On parlait hier, de cette tendance économiquement suicidaire et autodestructrice d’une partie de l’intelligencia tunisienne qui aime à se faire peur. C’est ainsi qu’une partie de la presse locale aime à répéter que tout va mal dans le pays, et se permet ainsi de colporter ce que lui racontent certains politiciens, que les principaux bailleurs de fonds quesont le FMI et la Banque Mondiale, auraient arrêté les discussions avec la Tunisie, et pour le FMI notamment, refuserait de négocier avec le ministre des finances Ridha Chalghoum. Qu’en est-il réellement ?
Rappelons, tout d’abord, que le Gouverneur de la BCT Marouane El Abassi, avait officiellement déclaré devant l’ARP que «Les discussions entre la Tunisie et les responsables du FMI (Fonds Monétaire International) se poursuivent afin de rapprocher les points de vue et préparer les conditions favorables pour le prochain gouvernement afin de parvenir à la sixième revue (7ème tranche) de l’accord conclu au titre de la facilité élargie de crédit», ou FEC.
En fait, comme il l’a dit, et même si les rencontres sont informelles avec des représentants du FMI tenus au silence sauf autorisation expresse du board d’une institution aussi muette qu’un crabe, les contacts n’ont jamais été interrompus. Les deux parties échangent, s’échangent notes et documents, et se consultent sans rompre, malgré la conjoncture politique particulière que traverse la Tunisie. Hier encore, Ridha Chalghoum a rencontré des représentants du FMI-Tunis. Ils n’ont pas parlé que du retard de la 7ème tranche de la FEC. Preuve que les deux parties échangent, les experts du FMI ont par exemple confirmé au ministre la tendance à la baisse du prix du baril du pétrole. La Tunisie compte engager une importante opération de Hedging pour ses prochains achats énergétiques et avait besoin de cette information.
L’absence de tout blocage entre la Tunisie et le FMI, a aussi été confirmée par le principal négociateur, le ministre Taoufik Rajhi. A l’agence de presse Reuters, ce dernier a déclaré que «la Tunisie a repris les pourparlers avec le Fonds monétaire international et attend la formation du gouvernement pour inviter les experts du fonds en mars prochain à discuter de la sixième revue». Et de préciser que «nous sommes prêts et nous l’aurions achevé avec succès, si la formation du gouvernement n’avait pas pris du retard … Mais nous attendions la formation du gouvernement pour inviter officiellement les experts du FMI en mars 2020 », aainsi dit Rajhi à Reuters.
Par ailleurs, il y a deux jours, le ministre des finances Ridha Chalghoum, recevait une délégation du FMI Tunis. Les discussions, au cours desquels le ministre Chalghoum avait pour souci de préparer les discussions du prochain gouvernement avec le FMI pour la 7ème Revue, avaient notamment abordé les principales réformes demandées par le FMI pour débloquer la 7ème tranche de l’accord de financement.
Lors de son dernier passage devant l’ARP, le Gouverneur de la BCT avait par ailleurs fait noter que la cinquième revue du programme en avril 2019, avait permis à débourser la 6ème tranche du prêt, évaluée à 247 MUSD, portant le montant total global des tranches jusque-là reçues par la Tunisie, à environ 1,6 milliard de dollars américains. «Et considérant que les critères requis ont été en principes reçus, les discussions avec le FMI avaient pour but de rapprocher les points de vues, et de préparer les bonnes conditions de négociation pour le prochain gouvernement de réussir le sixième examen», avait alors di Marouane El Abassi.
C’est tout cela, et notamment le fait que la6ème Revue avait été retardée d’environ 6 mois, en raison des élections, qui explique, en plus du retard mis à former un gouvernement depuis fin 2019, qui explique le retard de la tenue de la 7ème Revue. Un retard, qui n’a pas empêché les discussions et les consultations entre la Tunisie et son principal bailleur de fonds.