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Les municipalités peuvent compter sur l’Allemagne, dans des domaines clés

L’Agence Allemande de la Coopération Internationale en Tunisie (GIZ) envisage d’étendre son assistance technique aux collectivités locales en Tunisie dans le cadre du partenariat énergétique tuniso-allemand. A travers ses experts et sa coopération avec les institutions et entreprises nationales (ANME, STEG et autres…), cette institution fédérale allemande conseille aussi et assiste techniquement le gouvernement tunisien dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques et la question de l’indépendance énergétique. Dans une interview accordée à l’agence TAP, le coordinateur des projets de l’énergie et du climat au bureau de la GIZ à Tunis, Arne Scweinfurth, évoque des projets prévus par l’agence en Tunisie et met l’accent sur l’expérience tunisienne en matière de transition énergétique.

TAP: La coopération entre la Tunisie et la GIZ a permis la réalisation de plusieurs projets dans le domaine de l’énergie. De nouveaux projets sont-ils prévus dans un avenir proche ?

Arne Scweinfurth (A.S) : Oui, la GIZ envisage d’apporter son assistance technique à un nombre de petites municipalités en Tunisie dans le domaine de la gestion des déchets. Nous allons opter pour un partenariat avec les municipalités récemment créées, soit celles qui manquent d’expérience dans ce domaine.
Actuellement, nous ne visons pas des projets bien déterminés, mais, nous cernerons les détails et les composants des projets avec toutes les parties concernées au cours des prochains mois et nous œuvrerons à sélectionner certaines municipalités dans les zones rurales et urbaines afin de relever ce défi.
La GIZ projette de réaliser un projet tuniso-allemand s’inscrivant dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques. Des appels d’offres relatifs à ce projet seront lancés prochainement.

Sur le plan régional, nous continuerons à renforcer les projets dans le domaine de l’énergie photovoltaïque, surtout le long des côtes. Nous conseillons, ainsi, les opérateurs économiques d’orienter leurs investissements vers d’autres régions, à l’instar de Jendouba, Tozeur et Gabès pour renforcer la production de l’électricité à partir du soleil au profit des ménages et contribuer ainsi au développement régional.

TAP: Pourquoi la GIZ n’a pas jusqu’à ce jour contribué à des projets de valorisation des déchets pour la production d’énergie, de tels projets auraient contribué à la fois à la réduction du déficit énergétique et à la résolution du problème des déchets dont souffre la Tunisie ?

A. S: En réalité, la GIZ ne se focalise pas sur les projets de valorisation énergétique des déchets, car cela exige de grands moyens logistiques. Pareils projets nécessitent le tri des déchets à partir de la source et leur transformation régulière au centre de collecte et de transformation avec la qualité requise permettant de l’exploiter dans la production de l’énergie.
En clair, il n’est pas possible d’ouvrir des stations de production de l’électricité, sans fournir les chaînes de valeur.
En ce qui concerne le biogaz, à savoir les gaz produits par la fermentation de matières organiques en l’absence d’oxygène et utilisés dans la cuisson, l’électrification, le réchauffement, la gestion des moteurs, le fonctionnement des machines d’irrigation et la production de l’électricité, nous avons l’intention d’examiner les possibilités de réaliser ce projet pour exploiter le biogaz disponible dans les décharges anarchiques.

Il faudrait, également, trouver des solutions pour ces décharges exploitées par les privés et fixer les missions de chaque partie concernée afin de garantir l’exploitation des déchets dans le secteur de l’énergie.
Dans l’attente de la réalisation des projets de valorisation de déchets qui demeurent complexes et manquent de chaînes de valeurs, je pense qu’il est opportun d’intensifier les projets de production de l’électricité à partir de l’énergie solaire, vu la facilité de cette technologie et l’existence des compétences nécessaires, à l’inverse d’autres projets basés sur l’énergie éolienne qui s’avère comme un gouffre de financements.

TAP : Comment évaluez-vous l’expérience tunisienne en matière de production d’électricité à partir de l’énergie solaire et jugez-vous que la Tunisie est retardataire dans la réalisation des projets des énergies renouvelables ?

A.S : Nous sommes heureux de travailler depuis plusieurs années avec l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie (ANME) et la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), bien qu’en désaccord avec ces structures sur certains dossiers, notamment la méthode de réalisation des projets ou la période consacrée à leur exécution, vu le retard enregistré.
Toutefois, ce retard est dû essentiellement à la faiblesse des ressources humaines, d’autant plus que l’ANME ne peut pas gérer un grand nombre de projets programmés dans un laps de temps court et ses ressources humaines sont limitées en dépit de leurs compétences dans le domaine (accord d’avantages pour la production de un mégawatt d’énergie solaire et éolienne en plus du projet « PROSOL » pour la production d’eau chaude dans les ménages à partir de l’énergie solaire…).
Sur le plan technique, l’ANME ne peut pas réaliser tous les projets, surtout qu’elle dispose de peu de cadres. Je pense que le gouvernement tunisien ne recrute pas actuellement, à cause de ses engagements avec le FMI, ce qui explique la difficulté de l’emploi dans la fonction publique.

En ce qui concerne l’expérience de la Tunisie dans le domaine des énergies renouvelables, j’ignore son historique mais je suis conscient de l’avancement réalisé depuis 2014 dans ce domaine et de l’ouverture de l’administration sur le partenariat avec le secteur privé et la société civile.
Je suis convaincu que la mise en place de l’efficacité énergétique et l’installation des équipements photovoltaïques et de l’énergie éolienne, dépendent de l’adhésion du secteur privé qui fait preuve d’initiative et prend le risque dans la réalisation de ce genre de projets coûteux.
Par ailleurs, il y a du travail à accomplir avec la société civile pour sensibiliser les citoyens et mener des campagnes de sensibilisation à l’importance de l’efficacité énergétique.
J’appelle également les professionnels et les industriels à commencer par la phase d’industrialisation locale des panneaux photovoltaïques, qui demeure encore bloquée, mais si elle démarre de manière effective, cette activité est à même de fournir des emplois en Tunisie.

TAP : Selon vous, est-ce-que la Tunisie est à même d’assurer une transition énergétique efficace ?

A.S : Avec la présence de près de 100 entreprises qui œuvrent dans le domaine de l’installation des panneaux et équipements de l’énergie solaire, je pense qu’un grand nombre d’entre eux ont une expérience et une capacité de réalisation d’un projet de production de 100 mégawatts d’électricité à partir de l’énergie solaire. Le chemin est encore long pour que certaines entreprises tunisiennes puissent maitriser cette technologie.
Dans l’état actuel des choses, la Tunisie ne peut pas installer des stations d’énergie solaire d’une capacité de 100 mégawatts sans recourir à l’expertise des grandes entreprises étrangères. Toutefois, elle peut appuyer les petits projets de production d’énergie solaire sur le marché local.

En plus, il est important de travailler sur la base des priorités, de programmes et d’objectifs qui seront fixés par le gouvernement et ne pas se contenter des administrations et des ministères afin de garantir la réussite des projets. La meilleure solution est de faire participer les autres structures à l’instar du secteur privé, de la société civile et des universitaires pour créer la différence.
Je crois que la Tunisie est en mesure d’avancer dans le secteur de l’énergie solaire et c’est pour ce faire il faut des décisions politiques afin d’activer les dossiers liés à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, d’autant plus que l’ANME et le secteur privé regorgent de compétences qui peuvent assurer les progrès dans ce domaine.

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