Ennahdha, on le sait, freine des quatre fers pour le projet défendu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi (BCE) : des parts égales pour l’homme et la femme dans l’héritage. Mais le mouvement se garde bien de le crier sur les toits, pas bon pour les affaires quand on veut donner l’image d’une formation moderne et qui aspire à s’imposer aux prochaines élections. Alors les islamistes se livrent à toutes les contorsions et gymnastiques imaginables pour s’opposer au projet de BCE mais sans l’afficher. Et de ce point de vue l’argument que vient de dégainer le vice-président du mouvement, Ali Laârayedh, n’est pas mal du tout !
Le député et ancien ministre a commencé par dire, jeudi 28 février 2019 à la Radio nationale, que le mouvement n’a rien contre le fait de discuter de ce projet de loi, mais qu’il a juste quelques petits griefs contre le timing et la méthode. «Ennahdha ne veut pas heurter les Tunisiens ou qu’on porte atteinte à leur religion« . Jusqu’ici ça va, ce sont des choses qu’on a déjà entendues. Mais l’argument qui suit est pour le coup inédit : « Ce projet de loi favorisé le retour des terroristes dans la mesure où ils accuser la Tunisie d’être un pays qui transgresse la religion», a asséné Laârayedh.
Ensuite il est revenu sur un argumentaire plus familier. «Il y a un gros écart entre les hommes et les femmes, toutefois on a affaire à un sujet délicat qui exige des études approfondies et une discussion calme, d’autant plus que le texte coranique est clair sur la question de l’héritage« , a déclaré le dirigeant d’Ennahdha, avant de fermer la porte : « Ce n’est pas un sujet qu’il faut évoquer durant une année électorale. Par ailleurs il faut respecter les croyances des Tunisiens».
Affaire close ? Absolument pas, surtout au regard du déballage que vient de faire le chef de l’Etat à Genève, en Suisse…
