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Tunisie : Voici les contre-mesures pour l’inflation. Le reste, entre les mains de l’ARP

La dernière hausse du taux directeur de la BCT, expliquée par la logique du «Tout sauf l’inflation» qu’on retrouve en filigrane du communiqué de la BCT en date du 14 juin 2018, fait encore polémique et ses détracteurs mettent surtout l’accent sur les répercussions de cette seconde hausse en quelques mois sur l’investissement.

Africanmanager croit pourtant savoir, de sources financières concordantes, que la négociation pour cette hausse avec les équipes du FMI qui auraient estimé que la situation financière tunisienne est aujourd’hui accommodante plus que par le passé malgré les pressions budgétaires, était sur la base de 300 à 500 points de base. Ce seuil est jugé nécessaire par le principal bailleur de fonds international de la Tunisie, pour réussir à casser définitivement la spirale de l’inflation, assécher les crédits à la consommation et arrêter les importations non nécessaires, tous sources d’inflation. A l’instar du bombardier qui lance des contre-mesures, les autorités tunisiennes mettent en place depuis peu une batterie de mesures pour adoucir les effets de la hausse du TMM sur l’économie réelle.

  • Guichet PME, fiscalité de croissance et bonification

Et à ceux qui proposaient la mise en place de taux d’intérêt différenciés selon l’utilisation et des taux multiples, les sources financières d’Africanmanager ont estimé que les institutions financières n’y ont pas droit et agissent donc par le biais du refinancement du secteur bancaire auprès de la BCT.

En effet, pour cause de problèmes de liquidité et manque de ressources en épargne, les banques s’adressent à la BCT pour se refinancer, et nous croyons savoir que la Banque centrale de Tunisie mettra bientôt à leur disposition ce qui est déjà convenu d’appeler le «guichet PME », lequel devrait entrer en activité d’ici la semaine prochaine au plus tard. On leur permettra ainsi l’accès à une facilité préférentielle de refinancement proche de 6,75 %, sur une période de 6 mois, mais seulement au titre du financement des PME, obligeant ainsi les banques à ne financer que la petite et moyenne entreprise et donc à financer la production et la création de l’emploi et non plus la consommation ou les situations de rente.

On rappelle à ce sujet qu’à l’initiative de lAPTBEF, la hausse du TMM épargnera les crédits de logement et que la nouvelle «fiscalité de croissance» devrait être annoncée à l’occasion de la prochaine LF complémentaire, pour une mise en œuvre à partir de l’exercice 2019. On devrait ainsi s’acheminer, sans impact budgétaire notable, vers l’institution de 3 taux de l’IS, c’est-à-dire 35, 25 et 13 % et affirmer que ces taux ne seront pas changés après 2019.

Nos sources évoquent aussi une ligne de crédit de 200 MDT sur 5 ans, dont 20 à 25 MDT serviront à la bonification de 2 points, pour les crédits aux PME et aux entreprises en difficulté. Ces ressources seront soit d’origine internationale à travers un pool financier dont ferait partie l’AFD et qui pose le problème du risque de change qui crée un problème au ministre des Finances, soit dans le budget de la prochaine loi de finances complémentaire. Couplée au resserrement du financement pour qu’il aille dans le secteur productif, la mesure pourrait avoir un bon effet sur l’économie tunisienne et endiguer le crédit à la consommation,lequel baissera beaucoup.

  • Inflation & Prévisions 2018

Sous l’effet des deux dernières hausses du taux directeur de la BCT, la Tunisie escomptait une baisse de l’inflation au 4ème trimestre 2018, n’eut été la hausse du prix de baril de pétrole. Les autorités espéraient ainsi terminer l’année en cours à 7,2 % d’inflation, on la terminera peut-être à 8,2 % d’inflation, selon des sources financières concordantes, la baisse restant la première des priorités de la BCT.

Force est de constater qu’il faut désormais que les Tunisiens s’habituent au fait que si l’inflation augmente, le taux directeur suivra. Ancrer l’anticipation de l’inflation, devrait aussi être une ligne directrice majeure dans l’intervention de la BCT en matière de politique monétaire. Certains experts estiment même que La BCT avait géré l’instabilité politique et avait quelque peu retardé des hausses qui devaient être faites. Elle devrait ainsi désormais faire montre de son indépendance et agir sur le taux directeur, dès que l’inflation montera.

L’ARP devra aussi laisser passer le projet de loi sur l’amnistie fiscale et l’amnistie de change. L’Etat devra frapper un peu plus fort sur le secteur informel par le biais de la Douane. Il faudra aussi que toute la classe politique et tous les partenaires sociaux intègrent le coût de la non-réforme et de la non-prise de décisions dans leurs calculs, politiques et économiques.

La marge de manœuvre devenant de plus en plus restreinte, une certaine maturité se développe à l’ARP. On le constate comme pour la question des NPL et le passage des 3 DG de banques publiques devant les députés, et qui devrait faire que plus d’une réforme passera comme celle des caisses sociales.

  • Ce que la Tunisie aura et ce qu’il lui faudra faire

Il faudra aussi faire pression sur les circuits de distribution pour baisser les prix. Il faut encore bien étudier l’impact de l’inflation sous-jacente, hors prix administrés et produits frais, qui tire les prix vers le haut. S’occuper aussi des situations de rente de certains hommes d’affaires et tout mettre en œuvre pour recréer les conditions de la résilience et y pousser tout le monde, pour ne pas arriver à un scénario de rupture si rien ne change dans la conjoncture et le refus de toute transition économique. Il faut savoir se confronter à nos propres démons et y réussir.

Sauf complication politique qui brouillerait la visibilité politique pour les bailleurs de fonds qui l’ont ainsi signifié aux autorités financières et monétaires tunisiennes, la Tunisie devrait recevoir, le 26 juin 2018, 500 MDT en appui budgétaire de la Banque Mondiale au rebours de tout ce qui se dit de contraire en Tunisie et recevoir aussi les 250 MDT du FMI en juillet prochain suite à la conclusion de la dernière Revue.

A Tunis, on reste malgré tout optimiste et on escompte terminer 2018 avec un déficit budgétaire en baisse d’un point. «On est à 6.2 et on devrait terminer à 5.2 », assure une source financière à Africanmanager. On devrait aussi assister à une nouvelle hausse des prix de l’essence et des carburants en général, dont l’électricité et le gaz avant la fin 2018 aussi.

La Tunisie devrait également, sauf nouvelle hausse du prix du baril ou complication sécuritaire, terminer avec un taux de croissance de 3 %, malgré la prévision de seulement 2.5 du FMI, après 2.5 sinon plus pour le second trimestre 2018, ce qui confirmera un maintien de la croissance. C’est ce qu’affirment nos propres sources.

  • Remettre les pendules à l’heure de la priorité économique absolue

Jusqu’ici, le politique a primé sur l’économique et même les bailleurs de fonds, comme le FMI et la BM, s’étaient laissé aller à cet état des choses, ne mettant pas assez de pression sur la Tunisie et même bloquer les aides dès 2012, pour pousser le pays à réaliser les réformes qui deviennent désormais, non plus urgentes mais vitales.

En ces temps-là, on était bien soutenus par nos partenaires, comme les deux garanties américaines de 500 M$ du temps d’Obama, car tout le monde pensait que la transition politique s’achèverait en 2014 et que le pays s’occupera dès lors de réussir sa transition économique. Le pétrole coûtait alors moins cher et une entrée, dès 2014, dans les programmes de transition énergétique aurait pu sauver la situation. Ce reproche a été fait aux bailleurs de fonds, qui en sont conscients et l’acceptent amèrement, mais n’entendraient plus s’y plier, ce qui explique par exemple le durcissement des conditions du FMI lors de la dernière Revue et sa menace même, non officielle, de renvoyer la Revue au mois d’octobre 2018 et donc le décaissement d’une nouvelle tranche du crédit, si la stabilité politique venait à être ébranlée par un nouveau changement de gouvernement.

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