AccueilLa UNEIl les a battus en 2014, cette fois il veut les liquider

Il les a battus en 2014, cette fois il veut les liquider

Nous avions écrit, il y a quelques mois, que le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi (BCE), était en train de fourbir ses armes pour neutraliser son compagnon de circonstance, le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, avant les prochaines joutes électorales, et bien il semble que les choses se précipitent. Les armes, c’est le Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi qui les offre, sur un plateau, à BCE, avec le déballage sur l’appareil secret des islamistes qui aurait trempé dans les assassinats politiques ayant secoué le pays en 2013. Pas besoin de preuves pour l’instant pour étayer la posture du président de la République, et encore moins de décisions judiciaires – procès et jugement  – lesquelles de toute façon prendront beaucoup de temps, au meilleur des cas en 2019, les déclarations suffisent pour créer stupeur et tremblements auprès de l’opinion publique. Car les symboles sont forts, Belaïd et Brahmi, deux responsables politiques. Le chef de l’Etat avait fait de l’élucidation de cette affaire, toute l’affaire, une promesse de campagne phare aux élections de 2014, rien de consistant n’a été fait dans ce sens 4 ans après. BCE aura cette fois, peut-être, la possibilité de se refaire, dans la perspective d’un éventuel face-à-face avec les électeurs en 2019, mais aussi pour gommer le sentiment de compromission que son rapprochement avec Ghannouchi a provoqué dans la tête des militants, ou encore pour la postérité. L’égalité homme-femme dans l’héritage, qui ulcère les islamistes et pour laquelle BCE a reçu un satisfecit de l’ONU, est taillée pour les mêmes batailles.

Tout le monde s’excite pour une bonne raison

BCE, on l’avait un peu oublié à cause de sa passivité face au spectacle de son parti qui se désagrège et face aux gros dégâts provoqués par son fils, est un combattant. En 2014 il avait fait des étincelles lors de sa campagne électorale en trouvant des arguments qui firent mouche, pour déloger une Troïka qu’il avait réussi à ringardiser et même fait passer pour dangereuse pour la sécurité, la prospérité économique et l’avenir de la Tunisie. Et ça avait marché auprès des électeurs. Cette fois les armes de BCE sont infiniment plus lourdes, avec une capacité de destruction beaucoup plus importante. D’ailleurs la nervosité des dirigeants d’Ennahdha depuis que le chef de l’Etat a reçu, écouté et même relayé les arguments du Comité de Défense des deux martyrs démontre qu’il y a le feu au lac des islamistes. Au point qu’ils ont pondu un communiqué incroyablement maladroit, repris par Abdelhamid Jelassi mercredi 28 novembre 2018 sur Shems FM, des propos musclés que le chef de l’Etat a pris comme une menace, et il a bien raison, et saisira la justice à ce sujet. Ennahdha, qui a déjà une tonne d’ennuis, judiciaires, avec cette affaire d’appareil secret, n’avait pas besoin de s’attirer les foudres de BCE.

Si tout ce beau monde s’excite, c’est parce que l’affaire dépasse le cadre des munitions dont le locataire du palais de Carthage pourrait se servir pour rempiler aux élections de 2019, c’est la question de la survie même d’Ennahdha qui est sur la table. En effet si l’implication, de quelque manière que ce soit, de cadres du mouvement dans les horribles assassinats politiques de 2013 est prouvée, c’en est fini de l’existence légale des islamistes, et ce n’est pas le fait qu’ils aient porté à bout de bras Youssef Chahed lors du dernier vote de confiance qui va y changer quoi que ce soit. Bon, cette affaire ne sera pas ficelée en une journée, Ennahdha va se cabrer, batailler, ferrailler, politiquement et juridiquement, mais son sort serait scellé. En effet aussi bien en Tunisie qu’aux yeux de la communauté internationale, il n’y a pas de place pour un mouvement qui a des accointances avec des terroristes, surtout au niveau de responsabilité qui est celui de Ennahdha. Le président américain, Donald Trump, qui ne raffole pas des mouvements islamistes, serait le premier dirigeant étranger à décréter leur disparition, en Tunisie et ailleurs.

L’autre gros missile

L’autre arme de destruction massive des islamistes à la disposition de BCE, c’est son projet sur l’égalité homme-femme dans l’héritage. Sur cette affaite aussi le chef de l’Etat est dans la meilleure des postures, politiquement, par rapport aux nahdhaouis; en effet ces derniers se sont, tout seuls comme des grands, mis dans de beaux draps en clamant haut et fort qu’ils allaient voter contre au Parlement. Bon, ils l’ont fait après moult hésitations, comme à leur habitude, après avoir pris le temps de voir de quel côté allait tourner le vent. Pour ne pas renier leurs fondements, qui restent, tout de même, islamistes, ils étaient obligés de s’en tenir aux dogmes religieux : L’égalité successorale, pas question. Cette position a l’avantage de ne pas fâcher le gros du bataillon, leur électorat conservateur et en même temps elle a un large écho auprès de l’opinion publique, surtout auprès de la gente masculine. Normal, ce sont des mecs, par définition ils n’ont pas envie de partager, à parts égales, avec les nanas les sous, maisons, terres, bétail, etc. Mais problème pour Ennahdha : Cette position, aussi populaire soit-elle, va trouver ses limites à l’ARP où la même logique implacable qui a imposé le 3ème gouvernement de Chahed risque de prévaloir de nouveau.

En effet dans cette affaire, le bloc Nidaa Tounes va voter comme un seul homme le texte de BCE, le fondateur du parti, une manière de prendre leur revanche sur le camouflet que leur a administré Ennahdha, aux côtés de Chahed. Là pour le coup, le bloc Coalition nationale, dont on dit qu’il est acquis à la cause du chef du gouvernement, pourrait faire des infidélités à Ennahdha et voter aussi le projet dit moderniste du président de la République. Le Front populaire et Machrouu Tounes pourraient également s’y greffer. Etc. Donc on est à peu près sûr que les islamistes vont perdre la partie. Mais ils ne perdront pas que ça, ils vont également se couper définitivement de l’électorat local dit progressiste, notamment les femmes, qui pèsent lourd et s’aliéner les chancelleries occidentales auprès de qui Essebsi bénéficie d’une excellente image et qui le présentent, même à 92 ans, comme le meilleur rempart contre les obscurantistes de son pays.

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1 COMMENTAIRE

  1. Il nous faut tout simplement des instances publiques libres qui font régner la justice dans notre pays. Les querelles et les hypocrisies politiques enveniment notre société et nous éloigne de objectifs suprêmes qui consistent à assurer la sécurité du citoyen dans sa vie de tous les jours. Nous en avons assez de perturbations, de gaabagi, d’indiscipline, de saleté urbaine et souvent mentale pour chercher en plus des guerres médiatiques et politiques sans recours à une justice libre et compétente, qui fera son travail et sauver le pays. Ne pensent-ils pas que le simple citoyen veuille vivre en paix et manger son pain avec dignité avec l’espoir d’avoir un lendemain meilleur. N’a-t-on pas l’impression que les médias font des politiciens des boxeurs ou des gladiateurs en sanglants combats devant des citoyens impuissants de dire assez au gâchis de temps et d’énergies ? Faut-il penser aux pauvres innocentes futures générations, proies des prédateurs qui ont eu l’accès facile à cause des querelles insensées entre les différents super intelligents politiciens de l’après 2011 ? Une démocratie incomprise et mal utilisée a couté très cher à notre société actuelle et aux plus jeunes générations qui s’évadent de plus en plus à la recherche d’un espoir de mieux vivre. Pitié messieurs, pitié messieurs.

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