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ALECA : Trop dépendants pour freiner l’UE, trop tard pour éviter la casse

Les dés de l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi) sont jetés. Les carottes sont cuites pour ceux qui s’inquiètent des effets de cet accord qui va changer en profondeur les rapports avec l’Europe. La signature est programmée en 2019, autant dire demain. Trop tard pour tenter d’obtenir des inflexions majeures sur ce texte qui terrorise une bonne partie des experts et de l’opinion publique, car ils ne savent pas exactement à quelle sauce la Tunisie sera mangée, en dépit des assurances du partenaire européen. En fait c’est cela le drame dans cette affaire : Ne pas avoir assez de muscle pour se mettre au même niveau qu’un partenaire à qui on doit beaucoup, on doit tout ou presque, surtout depuis le 14 janvier 2011 et qu’on s’apprête à solliciter pour nous aider à collecter près de 1 milliard de dollars sur le marché international. La Tunisie n’est pas la Chine, la Russie ou l’Inde. Cette dépendance de fait, devenue chronique, ne nous met pas dans les meilleures dispositions pour négocier un atterrissage en douceur de l’ALECA. Dans une étude intitulée « Perceptions de l’Accord de Libre Echange Complet et Approfondi (ALECA)« , qui vient d’être publiée par le Forum des droits économiques et sociaux (FTDES), des craintes sont émises au sujet de l’ouverture et la massification de l’investissement dans le cadre de l’ALECA.

L’étude qui vise à prendre le pouls de l’appréciation de l’ALECA par des acteurs économiques clés, pour avoir une meilleure compréhension des conséquences réelles ou perçues de ce projet, indique que dans son deuxième volet l’ALECA a pour objectif d’ouvrir totalement les investissements européens en Tunisie et de renforcer le pouvoir des investisseurs.
Ainsi pour que l’investissement soit libre, il ne pourra être soumis à aucune limitation en termes de volume d’investissement, de proportion de capital étranger, d’obligations d’emploi de personnel local ou de transfert de technologie. D’autre part, ajoute l’étude, les investisseurs seraient renforcés. Avec l’arbitrage, qui permet d’attaquer les Etats si des mesures ne leur conviennent pas. Et avec le renforcement de la propriété intellectuelle, qui conforte le pouvoir des multinationales, notamment pharmaceutiques, en leur donnant des monopoles pendant plus de 20 ans.

L’UE va installer ses quartiers!

Par ailleurs, en matière d’harmonisation réglementaire, l’économie tunisienne serait régie par les règles européennes. Cela concerne tous les secteurs d’activité. La Tunisie devrait à terme, selon un calendrier défini, remplir toutes les normes requises pour les Etats membres de l’UE et suivre ses décisions règlementaires. Mais elle devrait aussi se conformer directement au Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE – l’équivalent d’une Constitution à l’échelle européenne), dans le cadre de la concurrence, et ouvrir ses marchés publics aux opérateurs européens. C’est donc une modification et libéralisation directe du système économique interne, à l’image de celui de l’UE, qui est prévue par ces chapitres, selon les auteurs de l’étude.
Et l’étude de rappeler que l’ALECA est un accord économique standard, qui ne prend pas en compte les spécificités des pays. Or la Tunisie fait face à des enjeux très spécifiques, que ce soit au niveau strictement économique et social ou au niveau des facteurs de productions, tels les ressources humaines et naturelles. Il est ainsi nécessaire pour la Tunisie de proposer une contre-offre à l’Europe, adaptée aux enjeux du pays.

Pour conclure, le FTDES préconise que dans la mesure où cet accord met en jeu la souveraineté et l’intérêt national de la Tunisie, un débat national est nécessaire. Il devrait traiter à la fois de cet accord mais aussi sur le modèle de développement à choisir pour le pays. « Ainsi, pour pouvoir engager ce débat, et assurer une vraie légitimité au choix entrepris, l’ALECA pourrait être soumis à la validation du peuple par référendum« . Les autorités tunisiennes auront-elles le courage de requérir la validation populaire de l’ALECA, au risque de le voir rejeter massivement et d‘énerver ainsi le partenaire européen qui déjà commence à perdre patience? Rien n’est moins sûr…

Les agriculteurs vont trinquer, et pas peu

Les céréales, le lait et la viande sont les trois premières filières qui seront directement touchées et menacées par une ouverture totale prévue par cet accord entre l’UE et la Tunisie.
« Il est à craindre que de nombreux agriculteurs ne disparaissent face à la concurrence européenne. Cela touche notamment les secteurs des céréales, du lait et de la viande« , prévient le FTDES.
« En Tunisie, les grandes exploitations sont équivalentes aux petites exploitations européennes, donc cela va toucher tous les opérateurs, pas seulement les petits, lesquels seront écrasés. Peut-être que les grands auront les moyens de résister, mais ils seront affectés« , développe cette étude qui s’étale sur les attentes des conséquences économiques et sociales en Tunisie de l’ALECA.
Selon le FTDES, si l’ALECA entre en vigueur, il est nécessaire de mettre en place une réelle stratégie pour transformer l’agriculture, qui prenne en compte cette concurrence nouvelle, mais aussi l’adaptation au changement climatique. Le choc, si rien n’est fait, pourrait être fatal aux agriculteurs locaux, qui déjà se plaignent de moult problèmes et ont pris une posture inédite, sans précédent, pour manifester leur mécontentement.

La concurrence ne pourra pas être égale compte tenu des différences humaines, technologiques et naturelles. Avec le changement climatique et la raréfaction des ressources en eau, la rareté de ressources naturelles risque de s’accentuer avec l’impératif de productivité dans un contexte d’augmentation de la pollution, estiment les auteurs de l’étude.
De plus, les produits européens, fortement subventionnés, seraient en position de force et plus compétitifs. Les petits agriculteurs, incapables de faire face à la concurrence, devraient vendre leurs terres à des investisseurs avec des projets de cultures intensives. Certains grossiront les rangs des précaires en ville et d’autres finiront par « travailler comme ouvriers sur leurs propres terres« .

Toujours selon le FTDS, l’accord avec l’UE pourrait causer la perte de la souveraineté alimentaire. « Car la production de céréales pourrait disparaitre, ce qui implique que le pays sera dépendant des marchés internationaux, pour acheter ce qui constitue la base de son alimentation. Or sur le marché international le prix peut monter rapidement et fortement, pesant sur les finances de l’Etat et/ou sur l’insécurité alimentaire d’une partie de la population« .
Le secteur agricole sera aussi exposé dans le cadre de l’ALECA à un « envahissement des produits européens« . La probabilité de non-résistance à la concurrence ou de la destruction de la petite agriculture est forte.
En Tunisie, l’Europe ne voit pas un grand intérêt économique direct, mais cherche à consolider sa zone d’influence économique, dit le FTDES.

S.L.

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1 COMMENTAIRE

  1. Pourquoi ces informations ne sont-elles pas divulguées pour le public qu’aujourd’hui ? Y a-t-il un avis contraire à celui avancé dans cet article? Les experts internationaux Tunisiens n’ont –ils pas été capables de publier et d’aviser le public si danger y est ? Le potentiel énergétique humain Tunisien n’est –il pas capable de s’organiser et de suivre avec une discipline acceptable une stratégie intelligente pour tirer profit d’une telle collaboration avec l’UE ? Notre salut viendra de notre parfaite cohésion sociale avec une grande disposition de mobilisation de grandes compétences intellectuelle en grande volontaire pour résister d’abord aux agressions internes des avides de richesses faciles et des corrompus avec lesquels collaborent les prédateurs locaux et étrangers. Notre douce, pacifique, encore agréable Tunisie a besoin d’être aimée et servie par ses fidèles enfants. Nous ne devons qu’être optimistes, car il y a toujours des pistes par lesquelles les plus intelligents, les plus organisés et les plus résistants peuvent baliser des voies pour une réussite collective malgré le déséquilibre des forces. Rien n’est impossible si le mental collectif se débarrasse de l’insouciance, de la paresse, du pessimisme, de la haine souvent provoquée par les prédateurs, de l’indiscipline facilitée par les corrompus et du manque de confiance, pour espérer à des jours de bonheur mérité. Nous devons bien encadrer et muscler nos compétences intellectuelles et corporelles par la bonne formation et le recyclage permanent, bien respecter la valeur du temps pour accomplir nos travaux sans perte et préparer des ambiances environnementales et sociales agréables, conviviales et transparentes pour favoriser le bien être pour tous. Le public non spécialisé, attend des éclaircissements de la part d’un quatrième pouvoir bien qualifié, éveillé et bien avertis.

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