Même s’il avait démenti le 22 juillet 2019 l’intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, la cote d’Abdelkarim Zbidi ne cesse de monter depuis le décès du président de la République, Béji Caid Essebsi.
En 2014, le chef de l’Etat défunt avait réussi à rassembler syndicalistes, destouriens, gauchistes, libéraux et autres dans le projet de Nidaa Tounes. Malgré la fragmentation de son parti et la montée des cotes de plusieurs figures populistes selon les sondages, la mort de BCE – qui survient à quelques mois des élections présidentielles et législatives – risque de chambouler le paysage politique en propulsant un prétendant inattendu à la tète du pouvoir, Abdelkarim Zbidi.
L’homme était sans doute le ministre le plus proche du président durant ses derniers jours ; la dernière rencontre officielle entre les deux hommes remonte au 25 juillet, deux jours seulement avant la mort du président paraissait pour plusieurs analystes comme l’appel du pied à Zibidi pour succéder à BCE au palais de Carthage.
L’apparition, deux jours seulement suite au décès du président, d’une page facebook sponsorisée du ministre actuel de la Défense confirme l’hypothèse d’une éventuelle candidature à la présidentielle d’Abdelkarim Zbidi. Un grand nombre d’internautes ont également appelé le natif de Rejiche à se présenter.
Il est vrai que le profil de l’homme est différent des autres prétendants à la présidentielle; travailleur rigoureux, discret, habitué aux grandes responsabilités, il dégage une image appréciée par une grande partie des Tunisiens. Une bonne opinion qui s’est amplifiée avec l’émotion qui a accompagnée le deuil de BCE; beaucoup voit en lui le successeur idéal.
L’alternative Abdelkarim Zbidi fait également surface à cause de l’insatisfaction d’une partie considérable de Tunisiens des parties et hommes politiques, ce qui les pousse à chercher l’homme, resté à l’écart de la scène politique. Il a même à maintes reprises exploité ses rares apparitions médiatiques pour critiquer les politiciens, même s’il en fait partie malgré lui.
Et puis il s’agit d’un homme qui fait son deuxième mandat à la tète du ministère de la Défense depuis la révolution; il faut admettre que les Tunisiens ont beaucoup d’estime pour leur institution militaire, c’est un facteur qui contribue à la montée de la popularité de Zbidi.
Cette affection populaire fait de l’homme un choix électoral de poids, même s’il n’a pas confirmé sa candidature. Sa brusque ascension doit sans doute semer la panique dans les rangs des autres prétendants, à savoir le populiste Nabil Karoui et l’actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed; plusieurs pages facebook, proches des parties Tahya Tounes et Ennahdha, ont même commencé leur campagne anti-Zbidi.
Une chose est sûre : Abdelkarim Zbidi devra trancher et sa décision pourrait ne pas tarder puisque le dépôt des candidatures se fera du 2 jusqu’au 9 aout 2019.
