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La guerre des dépôts fait rage entre les banques, et l’Etat en veut sa part !

Jusqu’au 10 juin 2020, la masse monétaire en circulation en Tunisie, selon les chiffres de la BCT, dépassait les 15,5 Milliards DT. En face, le volume de refinancement des banques par la BCT dépassait à peine les 10 Milliards DT. On en conclut donc aisément que la place financière tunisienne ne manque pas de liquidité. Cela, d’autant moins que les banques tunisiennes deviennent plus sélectives et accordent moins de crédits.

Dans le même temps, et toujours selon les chiffres de la BCT, le TMM (6,8 %) dépassait à peine le taux directeur de la BCT (6,75 %). On en conclut, tout aussi aisément, que  pour la liquidité, les banques tunisiennes achètent presque « gratos » l’argent qui sert à leur refinancement. Théoriquement, l’argent est disponible et pas cher. Il n’y aurait donc pas de quoi se livrer la guerre pour en trouver. Et pourtant, les banques tunisiennes le font !

Logique de rentabilité oblige, les banques cherchent généralement à mobiliser des ressources qui ne leur coûtent rien, et même plus rien que l’épargne qui est jusque-là rémunérée à moins que le TMM et qui reste la spécialité de La Poste tunisienne, qui la met à son tour à la disposition du trésor.

Pour faire fonctionner une banque à moins que rien, il y a les dépôts, des entreprises et des particuliers. Et ce sont les 1ères qui sont les plus recherchés et les plus courues par les banques.

Et comme à l’approche de chaque fin d’année, les banquiers font le pied de grue devant les chefs d’entreprises qui ont de la liquidité dans les coffres, pour essayer de les convaincre de déplacer leurs liquidités dans d’autres comptes bancaires, moyennant des taux d’intérêt plus élevés que ceux des concurrents. La guerre faisait, et fait toujours, tellement rage, que les banques ont dû recourir à un gentleman’s  agreement qui plafonnerait le taux d’intérêt offert aux déposants, qui ne dépasserait  pas le TMM+1. Une entente, somme toute anticoncurrentielle, qui n’a pas fait long feu, à tel point que certains ont dû porter plainte auprès de la Banque centrale.

Le leader du secteur bancaire tunisien continue de battre des records au niveau de la collecte, indique Tunisie Valeurs, qui explique que « la BIAT a pressé le pas et est parvenue à clôturer l’année avec une progression de ses dépôts de 12,9%, effleurant ainsi les 13 milliards de dinars ».

A l’instar de la majorité des banques cotées, « la Biat a substantiellement puisé sa croissance dans les dépôts à terme (+28,1% à 3,9 milliards de dinars) », ce qui en dit long sur l’importance de ce type de ressources ». Et on comprend mieux cette guerre, encore une fois à travers l’exemple de la Biat, où 48 % des dépôts non rémunérés provenaient des dépôts à vue à fin 2019.

A l’APTBEF (Association professionnelle des banques), on nous assure que toutes les banques tunisiennes respectent le gentleman’s agreement sur le taux appliqué aux dépôts et qu’aucune banque ne s’en plaint à la BCT.

#Amateurisme populiste

Entretemps, comme les banques,  l’Etat tunisien réclame sa part, sans se soucier de l’impact sur l’IS de tout le secteur financier tunisien. En effet, selon l’expert Walid Ben Salah « l’augmentation du taux de retenue à la source sur les dépôts à terme et produits assimilés (qui n’ont pas été clairement définis !) de 20% à 35%, se traduit par une augmentation exorbitante de l’impôt sur les sociétés (IS), notamment celles dont le résultat est constitué en bonne partie du résultat financier telles que les SICAR, les sociétés de distribution, les concessionnaires, les assurances, etc.

Elle affecte directement le réinvestissement même pour les sociétés soumises à l’impôt au taux de 35% puisque son caractère libératoire n’offre aucune marge de manœuvre pour faire de l’optimisation fiscale et baisser le taux d’imposition effectif !
Elle frappe de plein fouet les SICAV notamment obligataires dont les actifs sont constitués en bonne partie de dépôts et de placements à terme (3 milliards de dinars environ pour l’ensemble du secteur).

En vue de stimuler l’épargne,  lesdites SICAV ont été exonérées d’impôts et soumises à une retenue à la source libératoire sur les revenus de capitaux mobiliers de 20%. Son rehaussement à 35% (avec effet rétroactif en plus) va affecter leurs valeurs liquidatives et leur rendement qui vont baisser. Et par là même va affecter l’épargne publique et l’attractivité du produit et indirectement la stabilité des dépôts chez les banques qui souffrent déjà de manque de liquidités. Cette augmentation de taux va également affecter les liquidités des SICAV et en conséquence leur contribution au financement du budget de l’État et des entreprises puisqu’elles sont parmi les souscripteurs les plus importants de BTA et d’obligations ! ». Le gouvernement d’Elyes Fakhfakh a un besoin pressant d’argent, et peu lui importe le moyen de le trouver. Il le fait, cependant, en puisant uniquement dans le portefeuille du secteur régulier, en promettant de s’occuper, un jour, du secteur parallèle, et en zappant les contrebandiers, d’argent et de toute marchandise. Comment le pourrait-il d’ailleurs, alors que ce « métier » de contrebandier est représenté dans une ARP à la colombienne ?

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