Tunisie : La mauvaise foi manifeste de Youssef Chahed devant témoins !

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Lors d’une séance plénière, mardi 21 novembre 2017, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et consacrée à la Déclaration du gouvernement sur le projet de budget de l’Etat au titre de l’année 2018 et à la loi de Finances, le chef du Gouvernement tunisien a fait une déclaration relevant, pour le moins, de la mauvaise foi. Etymologiquement, selon le dictionnaire français, la mauvaise foi est «le fait d’affirmer quelque chose tout en sachant que cela n’est pas vrai».

Youssef Chahed a ainsi affirmé que «l’Etat est ouvert au dialogue avec les différentes parties, insistant à ce propos sur l’importance du caractère pacifique des mouvements de protestation qui, a-t-il dit, ne doivent en aucun cas entraver le processus de développement». Rappelons, d’abord, qu’il avait fait pareil sermon lors de son discours d’investiture, à la même ARP, resté depuis lettre morte. Mais le chef du gouvernement tunisien n’a pas oublié que cela. Nous lui en donnons liens, pour lui rafraîchir la mémoire et le rappeler au realpolitik !

Il avait ainsi manifestement «oublié» les entreprises, étrangères notamment, qui ont menacé de quitter le pays ou qui ont carrément mis clé sous porte, à cause des Sit-in et des grèves à répétition. Il avait encore oublié combien de fois il avait dû dépêcher ses collaborateurs négocier avec des investisseurs qui n’en pouvaient plus de voir leur production arrêtée et avec des ouvriers qui n’en démordront pas. Il avait oublié les dizaines de fois, sinon plus, où la production avait été entravée par des mouvements de protestation, dans le bassin minier et ailleurs et le muret qui avait été érigé sur la voie ferrée du phosphate. Cela, sans parler des trains de phosphate et de souffre «kidnappés» dans l’insouciance de tout le gouvernement On ne les comptera pas pour lui. Son ministre des Affaires sociales, médiateur dans plusieurs de ces affaires, le fera mieux que nous.

La chef du gouvernement tunisien, peut-être par «peur politique» qu’on rapporte à l’UGTT ce qu’il a dit ou que les syndicalistes l’entendraient à l’hémicycle et lui consacre un de ses fameux communiqués, avait oublié ce qu’il venait juste de dire à propos des salaires et au refus de dialoguer de qui, l’Etat se retrouve dans l’obligation de consacrer ¾ du budget aux salaires, jusqu’à devenir presqu’incapable d’investir. Il avait aussi oublié à qui il doit la nouvelle tentative de déstabiliser son gouvernement, en affirmant hier qu’il sera incapable de payer les pensions de retraite, jusqu’à l’obliger à dépêcher deux de ses conseiller pour démentir le SG Adjoint de l’UGTT !

Dans la même déclaration, ce mardi 21 novembre 2017 devant l’ARP, Chahed a aussi passé en revue certains indicateurs qui montrent une évolution malgré les difficultés enregistrées sur le plan social. Il a signalé à ce propos une amélioration de 23 % de la production du phosphate, en comparaison avec la même période de l’année précédente en plus de la hausse des exportations avec un taux de 18 % par rapport à la même période de l’année 2016.

On ne sait pas s’il parlait des mêmes chiffres que ceux publiés par l’INS et si on lui a donné copie. Dans les états du commerce extérieur, pour les 10 mois 2017, il est pourtant fait état d’une baisse de 7,1 % des exportations de phosphate et dérivés. La production a certes augmenté, mais restée en stock et l’exportation du phosphate a diminué. Cela, la Tunisie le doit, bien sûr, aux différents mouvements sociaux, qui persistent mais de manière épisodique, qui ont fait perdre nombre de ses marchés à la CPG !

Chahed a aussi rappelé dans son allocution que «la réalisation du développement est tributaire de la mise en valeur du travail et au retour à la production en tant que locomotive de développement». On lui rappelle, de notre part, cette affirmation de l’INS qui dit que «la production industrielle a enregistré une baisse de 0,9% au cours du mois d’aout 2017. Cette diminution est due principalement à la baisse observée dans le secteur de l’extraction des produits énergétiques (-34,2%), due principalement à la baisse de la production du pétrole brute». Et si le chef du gouvernement ne se rappelle pas des causes de cette baisse, il serait bon qu’il regarde le film des évènements qui avaient secoué la région pétrolière du sud, à Kamour entre autres.

Khaled Boumiza

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