Les promesses non tenues, c’est la maladie congénitale de Nidaa Tounes. On peut y ajouter d’autres variantes : les Rendez-vous manqués, les Virages ratés, etc. Bref, c’est toute cette bouillabaisse indigeste, surtout auprès des militants de la première heure, qui a valu à la formation bâtie par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi (BCE), sa descente aux enfers. Et on est loin de voir le bout du chapelet des promesses non tenues ! La dernière en date est l’éviction de l’instance dirigeante en place, pilotée par le fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi (HCE), pour laisser BCE reprendre les rênes, jusqu’au Congrès électif. Rien n’a été fait, jusqu’ici. Le ménage n’est toujours pas fait à quelques semaines de ce rendez-vous capital, théoriquement. A ce stade il est légitime pour ceux dont le coeur bat encore pour BCE et Nidaa Tounes de craindre le pire…
Un vieux serpent de mer
Entre Nidaa et les promesses non tenues c’est une vieille histoire, presque depuis la naissance du parti. En fait ça a commencé exactement dès le lendemain de la victoire de Essebsi aux élections de 2014. Alors que le président de la République avait fait une campagne d’une rare violence contre les islamistes et leur projet de société qu’il a présenté comme funeste, avec les assassinats politiques et moult attentats qui ont émaillé le règne de la Troïka, il tourne casaque pour bâtir une coalition avec les islamistes, au motif qu’il ne dispose pas d’une majorité assez confortable au Parlement. Une frange non négligeable des militants pur jus ne lui ont jamais pardonné ce qui était à leur yeux une trahison, une forfaiture, et beaucoup ont déserté les rangs depuis. Le livre des malentendus entre l’état-major de Nidaa et les partisans ne s’est pas refermé depuis. Jusqu’à ce que BCE décide, contre toute logique, de se laver les mains des affaires intérieures de son parti, pour le laisser entre les mains destructrices de Essebsi fils. On connait la suite…
Nidaa Tounes, plus que jamais, apparait comme un malade qui refuse ostensiblement d’ingérer le médicament qui va le sauver, préférant à la place une lente décrépitude. Ce qui se passe au sein de cette formation défie toute logique. Alors qu’on nous promet un Congrès depuis des années, 2016 exactement, le seul rendez-vous capable de sauver ce qui reste des meubles, voire même requinquer le parti, certains se démènent pour faire capoter le congrès. Ceux-là même qui n’ont aucune once de popularité – vous les identifierez très aisément – et qui craignent le face-à-face avec les militants-électeurs. Résultats des courses : Jusqu’ici on n’a aucune date précise pour ce congrès, on sait juste qu’il aura lieu le mois prochain, ce qui est déjà un exploit pour HCE et compagnie.
Comme tout cela finira ?
Pendant ce temps BCE est de tous les combats (avec l’opposition, contre son chef de gouvernement; avec les avocats qui refusent de montrer patte blanche, un jeu très dangereux pour la Tunisie; pour l’égalité homme-femme dans l’héritage; aux côtés de Hamza Belloumi, face aux obscurantistes…), tous les combats sauf celui qu’il doit mener en premier : Sauver son parti. Il n’en parle pas, jamais, en tout cas pas publiquement et s’il est en train de s’activer dans les coulisses ça ne doit pas être assez efficace pour que ça s’ébruite. Aux dernières nouvelles le parti n’allait pas bien, quant à son avenir politique et celui de son fondateur, ils sont tout aussi mystérieux. HCE, par qui tous les problèmes sont arrivés, est toujours en place, solidement installé, encore plus depuis que Slim Riahi a débarrassé le plancher.
Si vous voulez savoir comment tout cela va finir, et bien c’est simple : Tahia Tounes et Ennahdha, sans se forcer ni être particulièrement brillants, ont toutes les chances d’être aux premières loges aux prochaines élections. Il est très probable que les deux formations se neutraliseront avec un score de près de 30% chacune, moins peut-être, ce qui ramené au paquet des votants et à la forte abstention qui se profile privera les deux partis d’une adhésion populaire assez forte pour transformer en profondeur le pays. Mais cela suffira à leur bonheur, puisque cela suffira pour gouverner, gouverner mal mais gouverner quand même. Quid de Nidaa Tounes ?? Et bien si le sursaut n’intervient pas très rapidement, on ira le chercher dans les bas fonds…
Nous avons vu de toutes les couleurs et nous avons à plusieurs reprises craint pour notre avenir et pour celui de nos enfants et petits enfants. Nous avons eu le sentiment que le pays était livré à soi, sans aucun commandant capable de mettre de l’ordre dans un navire en détresse. Tout le monde voulait prendre la commande qu’il soit connaisseur ou ignare des ABC d’une bonne gérance politique dont dépend l’avenir d’un peuple soumis malgré lui à un esclavage financier. Heureusement que la personne de Monsieur le président de la république bénéficiait d’un respect relatif de la part d’un nombre de partis politiques.
Nous attendons un plus-plus des prochains gladiateurs politiques qui courent à notre commande. Que les futurs prétendants à la commande de notre pays sachent que notre pays ne peut compter que sur la somme des énergies de tous les Tunisiens. Ainsi, la discipline sociale est une nécessité absolue pour que nos efforts fédèrent vers des objectifs constructifs et non destructifs, et ce quelque soit le type de démocratie mal encore digérée. Les Tunisiens bâtisseurs d’aujourd’hui et de demain ont besoin de plus de sérieux et de crédibilité. Une lutte sociale est à mener contre le banditisme, l’indifférence et le sabotage prémédité politiquement ou financièrement où qu’ils soient et quelque soient les noms de leurs auteurs.
IL est plus qu’urgent d’instaurer une justice, juste, compétente, courageuse, honnête, neutre et indépendante pour qu’elle puisse mettre un stop à ceux qui veulent la contourner pour porter ensuite préjudice à la Tunisie et aux Tunisiens d’aujourd’hui et de demain.