AccueilLa UNEL’Etat tunisien en mode « Tail-Chasing »

L’Etat tunisien en mode « Tail-Chasing »

En mal de ressources, et déjà débiteur auprès des entreprises publiques et privées, les banques et presque tous genres de fonds étrangers, l’Etat tunisien se met en état de « Tail-Chasing ». Chez les canidés, c’est le comportement qui consiste à se mordre la queue.

En date du 9 octobre courant, la SNCFT (Chemins de fer  tunisiens) a rendu publique une note interne à tous ses employés les informant que la CNRPS (Caisse de retraite des agents de l’Etat) a fait une saisie conservatoire sur tous les comptes, bancaires et postaux, de l’entreprise publique, la mettant dans la situation de « cessation de paiement de tous ses fournisseurs », autant dire une situation de faillite de fait. Mais heureusement, un état des choses qui n’a pas duré, puisque la SNCFT a vite fait de trouver un plan de rééchelonnement de sa dette, de 150 MDT en cumul des cotisations patronales (l’Etat), sur plusieurs années avec la CNRPS. L’Etat doit pourtant à la SNCFT la somme de plus de 81 MDT contre presque 12 qu’elle doit à l’Etat

L’acte de saisie sur les comptes n’en renseigne pas  moins sur l’état de « Tail-Chasing » dans lequel se trouve désormais l’Etat tunisien. Sinon, comment expliquer que le même Etat fasse aussi saisie, par le biais du ministère des Finances, sur les comptes de l’Etap (Entreprise tunisienne des activités pétrolières), comme le rapportait en septembre dernier l’ex-dirigeant de Nidaa Tounes, Faouzi Elloumi, qui notait que c’est « un précédent jamais connu en Tunisie, même avant l’Indépendance ». Selon les chiffres du ministère des Finances, c’est pourtant l’Etat qui devrait à l’Etap, en 2019, la somme de 19 MDT.

Et si l’Etat payait d’abord ses dettes aux entreprises publiques ?

Selon des sources concordantes, il semblerait que ce recours à la saisie soit dû au fait que plus d’un responsable se serait entendu dire d’aller récupérer soi-même son argent, chaque fois qu’il aurait demandé l’aide financière de l’Etat. C’est ainsi que la Steg,  par exemple, qui serait créditrice de 455 MDT auprès de l’Etat et débitrice de seulement 53 MDT à fin 2019, aurait récemment eu recours à la menace de couper le courant électrique à des entreprises publiques qui auraient des impayés auprès d’elle. Une autre forme de saisie, l’électricité étant un indispensable outil de travail et donc une forme de « Tail-Chasing » de la part de l’Etat tunisien.

Selon le dernier rapport du ministère des Finances sur la dette des entreprises publiques [Pdf], ces dernières doivent à l’Etat 3,368 Milliards. Mais l’Etat doit aussi à ces mêmes entreprises publiques 6,248 Milliards DT. Avec ses propres entreprises, l’Etat tunisien est donc, généralement, plus débiteur que créditeur. Et il n’est pas interdit de penser qu’il suffirait presque que l’Etat rembourse ses dettes à ses filiales pour qu’elles deviennent presque bancables. C’est par exemple le cas de la Stir (Raffinage de pétrole), à laquelle l’Etat doit 2,276 Milliards DT, contre une dette de 9,4 MDT envers l’Etat tunisien. Le même exemple s’appliquerait à la CNRPs, envers laquelle  l’Etat est redevable de 423 MDT, certainement sous forme de cotisations impayées, alors que la caisse ne doit rien à l’Etat. Le même Etat qui refuse toute assistance financière à Tunisair, lui devant, pourtant, presque 80 MDT.

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