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Tunisie : croissance atone, tirée par la conso et qui ne résout rien

L’économie tunisienne, sous le gouvernement d’union nationale, finit l’année 2017 avec une croissance de 1,9 %. Elle fait ainsi mieux de 0,9 points que 2016. A la manière du verre vide versus verre plein, il y a deux manières de lire ce chiffre. Mais il y a aussi des évidences.

Pour le verre plein, il est indéniable que le, ou devrions-nous dire les gouvernements Youssef Chahed ont fait mieux que celui de son prédécesseur, Habib Essid. On pourrait même être un peu plus indulgent avec Youssef Chahed, et dire qu’il a réussi son pari de faire repartir la croissance.

Pour le verre vide, on pourrait dire qu’il n’a pas réalisé ses prévisions. Et si on voulait l’enfoncer un peu plus, on pourrait dire aussi qu’il n’a pas tenu parole et n’a pas encore su trouver la recette d’une croissance beaucoup plus vigoureuse. Les prévisions, comme les promesses, n’engagent que ceux qui les font, qui sont généralement aussi ceux qui y croient le plus. Youssef Chahed, qui prévoyait 2,5 %, n’est pas le seul dans ce cas. La Banque Mondiale prévoyait pour la Tunisie une croissance de 2,3 %. Les deux étaient, manifestement, plus optimistes que l’immobilisme tunisien, de toutes les parties, avec toujours aucun rebond, ni dans la production, ni dans la productivité, ni dans la création de richesses et de plus-value. Mais revenons à nos moutons (de panurge, dirons-nous) et décryptons froidement cette croissance de 1,9 %.

«Les origines de la croissance, on peut les étudier, d’abord au niveau de la contribution des forces de la demande à la croissance», dit le professeur universitaire et économiste Fethi Nouri. Ce dernier constate que «les secteurs introvertis, destinés au marché intérieur, ont contribué avec près de 1%. Quant aux secteurs extravertis qui sont destinés à l’extérieur, ils ont contribué à hauteur de 0,9%. Les activités non marchandes ont contribué, de leur côté, avec 0,3%. Par contre, les secteurs agricole et extractif ont freiné la croissance de -0,2%».

Et Fethi Nouri, qui parlait à Africanmanager, de continuer : «au niveau sectoriel, les secteurs suivants ont contribué respectivement : +1,6% pour le secteur des services, +0,4% pour les activités marchandes, une croissance vite absorbée pour le même taux par l’industrie non manufacturière. Le reste des secteurs ont apporté le reste de la croissance».

Le professeur Nouri estime donc que c’est là «une croissante lente et atone, qui peine à sortir de la trappe des faibles croissances entre 1 et 2%. C’est donc une croissance qui ne résout pas les problèmes et essentiellement ceux du chômage et des déséquilibres macro-économiques globaux. Une croissance, qui ne procure pas suffisamment des recettes fiscales, ce qui explique que nos recettes propres stagnent à un niveau inférieur à 75%. C’est une croissance qui n’a pas su profiter de la déprécation du taux de change du dinar tunisien pour booster l’exportation». Une croissance atone aussi non créatrice d’emplois, l’autre grand défi de tout gouvernement. En 2017, comme l’a indiqué l’INS, la morosité économique a quand même pu créer 10.400 nouveaux chômeurs et augmenté, même de peu, le taux de chômage qui passait de 15,3 % en 2016 à 15,5 % à la fin de l’exercice 2017.

Il faut dire aussi que la productivité tarde à revenir à son niveau antérieur pour accompagner la croissance et atteindre un seuil meilleur. Force est aussi de remarquer que cette croissance est lestée par un contexte social, très tendu, lequel représente un véritable frein qui empêche d’atteindre le rythme souhaité pour venir à bout des problèmes majeurs de l’économie tunisienne. Mais il y a aussi les reformes qui tardent à se mettre en place, à cause notamment des goulots d’étranglement administratifs.

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