AccueilLa UNETunisie : Un diagnostic sans fard, une stratégie mais pas de plans...

Tunisie : Un diagnostic sans fard, une stratégie mais pas de plans sur la comète

Après un démarrage en trombe, en conclave avec les banques pour plancher sur le problème de la liquidité et forger la politique du secteur, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi et ses collaborateurs ont dévoilé ce jeudi 08 mars 2018, devant la presse, les grands axes de son plan d’action. L’essentiel pour redresser la barre y est, il faudra après y ajouter une bonne dose de courage, beaucoup d’imagination et une persévérance à toute épreuve pour aller au bout de cette affaire. Car la situation économique du pays est compliquée, périlleuse à bien des égards, et d’ailleurs le patron de la BCT ne s’en cache pas.

Le communiqué qui a été émis suite à la rencontre plante d’emblée le décor : l’institution en charge de la politique monétaire de la Tunisie assume ses responsabilités, toutes ses responsabilités. « La Loi N° 2016-35 relative au statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT) stipule clairement que l’objectif premier de la Banque centrale est de maintenir la stabilité des prix« , indique le texte dont Africanmanager a reçu copie. C’est on ne peut plus clair. Restent les moyens pour toucher au but : « Pour atteindre son objectif de stabilité des prix, la BCT ajuste le niveau de son taux directeur, qui influe directement, via les mécanismes de transmission de la politique monétaire, sur les conditions de financement de tous les agents économiques et, par conséquent, sur la croissance et la stabilité des prix« , dit le communiqué. Le souci c’est que de la croissance il n’y en a pas eu en 2017, en tout cas pas au niveau escompté par le chef du gouvernement et les citoyens. Ce ne sont pas les 1,9% qui vont faire redémarrer significativement la machine économique, remplir les caisses des entreprises et du Trésor publics, gonfler le flux des recettes fiscales, donner du boulot aux jeunes, etc. Idem pour la stabilité des prix. Là aussi l’inflation qu’on a eue en 2017 et celle que la BCT nous prédit pour 2018 sont très parlantes en termes d’instabilité des prix.

« Le cadre opérationnel de la mise en œuvre de la politique monétaire est conçu pour orienter le taux d’intérêt interbancaire au jour le jour vers des niveaux proches du taux directeur de la BCT. En effet, le taux au jour le jour a une influence directe sur le taux moyen mensuel du marché monétaire, qui est un taux de référence largement utilisé par le système bancaire tunisien. Par conséquent, le cadre opérationnel joue un rôle important en garantissant que la BCT arrive à atteindre son objectif de préservation de la stabilité des prix« . D’ailleurs Abassi n’a pas mis beaucoup de temps pour faire mouvement dans ce sens, et  très énergiquement. Mais il faudra du temps pour en récolter les fruits, au meilleur des cas en 2019. Donc patience…

Quant aux causes de cette inflation qui monte, monte et empêche les dirigeants du pays, mais pas qu’eux, de dormir, la BCT en dit les choses suivantes :

« L’inflation a affiché une tendance à la hausse depuis le début de 2016, enregistrant une forte accélération en février 2018 pour atteindre 7,1% en glissement annuel contre 4,6% au même mois de l’année. Les principaux facteurs sous-jacents aux pressions inflationnistes sont :

  • la hausse des cours mondiaux des matières premières.
  • La dépréciation importante du taux de change du dinar en raison d’un déficit croissant du compte courant.
  • La hausse de nombreux taux d’imposition (TVA, taxes à la consommation et droits de douane) selon la loi de finances 2018.
  • L’augmentation des prix intérieurs de l’énergie.
  • L’augmentation des prix des services privés (santé, transport et autres).
  • La baisse de la production domestique d’aliments frais (persistance de faibles précipitations).
  • La persistance de la perturbation des canaux de distribution et le comportement de majoration excessif des prix« .

Voilà pour les explications. Place maintenant à la recette de la BCT pour nous corriger tout ça et nous mijoter une embellie qui rendra le sourire à tout le monde :

« En fonction des indicateurs avancés sur la croissance de l’économie et des prévisions de l’inflation, la Banque centrale prendra les mesures nécessaires dans le cadre d’une politique monétaire proactive.

Ce stance de politique monétaire contribuera à rétablir des taux d’intérêt réels positifs afin d’améliorer l’allocation des ressources et de stimuler l’épargne intérieure. Au total, nous prévoyons que la liquidité bancaire s’améliorerait parallèlement à la reprise de l’économie nationale (compte courant, exportations, tourisme, IDE …)

Aussi, et en tant qu’outil principal dans la stratégie de réduction du volume de refinancement, les opérations d’open market sous forme d’achat ferme seront réactivées incessamment« . Chiche ! A part peut-être deux éléments : D’abord le fait que les dattes et l’huile d’olive, deux produits par définition aléatoires car dépendant du climat et des saisons, pèsent autant dans les exportations du pays. La Tunisie mérite mieux que ça, au regard de ses talents ; il faudrait, par exemple, un poids plus important des produits à haute valeur ajoutée lesquels eux ne dépendent de rien d’autre que la matière grise et surtout rapportent plus ! Demandez aux Chinois, aux Sud-Coréens, aux Indiens, etc. Autre bémol : Cette focalisation sur le tourisme, un secteur tout aussi aléatoire. Les attentats du Bardo et de Sousse, hélas, nous le rappellent encore…

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -