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Le coup auquel ses adversaires ne s’attendaient pas

Surpris, désarçonnés, sonnés mais surtout outrés, énervés. C’est l’état d’esprit des adversaires du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi (BCE), face à ce qu’il faut bien qualifier de coup politique majeur et savamment porté, puisqu’il polarise toute l’attention, fige les tactiques et stratégies des uns et des autres et prend en otage les prochains scrutins. C’est la dernière facétie du vieux lion de Carthage, qui joue là à fond une des rares cartes que lui donne la Constitution. Ce texte fondamental que ses artisans ont présenté comme l’un des meilleurs du monde, ils n’avaient certainement pas idée de ses nombreux pièges et écueils, et des situations de blocage institutionnel qu’il pouvait engendrer. On y est ! Pourtant les rédacteurs de la Constitution, notamment les islamistes, majoritaires à l’époque, se sont donné un mal fou pour donner le minimum de pouvoirs au président de la République. Et bien ce minimum suffit aujourd’hui à paralyser les projets de ceux qui ont pesé de tout leur poids pour amender la loi électorale. Nabil Karoui n’en profitera pas, peut-être, mais ses adversaires non plus, et certainement pas la Tunisie qui n’avait vraiment pas besoin de ce combat politique mortifère.

Les détracteurs de BCE sont d’autant plus outrés et énervés par ce coup auquel ils ne s’attendaient qu’ils n’ont aucune arme politique ou constitutionnelle pour trouver la parade. Ils ont beau colporter que le président de la République n’est plus maitre de lui-même, qu’il est téléguidé et manipulé par son fils, Hafedh Caïd Essebsi – des accusations dont ils n’ont pas apporté la preuve par ailleurs -, le fait est qu’ils n’ont aucun moyen de riposter. La voie constitutionnelle est obstruée, en l’absence de Cour constitutionnelle, par leur faute, ce que d’ailleurs se plait à leur rappeler le cabinet du président de la République; quant aux leviers politiques qu’ils pourraient actionner, leur impopularité attestée par toutes les enquêtes d’opinions le leur interdit. Toute manoeuvre grossière pourrait leur attirer les foudres des citoyens, qui pourraient avoir de la sympathie pour le « vieux » que les jeunes loups malmèneraient, brutaliseraient, et tout le personnel politique est conscient de la délicatesse de la situation.

BCE, son entourage et Nidaa Tounes n’ont certainement pas digéré le « coup de force constitutionnel » du chef du gouvernement, Youssef Chahed, quand il a fait valider par le Parlement sa nouvelle équipe sans le consentement de celui qui l’avait « fabriqué » et installé au palais de la Kasbah. En politique aussi « la vengeance est un plat qui se mange froid« . Bon, les intérêts commandent parfois de taire ses états d’âme, ses rancoeurs pour pactiser, même avec le Diable, mais les politiciens n’en restent pas moins des humains et ne se privent pas, à l’occasion, de retours de manivelle. Manifestement le président de la République et son camp n’ont pas l’intention, sur cette affaire des amendements de la loi électorale, de laisser passer leur tour. Et la position de l’ISIE, qui a sèchement fermé la porte aux injonctions du parti majoritaire à l’ARP, Ennahdha, rappelle à tout le monde que le chef de l’Etat, quel que soit le jugement qu’on a sur lui, reste le maitre du jeu. C’est ainsi.

Ceux qui arguent que Hafedh Caïd Essebsi souffle à l’oreille de son père n’ont pas tort, au moins pour cette raison : Lui et les siens, qui ont cramé le peu de crédit qui leur restait, ont tout à fait intérêt à ce que Karoui prenne part à la course électorale. Certes le fondateur de Nessma TV a son propre label, mais il demeure, comme l’a rappelé Néji Jalloul, un produit de Nidaa Tounes et rien n’empêche ses ex-compagnons de l’adouber pour les prochaines élections. C’est même la seule carte des nidaïstes pour continuer à exister, d’après les sondages. Alors oui, il est fort possible que le parti bâti par BCE fasse pression sur ce dernier, mais à ce qu’on sache la tactique, même honteuse, n’est pas un crime en politique, comme ne le sont pas du reste les manoeuvres de Tahya Tounes, Ennahdha et compagnie pour liquider leur plus sérieux concurrent, Nabil Karoui…

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