie, d’où la nécessité de prendre en compte de la sensibilité de ce secteur vital et ses problématiques« . Mais pourquoi avoir attendu tout ce temps avant d’en venir à ce que les experts avaient mis en relief dès le début ? Pourquoi avoir accepté d’aller aussi loin – 4ème round de négociations, tout de même ! – avant de poser ces gros problèmes sur la table ? Les autorités tunisiennes ont assurément fait preuve de légèreté sur cet important dossier, et même vital pour des pans clés de l’économie du pays, et il n’est pas sûr que du côté des Européens on soit enclin à la clémence…

La Tunisie fait-elle des chichis ?

Et pour irriter encore plus son premier partenaire et soutien, la Tunisie multiplie les exigences; c’est son droit, mais quand on est dans la situation qui est la sienne, avec les difficultés qui sont les siennes et son besoin de l’aide européenne, c’est peut-être une coquetterie que Tunis ne peut pas se permettre. La Tunisie s’active pour faire monter le quota d’importation de l’huile d’olive nationale par l’UE, lequel est présentement de 60 mille tonnes. Le gouvernement tunisien tient aussi à la libre-circulation, dans les pays européens, des professionnels concernés par la libéralisation du secteur des services. C’est même une « condition essentielle dans les négociations » sur l’ALECA, a lâché le ministre du Commerce.
Il a déclaré que « la conjoncture actuelle du pays nécessite l’approfondissement du dialogue et son élargissement à toutes les structures intervenantes pour éclairer le débat sur la place de l’ALECA en Tunisie et les avantages qu’il offre« . Et il n’a pas caché que les syndicats, les organisations patronales et le Parlement se sont tous braqués contre cet accord, et c’est ce qui explique que les négociations calent et que cette affaire soit si difficile à matérialiser. Bref, la Tunisie multiplie les exigences et les doléances, qui sont autant de raisons de ne pas avancer malgré les engagements pris, ce qui forcément déplait aux Européens…

Au diable la diplomatie !

L’ambassadeur de France à Tunis a rétorqué que les négociateurs tunisiens n’ont pas compris l’état d’esprit de leurs homologues européens, leurs motivations; il a même déclaré que « la Tunisie se renferme sur elle-même ». Ça c’est le langage feutré de la diplomatie, imaginez ce qui se dit derrière les murs…
Olivier Poivre d’Arvor a ajouté que la France et l’Europe veulent perpétuer leur partenariat avec la Tunisie, et que l’UE a fait des dons que « vous ne trouverez nulle par ailleurs« , quelque 300 millions d’euros. Là le ton s’est fait moins diplomatique, et tout le monde a compris : la Tunisie fait des chichis dont elle n’a pas les moyens. En plus c’est débité par un ami et un défenseur de la Tunisie qui n’a certainement pas digéré le coup que lui ont fait les autorités tunisiennes. « Un homme averti en vaut deux« , a-t-on coutume de dire; le gouvernement tunisien n’a pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il a presque consumé toute la patience des Européens, avec ses atermoiement et hésitations sur le dossier de l’ALECA, et que la Tunisie pourrait très vite en payer les conséquences sur un tas d’autres questions où elle a absolument besoin d’un coup de main européen.

L.S.

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