AccueilLa UNEL'UNFT cède aux sirènes des élections, l'UGTT et l'UTICA prochainement ?

L’UNFT cède aux sirènes des élections, l’UGTT et l’UTICA prochainement ?

Les associations, ONG (organisations non gouvernementales), organisations nationales et la tentation du pouvoir. C’est une spécificité bien tunisienne, parmi d’autres, surtout depuis le 14 janvier 2011, date à laquelle toutes les cartes ont été rebattues, et redistribuées. Et pas toujours pour le salut de la nation d’ailleurs. Mais on en est là, et ce sera ainsi pour un paquet d’années encore. Le fait que le pouvoir tangue depuis la Révolution a donné l’occasion aux organisations nationales, notamment l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat ) et l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) de briller et même de se glisser dans les cercles de décision. Cela a parfois rendu de grands services au pays, comme ce fut le cas lors de la paralysie presque totale, politique et sociale, de 2013 quand la convergence de vues du Quartet a donné à la Tunisie un gouvernement d’union nationale. Et un Prix Nobel de la Paix au passage. Cela revigore,  et donne un sentiment de puissance, parfois même de toute-puissance. Il n’y qu’à voir le ballet des puissants de la Tunisie et d’ailleurs aux sièges des organisations nationales pour se rendre compte qu’elles sont dépositaires d’un morceau du pouvoir dans le pays, et pas un petit, et qu’elles sont de fait incontournables. A voir la sollicitude qui entoure en ce moment le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, pour éviter au pays une grève générale, on se rend compte que les centres de décision ne sont pas nécessairement ceux que nous dit notre belle Constitution, et que les rapports effectifs de force dictent leur loi. Cet état de fait, manifestement, donne des ailes à l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT).

A qui la faute ?

On a appris, par la TAP, ce mardi 15 janvier 2019, que l’UNFT lancera bientôt une série de négociations avec l’UGTT et d’autres organisations pour monter une alliance électorale qui prendra part aux joutes électorales élections de cette année. Il ne manquait plus que ça, diront certains ! Des associations et organisations nationales qui se muent en formations politiques, et chassent sur les terres des partis traditionnels. Mais si du reste la chose peut paraitre quelque peu ubuesque et même surréaliste, elle colle toutefois aux réalités locales. Il ne faut jamais oublier que c’est l’actuel président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui est allé chercher l’UGTT, l’UTICA et l’UTAP dans leurs coins pour leur demander de dire leur mot dans la direction des affaires du pays, dans le cadre du Pacte de Carthage, un document enterré depuis. L’appétit est venu aux organisations en mangeant.

S’asseoir à la table des décideurs, de l’exécutif, ça crée des habitudes, des accoutumances. Et ça donne aussi des idées aux autres convives potentiels. Alors il ne faut pas s’étonner que l’UNFT tire la conséquence de cette configuration très particulière en concluant qu’il fallait directement aller à l’essentiel en disputant les places aux hommes et femmes dont c’est le « métier », aux prochaines élections.

Qui s’y frotte s’y pique

Sur le papier, il est question de regrouper les différentes organisations professionnelles, dont l’UTICA, l’UGTT et d’autres organisation de la société civile afin de prendre part aux prochaines élections dans des listes de coalition, qui intègrent des indépendants a indiqué la présidente de l’UNFT, Radhia Jerbi. Et l’affichage est tout ce qu’il y a de plus attrayant, au risque de rendre jaloux les autres partis politiques : Donner la possibilité aux citoyens d’opérer d’autres choix qui répondent mieux à leurs attentes.
Et l’UNFT va ratisser large pour embarquer le plus d’organisations dans ce projet : l’Ordre des ingénieurs, celui des avocats, etc.

Si les organisations ont résisté jusqu’ici à la tentation de se jeter dans le bain politique, pour régler elles-mêmes leurs problèmes (‘on n’est jamais mieux servi que par soi-même’), c’est parce qu’il y a toujours la crainte d’avoir une posture partisane, avec le risque d’être lâché par une partie de ses troupes qui ne se retrouverait pas dans les clivages. Une organisation nationale est censée défendre des intérêts transversaux, impartiaux et par définition apolitiques, prétendre entrer dans l’arène politique pour mieux les défendre est assurément une grosse prise de risque. Le risque de se perdre dans son propre combat, de s’aliéner ses soutiens et même de se damner. Car le microcosme politique a ses codes, ses tics, ses pratiques qui ne sont pas ceux des associations et organisations. L’UGTT, très tentée par l’affaire et qui à chaque échéance électorale se trouve obligée de marteler qu’elle ne participe pas et ne soutient aucune liste partisane, pourrait en rester à cette tentation, idem pour l’UTICA et les autres, comme un rêve qu’on caresse mais auquel on ne se frotte jamais au risque de s’y piquer.

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