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De Gafsa à Tunis. Une grosse opération en paliers cassée, ou des actes désespérés ?

La Tunisie vient de vivre le 2ème «Jeudi noir» de son histoire (1987), même si les causes ne sont pas les mêmes et le bilan nettement plus allégé. Deux attentats simultanés, à quelque 10 minutes d’intervalle et le même jour, cela reste une première dans les chroniques du terrorisme en Tunisie.

C’est aussi, faut-il le rappeler, un fait presqu’anodin, dans un pays où la guerre contre le terrorisme est «une guerre existentielle», comme le soulignait le chef du gouvernement. Cela arrive, et est déjà arrivé, dans d’autres pays jugés plus sûrs, comme la France ou les Etats-Unis. TO et professionnels du tourisme le savent et en tireront les bonnes conclusions, comme ils avaient déjà bien réagi lors de l’attentat d’octobre 2018. La Tunisie a donné des coups, douloureux, aux terroristes et en reçoit en retour. Sans vouloir dédramatiser et encore moins banaliser, c’est le propre de la guerre.

A l’exception du Bardo, c’est la 3ème fois qu’un acte terroriste frappe au centre-ville. Le premier, en décembre 2015, ayant ciblé un bus sécuritaire parqué sur l’avenue Mohamed V. Le second, le 29 octobre 2018, pas loin du théâtre municipal. Cette fois, un jeudi noir du 27 juin 2019, à quelques encablures de l’ambassade de France, toujours au centre-ville de Tunis.

Ce dernier double attentat, au centre-ville et en dehors de l’enceinte du siège de la police judiciaire à El Gorjeni, intervenait quelques heures après une première opération à 3 heures 30 du matin à Jbel Arbada de Gafsa, où se trouvent les antennes de la radiodiffusion. Cette opération devait-elle préparer les deux autres quelques heures après à Tunis, en plongeant le pays dans un lourd silence radio ? Certains experts et politiciens ne l’excluent pas.

  • Que retenir des derniers attentats ?

D’abord que les forces de sécurité tunisiennes ont pu éviter le pire. L’armée à Gafsa, qui arrive à empêcher les terroristes de plonger le pays en silence radio, ou qui sait prendre l’antenne sous contrôle pour plonger le pays dans le chaos par des programmes Daechiens. Ensuite la police à Tunis, dont le bon déploiement aurait en fin de compte contraint le Kamikaze à choisir une autre cible, moins aguerrie, qu’est la police municipale.

La bombe d‘El Gorjeni était certainement destinée à frapper un gros coup. Dépité de ne pouvoir faire un tir cadré, le second Kamikaze s’est contenté d’une cible mouvante, qu’est le transport de quelques gardes nationaux.

«La guerre contre le terrorisme est une guerre existentielle et les dernières opérations démontrent que les terroristes étaient désespérés», a indiqué le chef du gouvernement à sa sortie du ministère de l’Intérieur où il inspectait les troupes. L’opération aurait ainsi été confectionnée en paliers, mais a finalement été cassée.

Ensuite, ces opérations intervenaient à quelques semaines des prochaines élections, présidentielles et législatives. Mais surtout en pleine haute saison touristique. Une journée après la date anniversaire de l’attentat terroriste de Sousse, un certain 26 juin 2015, les deux nouvelles opérations terroristes viseraient d’abord le secteur touristique.

Ce dernier s’était en effet convenablement remis de l’opération de Sousse et les hôtels tunisiens enregistrent de nouveau de hauts niveaux de remplissage et espère dépasser les 9 millions, avec force retour des touristes anglais, français, russes et allemands.

  • Un coup pour le tourisme, et un plus sérieux coup pour Ennahdha

Les grandes stations balnéaires tunisiennes étant sous haute surveillance policière, il y a quelques semaines coordonnée par une réunion à Sousse de hauts cadres nationaux en matière de sécurité, le terrorisme se rabat sur un centre-ville plus difficile à cadrer par les forces de sécurité. Les derniers attentats viseraient donc, en premier lieu, à porter un coup fatal à un secteur de premier ordre, économique et financier. L’économie à genoux, à Dieu ne plaise, il ne resterait que de prêcher la religion !

Force est aussi de constater que le parti politique islamiste tunisien Ennahdha sera le premier à recevoir en pleine figure les contrecoups de ces attentats. En Tunisie, le terrorisme est étroitement lié à la religion. Cette dernière est liée à Ennahdha. Le raccourci fera le reste du travail qui ne déplaira pas à beaucoup. Les sondages d’opinions ont déjà démontré que l’image d’Ennahdha a été fortement érodée. Le premier des sondeurs qui irait demander leurs intentions aux électeurs, après les deux derniers attentats, découvrira la très forte baisse des intentions de vote en faveur d’Ennahdha.

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