AccueilLa UNETunisie : Chahed lave le linge sale, en public !

Tunisie : Chahed lave le linge sale, en public !

Il s’était tu pendant toutes les réunions de Carthage et continué, en silence, son travail de chef de gouvernement, supportant stoïquement mais dignement les coups de griffe et même les coups de couteau de l’héritier de Nidaa Tounes, faisant ainsi honneur à son poste d’homme d’Etat. Sans que l’on s’y attende et en l’absence du chef de l’Etat et père du directeur exécutif de Nidaa, Youssef Chahed décide de sortir de son silence. Il décide, en plus, de s’attaquer directement et nommément à celui qui lui a consacré deux Statuts fb pour descendre son bilan en flammes et demander sa tête sans détours.

L’intervention télévisée de Youssef Chahed, mardi 29 mai 2018, en aura définitivement étonné plus d’un. D’abord et surtout parce qu’elle était directe, frontale et nominative contre l’héritier du parti, au nom duquel il gouverne, quoique pas de manière directe, mais à travers le Document de Carthage. Un parti, qui, comme il le dira, «ne ressemble plus à celui auquel j’ai adhéré en 2013». La remarque aurait d’ailleurs pu être faite par les milliers d’adhérents et de sympathisants qui avaient voté en 2014 et qui s’étaient maintes fois déclarés trahis par le fondateur Béji Caïed Essebssi et l’héritier Hafedh Caïed Essebssi (HCE). «Ceux qui dirigent ce parti, et à leur tête Hafedh Caïed Essebssi et ceux qui l’entourent, ont démoli le parti et poussé grand nombre à le quitter», disait Youssef Chahed dans une attaque frontale à HCE et les deux ou trois politicards qui font partie de son premier cercle d’influence. Un constat que font aussi désormais tous les adhérents de Nidaa et même toute la scène politique et qui a été derrière tous les schismes et les départs qui ont divisé et affaibli ce qui était le parti de la majorité. Un parti que ne ressemble à rien, qui n’a même pas tenu son congrès constitutif. Un parti sans structures claires et précises et dont certains bureaux régionaux n’ont presque jamais ouvert leurs portes. Un parti qui ne mobilise plus à l’extérieur et démobilise même au-dedans.

Cela, toute la Tunisie le savait et Youssef Chahed n’avait à la limite fait que dire en public ce que même le fondateur de Nidaa Tounes connaissait et n’osait pas dire. Mais Youssef Chahed avait-il raison de le dire ? Devait-il quitter son piédestal d’homme d’Etat et de chef de gouvernement et s’abaisser à répondre,utiliser son image et son aura de chef de gouvernement, pour laver le linge sale de son propre parti en public ? Beaucoup, même de ceux qui ont applaudi son intervention, pensent qu’il n’aurait pas dû le faire, sans pour autant lui dénier le droit de le faire.

Youssef Chahed et son gouvernement font, depuis quelques mois, l’objet d’une campagne de dénigrement, de diffamation, d’intox, de pression, aux fins de les déloger de la Kasbah. Derrière la campagne il y a ceux-là mêmes qui l’y avaient nommé au titre d’un organe, le Document de Carthage, complètement anticonstitutionnel. Les causes sont multiples et varient selon les parties qui veulent sa tête. Pour Nidaa, il s’agit principalement de fauteuils voulus et non donnés. Pour l’UGTT, il s’agit d’augmentations salariales que le chef du gouvernement ne pouvait plus donner. Pour l’UTICA, il s’agit de mesures, fiscales et économiques, qui lestent les coûts de production du patronat et affaiblissent son potentiel de compétitivité. C’est en quelque sorte le détail économique et financier de la feuille du «Document de Carthage 1» qui a ligué presque tout le monde contre Chahed, y compris ses frères d’armes à Nidaa Tounes.

Il était donc normal que le chef du gouvernement se défende, et il n’avait pas complètement tort de le faire ainsi. En effet, s’il est vrai que le linge sale de Nidaa était une affaire, d’abord familiale et ensuite interne, il n’en demeure pas moins vrai que c’est cette crise interne de Nidaa qui n’a jamais pu lui donner assez de pouvoir pour appuyer son candidat, et a obligé le fondateur Béji Caïed Essebssi à lui chercher une ceinture de soutien. Il est vrai aussi que la crise interne de Nidaa, obligé de s’allier à Ennahdha, a été derrière la mise en place de la politique de la concertation, qui a été à son tour derrière l’instabilité politique générale. Nidaa est trop faible pour gouverner seul. Ennahdha est trop vulnérable pour s’y livrer. Aucun d’eux n’a assez de pouvoir pour diriger le pays et la concertation ne permet que de donner des demi-solutions à des problèmes multidimensionnels et urgents. C’est là que la crise interne de Nidaa a fortement impacté la stabilité politique et les capacités du gouvernement à concrétiser son programme d’action économique.

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