AccueilLa UNE2 dossiers qui devraient empêcher Chahed de dormir

2 dossiers qui devraient empêcher Chahed de dormir

La Banque Mondiale (BM) a dit des choses très agréables à entendre sur la Tunisie, mais avec son lot de conditions, recommandations et mêmes des alertes… Bref, le langage très diplomatique des institutions internationales qu’il faut interpréter avec discernement et surtout pas de l’emballement ou de l’euphorie. Le FMI aussi y est allé de ses observations, avec des aspects très optimistes mais avec également ces remarques sur ce qu’il faut faire pour arriver, un jour, à la ‘Terre promise’. C’est aussi cela leur travail : Etre suffisamment encourageant pour ne pas casser la machine de la confiance mais aussi se faire un devoir de dire certaines vérités, celles qui corrigent, redressent, soignent. L’Institut tunisien de la Compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ), qui est certes très écouté mais dont les commentaires sont moins susceptibles de plomber le moral des opérateurs et des investisseurs, surtout étrangers, n’a pas l’obligation de prendre les mêmes précautions langagières que la BM et le FMI. Alors il y est allé franco. D’après son dernier rapport, l’économie nationale se retrouve dans une configuration nouvelle et très délicate, voire inquiétante, avec une baisse simultanée du taux d’investissement et du taux d’épargne…

D’après cette analyse publiée dans la Revue de la conjoncture économique (Mars 2019) de l’ITCEQ, l’effort d’investissement en Tunisie connait une baisse historique. Le taux d’investissement est passé d’environ 24% en 2010, à seulement 18,4% en 2018. Il est de l’ordre de 11% du PIB, pour le secteur privé (y compris le logement qui représente environ 6%) et autour des 7% pour celui public.
Bien que les raisons de la baisse de l’investissement soient relativement connues, celles du recul inquiétant du taux d’épargne ne le sont pas. Le taux d’épargne est passé de 21,4% en 2010, à moins de 8% en 2018.

D’après cette analyse signée Zouhair El Kadhi, directeur général de l’ITCEQ et Férid Ben Brahim, directeur général de l’AFC (Arab financial consultants/Groupe ATB), les hypothèses susceptibles d’expliquer cette baisse de l’épargne ont été identifiées. Il en ressort que, d’une manière générale, il y a trois composantes dans l’épargne : les ménages, les entreprises et l’épargne publique.
L’épargne publique est l’excédent, servant à l’investissement de l’Etat, une fois les dépenses de gestion et le remboursement des intérêts de la dette financés. Ce chiffre peut-être nul si le gouvernement ne peut financer ses dépenses courantes, qui peuvent comporter des programmes de redistribution, en plus de la dette. Pour soutenir des niveaux d’investissement public suffisants, il faut que les recettes fiscales et non fiscales soient assez importantes pour couvrir les dépenses courantes afin d’assurer les services publics nécessaires et une partie du programme d’investissement.
Pour que l’investissement du secteur public survive, il faut donc que les recettes fiscales soient à la hauteur de l’enjeu tout en réduisant au maximum les dépenses improductives.

L’épargne des entreprises constitue la deuxième composante de l’épargne. Elle retient les profits au lieu de les distribuer aux actionnaires et les réinvestit dès que le retour sur investissement est susceptible d’être supérieur au coût du capital. C’est donc ce que rapportent les investissements privés qui déterminent dans une large mesure cette composante de l’épargne.

L’épargne des ménages constitue la troisième composante de l’épargne. Les facteurs qui sont à l’origine de celle-ci sont complexes et encore mal-connus. Il y a le niveau des revenus, les données démographiques, la présence ou l’absence de système d’assurance sociale. Les différences culturelles peuvent également être un élément de la tendance à économiser.
Il arrive que l’épargne des ménages soit trop faible pour financer des niveaux élevés d’investissement privé. L’une des raisons est peut-être que la possibilité d’épargner en toute sécurité ne leur est pas facilitée. Beaucoup de ménages en Tunisie n’ont pas de compte en banque. Ils placent leur épargne en bijoux ou ils investissent dans leur propre petite entreprise. Dans l’un et l’autre cas, l’épargne des ménages n’est pas disponible pour que d’autres entreprises puissent investir. Le fait que les moyens d’épargne fassent défaut pourrait donc avoir un impact de premier ordre sur la croissance.

Signalons que l’effort d’investissement des ménages depuis 20 ans est principalement révélateur d’une chose : le coût devenant presque exorbitant de l’achat ou de la construction d’un logement dont l’épargne nécessaire pour le réaliser a été multipliée par 4,5 sur cette période.

Les auteurs de cette analyse estiment, en conclusion, que «  nous sommes en cette année 2019 dans une situation très délicate. L’Etat est contraint dans ses investissements par des dépenses courantes de gestion et des intérêts de la dette de plus en plus accaparantes. Le privé enregistre une baisse tendancielle de sa rentabilité avec des taux d’intérêt qui s’élèvent rapidement et les ménages sont touchés par les effets de l’inflation sur leurs épargnes. Tout ceci explique l’accélération de la baisse de l’épargne « .

SL/TAP

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -