AccueilLa UNELe "problème Karoui" est loin d'être liquidé

Le « problème Karoui » est loin d’être liquidé

Au grand malheur des partisans de Nabil Karoui, qui caracole toujours en tête de tous les sondages – pour la présidentielle et les législatives -, les carottes semblent être cuites pour le fondateur de Nessma TV. Je ne parle pas ici de son destin judiciaire, je ne me le permettrai pas, c’est l’affaire des juges, je parle de son destin politique. Du moins dans l’immédiat. En effet le businessman – certains parmi ses accusateurs diraient affairiste -, dont on a découvert les talents pour la mise en scène – ça sert en politique ! – lors de son premier passage au pôle judiciaire financier, est très mal embarqué pour son agenda électoral. Vu le paquet de charges que la justice lui a mis sur le dos, et sachant que la justice a un temps qui n’a rien à voir avec le temps médiatique ou le temps politique, Karoui en a pour un moment avant d’être définitivement sur son sort, qu’il soit relaxé in fine ou condamné. Et d’ici là il y a de fortes chances que tous les dés électoraux soient jetés, même si BCE lui fait la fleur de refuser d’avaliser l’amendement de la loi électorale, ce qui est du reste très peu probable…

Karoui a bien compris la délicatesse de la situation, ce qui explique sans doute qu’il ait appelé le président de la République, Béji Caïd Essebsi (BCE), à ouvrir la voie d’une consultation populaire -référendum – pour trancher sur la question de ces fameux amendements qui l’empêchent de prendre part à la course électorale. Entre temps il y a ce sondage de Sigma Conseil qui dit que la majorité des citoyens rejettent le tripatouillage de la loi électorale. Ça tombe bien pour Karoui. Sauf qu’entretemps aussi il y a les ennuis judiciaires, et ils sont très gros. On voit mal comment, même si BCE met son véto sur les amendements, le candidat Karoui pourrait interrompre ses meetings et autres démonstrations médiatiques pour aller causer avec le juge. C’est techniquement impossible et moralement condamnable.

Les « orphelins » de Karoui sont leur pire menace

Les adversaires de Karoui – Youssef Chahed, Rached Ghannouchi et compagnie -, quoi qu’ils en disent, avaient certainement des arrière-pensées politiques quand ils ont mis en branle l’appareil législatif pour contre-carrer les plans de l’homme d’affaires, mais il est très probable que ce dernier aurait fait la même chose s’il était à leur place. En politique les coups de ce type ne sont pas des crimes, loin de là, c’est même un mode de survie presque unanimement admis par les coutumes de ce milieu très spécial. Si on ne le comprend pas on n’a pas sa place dans ce monde impitoyable. Par contre les concurrents de Karoui auraient tort de penser que le fait de l’éjecter leur assure le sacre aux rendez-vous d’octobre et novembre 2019. Les enquêtes d’opinions, qui leur sont très défavorables et l’insignifiante mobilisation aux municipales partielles du Bardo sont là pour leur rappeler qu’ils n’ont rien à gagner dans la disparition de Karoui…

Avec un tel niveau de désenchantement, il est plus que probable que les voix de « l’ex-patron » de Nessma TV iront soit aux candidats qui se seront maintenus – Kaïs Saïed, Abir Moussi, etc. -, soit iront gonfler les rangs des abstentionnistes, déjà très garnis à en croire les enquêtes. Mohsen Marzouk, le leader de Machrouu Tounes, théoriquement un allié du chef du gouvernement, est tellement effrayé par l’impopularité croissante de Youssef Chahed et le mauvais décollage de Tahya Tounes qu’il a demandé, le 12 juillet 2019 sur Express FM, au locataire de la Kasbah de quitter immédiatement les lieux pour limiter les dégâts, pour ne pas que les citoyens lui collent tout ce qui ne va pas dans le pays. Un conseil qui a très peu de chances d’être suivi par Chahed et qui de toute façon vient trop tardivement…

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