L’espoir de voir la crise libyenne s’orienter résolument vers une solution politique n’aura duré qu’une matinée, dans un des grands palais de Palerme en Italie, quadrillé par les Carabinieri et tutti quanti. L’Italie de Guiseppe Conti avait fourni d’énormes efforts et avait fini par réunir tous les frères-ennemis d’une Libye qui se déchire depuis bientôt sept années.

Khalifa Haftar, Fayez Al-Sarraj, les deux éléments clés de la crise et tous les pays du contour libyen, étaient là, les Français qui avaient lancé la première bombe en 2011, avec J.Y. Le Drian et même les Russes qui soutiennent Haftar, avec Dimitri Medvedev, sans oublier le représentant de l’ONU Ghassen Salama.

Pendant la demi-journée de la rencontre internationale sur la Libye, à l’issue de laquelle le président égyptien s’était retiré, vite suivi par le Maréchal Haftar, force était de constater que le chef de l’Etat, Béji Caïed Essebssi, et la Tunisie, ont été au centre de toutes les attentions, tant était connue et reconnue sa connaissance des différents acteurs de la crise, aussi bien que son influence sur eux. Un moment où la diplomatie tunisienne était à l’honneur et avait joué un rôle de premier ordre qui aura finalement évité que la réunion ne capote, au vu des frictions qui ont notamment émaillé la réunion préparatoire de la rencontre internationale.

Dès le début de la réunion préparatoire, selon nos informations, BCE serait intervenu pour attirer l’attention sur la présence à cette réunion de toutes les parties au conflit et la nécessité de les associer à cette recherche de solution pacifique et politique. Et d’ailleurs, on croit savoir que la Turquie aurait aussi quitté la réunion, pour protester contre sa non-participation à la réunion préparatoire.

On notera aussi que les premières discussions auraient aussi un temps bifurqué sur des questions militaires, entre Haftar et Al-Sarraj, mettant l’accent sur la recherche d’une solution, politique et pacifique, refusant même d’y prendre part, pour se limiter à un rôle de facilitateur des négociations pour une solution politique qui aboutirait à un Etat, libre, indépendant et un Etat civil. Voix de la raison dans ce début de discussion, la Tunisie a été finalement entendue et les discussions avaient repris dans le bon sens. Et d‘ailleurs, selon nos sources, l’Algérie a aussi agi dans le même sens de faire entendre raison aux deux principaux belligérants de la crise libyenne.

Lors de la plénière qui avait suivi la réunion préparatoire, la Tunisie était aussi intervenue pour permettre à un représentant du Maréchal Haftar, qui avait déjà quitté le lieu de la réunion, de prendre la parole. Mais aussi pour recadrer la réunion dans le sens où elle doit être faite pour faciliter les discussions entre les parties libyennes prenantes et non pour décider en leur lieu et place, et même pour recadrer d’autres intervenants occidentaux qui s’étaient dits prêts, dans des tentatives de positionnement, à soutenir telle ou telle action, leur rappelant encore que l’objet reste la facilitation des discussions entre Libyens.

Malgré tout cela, la plénière avait aussi vu Al-Sarraj quitter la salle lorsque le représentant de Haftar avait pris la parole et vice versa, selon des parties libyennes proches des présents. Toutes avaient mis en exergue le rôle de pacificateur de BCE et de la Tunisie en général, pays le plus touché par la crise et qui a su rester à distances égales de toutes les parties prenantes au conflit. Et d’ailleurs, la proposition tunisienne de tenir la prochaine réunion, sur la question libyenne, en Libye a été retenue.

Khaled Boumiza

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