AccueilLa UNELaisser mourir Nidaa Tounes, est-ce la consigne ?!

Laisser mourir Nidaa Tounes, est-ce la consigne ?!

Une flopée de cadres à Sfax, 14 exactement, le même paquet à Ben Arous dont une députée, à ajouter aux 9 autres élus qui ont largué dernièrement les amarres, après le départ des députés qui ont formé l’ossature de Machrou Tounes et son bloc parlementaire, après le départ de Mohsen Marzouk, après celui de Saïd Aïdi, après… après… Et maintenant il se dit qu’un poids lourd, dans le parti et au sein du gouvernement, la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, a elle aussi envie de prendre le large. Bientôt on ne se posera plus la question qui est parti – ils seront trop nombreux -, mais qui est resté – très peu -, pour faciliter le décompte. Nidaa Tounes, la formidable machine de guerre bâtie de ses mains par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, en 2012 fond comme neige au soleil, s’effrite de toutes parts, inexorablement. Le pire dans cette affaire c’est que le fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi, par qui tout ce désastre est arrivé, a réussi par on ne sait quel tour de force à repousser le Congrès électif, le tout premier depuis la naissance du parti (une grosse anomalie pour une grande formation, dans une prétendue démocratie !), jusqu’en janvier 2019, au meilleur des cas. Cela veut dire que cette hémorragie a des chances de continuer, et même de s’accélérer… pour précipiter la mort de l’oeuvre de BCE. Alors que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, lui restera manifestement ; lui qui cristallise toute la haine de HCE au point de le détourner de la gestion de Nidaa, une gestion saine, a toutes les chances de demeurer. Et que fait le président de la République pendant ce temps ? Il s’emmure dans son palais cossu de Carthage, dans un mutisme incompréhensible.

La tragédie du vieux lion

C’est le refus de Ben Ali, ou son impossibilité à agir pour freiner la cupidité de ses proches, notamment les Trabelsi, qui avait accéléré sa perte. L’actuel président de la République file droit vers la même tragédie, une tragédie personnelle mais aussi nationale car les déflagrations plongent le pays dans des bruits incessants et une instabilité politique qui sont ses meilleurs ennemis. La Tunisie n’avait pas besoin de ça, et ne le pardonnera jamais à BCE, qui avait pourtant écrit son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire en dirigeant énergiquement la nation dans un moment où elle se cabrait comme un cheval fou, en février 2011, en pleine poussée de fièvre révolutionnaire. Tout ça a été terni par son entêtement à laisser son fils manipuler plus que de raison des fils hautement explosifs. Et pourtant ce ne sont pas les coups de semonce et alertes qui ont manqué, la dernière en date est celle de Zohra Driss, qui était de tous les combats aux côtés de Essebsi, avant de tout plaquer. Où est passé l’ancien secrétaire général du parti, Taïeb Baccouche, qu’on a vu à un moment s’agiter dans les coulisses après avoir été reçu au palais de Carthage ? Lui au moins avait la stature qu’il faut pour imposer les correctifs dont le parti a grand besoin. Que font Néji Jalloul, Faouzi Elloumi, etc. ? Pourquoi ils se taisent tous devant ce naufrage ? C’est comme si tout ce beau monde s’était donné le mot pour rester sagement assis et regarder le navire sombrer… pour laisser Chahed piloter autre chose à la place ?? Etrange attitude…

Pourtant « l’ennemi » aurait pu être la solution

Sourd (aux nombreux appels à la raison) et aveugle (face au spectacle d’un parti qui se désagrège sous ses yeux, pendant qu’il pourchasse un ennemi imaginaire), Essebsi junior n’est pas muet pour autant. On l’a beaucoup entendu dernièrement, beaucoup plus que d’habitude en tout cas, et si ce n’est pas lui personnellement c’est un de ses lieutenants qui s’y colle. Où sont-ils planqués en ce moment ? Mystère. Eux qui étaient si prompts à organiser des réunions nocturnes dans des officines secrètes qui ont valu au parti tous ses déboires font de l’apnée maintenant. Personne ne s’occupe de ce parti à la dérive, ne parle pour lui, ne tente quoi que ce soit pour le sauver. Il n’y a plus personne ! Et il faut que ce soit les démissionnaires de Ben Arous qui rappellent au supposé leader, HCE, les conséquences de sa traque implacable et insensée, alors qu’il aurait dû faire de Chahed une chance, qu’il aurait dû s’adosser sur ses résultats économiques, qui commencent à venir, pour perpétuer le feu de sacré chez Nidaa Tounes, maintenant que son fondateur est au crépuscule de sa vie politique. Mais il n’en sera rien, manifestement…

Le beau rôle !

Quant à Chahed, et bien il se délecte d’une situation qui tourne à son avantage, après avoir essuyé la tempête. Son positionnement n’a jamais été aussi confortable, après le soutien réaffirmé du bataillon Ennahdha et après avoir implosé, directement ou indirectement, le rang de ses ennemis. Et c’est encore plus vrai depuis que la « Coalition nationale » a émergé au Parlement, un bloc parlementaire lequel même s’il prétend n’avoir posé aucun acte d’allégeance au chef du gouvernement ne sera pas un obstacle pour lui, au contraire. Quand Chahed rétorque à l’ultimatum surréaliste de HCE que lui s’occupe des affaires du pays et n’a pas le temps pour la petite tambouille, il a raison, c’est ce qu’il fait effectivement mais il faut aussi preuve d’une grande habileté politique. En effet aux yeux de l’opinion publique – ses futurs électeurs, peut-être -, trimer pour l’intérêt national c’est quand même autre chose que ces politiciens, de Nidaa et d’ailleurs, qui se vautrent dans la fange pour des intérêts personnels. Et qui s’excite, s’énerve, attaque, cogne pour ces bas calculs ? Suivez notre regard. Et qui dégage une impression de force tranquille face aux assauts, et n’a d’yeux que pour le bien suprême de la nation ? Regardez vers la Kasbah. Bon, la réalité est plus nuancée que ça, et surtout beaucoup moins manichéenne – le bon d’un côté, les méchants de l’autre -, mais c’est cela que perçoivent les citoyens, et ça pourrait être très payant électoralement pour l’un, et fatal pour les autres. C’est la photographie du moment. Cela reste un instantané, qui n’est pas gravé sur le marbre et pourrait muter d’ici les élections de 2019, mais pour le moment cela suffit au bonheur du chef du gouvernement. En attendant qu’il abatte ses cartes. Ou pas.

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