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Qui a armé le bras de Jalloul pour frapper Chahed et son PLF?

« Pour sortir de la situation économique actuelle, le gouvernement a opté pour des solutions traditionnelles lors de l’élaboration du projet de loi de finances 2019 (PLF) (…). Ce projet (PLF) constitue un budget d’élection, puisque que le pays se prépare aux élections présidentielles et législatives de 2019« , a déclaré Néji Jalloul, DG de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) et membre de Nidaa Tounes, rappelons-le. Le sémillant et tonitruant ex-ministre de l’Education nationale, qui avait l’UGTT aux trousses et qui est bien content que son parti l’ait planqué à l’ITES, a recommandé au gouvernement de l’audace et de l’innovation. Des conseils sans doute frappés au coin du bon sens, mais qui surtout ne coûtent rien quant on n’est pas obligé de les mettre en pratique dans un pays devenu quasiment ingouvernable. Mais le patron de l’ITES n’a pas dit que ça lors de cette rencontre sur le PLF 2019, il a asséné que l’équipe de Youssef Chahed « œuvre actuellement à calmer délibérément la situation et à renvoyer toutes les questions importantes aux prochains gouvernements« , rapporte la TAP. Puis est venu le coup de grâce sur ce texte dont on ne connait pas encore tous les secrets et que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, tente de négocier dans un contexte économique âpre : le PLF 2019 ne solutionnera pas les problèmes qui ont alimenté le soulèvement populaire de 2011, notamment le chômage, la dégradation du niveau de vie et la montée de l’endettement, a conclu Jalloul.

Vu la position qui est la sienne, cadre dans un parti dont le directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi (HCE), a fait de l’élimination de Chahed l’alpha et l’oméga de son action, il est légitime de se demander si le directeur de l’ITES n’a pas été armé par HCE pour descendre en flammes le PLF 2019. Soit Jalloul fait son travail, strictement, comme il le fait pour les autres grands dossiers, soit il a été mandaté pour casser du Chahed. On ne peut pas exclure complètement la deuxième option car ce n’est un secret pour personne : Nidaa Tounes va très mal et est au bord du précipice. Mais Jalloul, étrangement, n’en parle jamais. En tout cas jamais en public. Sauf si ce n’est pour en dire du bien, comme par exemple lors de sa sortie sur un parti qui fourmille de têtes bien faites et qui sont capables de sortir le pays du trou en à peine 6 mois. Il a dit ça le 6 août 2018. Le parti s’est bien dépeuplé depuis, au point d’afficher moins de la moitié des députés qu’il comptait en 2014 (86 élus). Mais ça l’ex-ministre de l’Education n’en parlera pas non plus. Silence de mort.

Dans un certain sens on le comprend, il a envie d’être tranquille après ses tourments au département de l’Education. Quand on voit la débauche d’énergie de Essebsi junior pour déloger Chahed de la Kasbah, on se dit qu’il vaut mieux ne pas être dans son viseur. Et justement souligner le climat délétère à Nidaa Tounes c’est critiquer son commandant, et critiquer son commandant c’est en faire un ennemi. Chahed l’avait fait publiquement, à la télévision, le moins qu’on puisse dire est que ça n’a pas soigné ses intérêts dans le parti. Bon, c’est peut-être une chance pour lui, pour après, s’il décidait de divorcer et d’amener dans son sillage les nombreux déçus, mais en attendant sa posture belliqueuse contre HCE le dessert, en parasitant son action et en polluant la trajectoire politique du pays. Jalloul n’a pas envie d’être pris par la broyeuse HCE. Mais avec le rang qui est la sien dans le parti, avec le niveau de responsabilité qu’il a dans l’appareil d’Etat et avec sa cote de popularité, selon tous les sondages, se taire devant le naufrage du parti vainqueur des élections de 2014 est un lourd passif qui peut valoir une lourde condamnation au Tribunal de l’Histoire.

Nouri et Ennaiffer s’y mettent aussi !

L’analyste économique Fathi Nouri abonde dans le même sens que Jalloul. Pour cet expert, le PLF est un projet d’élection car il ne prévoit aucune hausse des taxes ou une réforme du système de subvention qui devra cibler les catégories à faible revenus.

S’agissant de l’endettement extérieur, Nouri a souligne que la Tunisie a besoin de mobiliser 10 mille millions de dinars, dont 2300 millions de dinars sur le marché intérieur et 7000 millions de dinars des institutions internationales de crédit, outre 890 millions de dinars des marchés financiers.
Il a, dans ce cadre, rappelé que la Tunisie n’est pas parvenue à mobiliser 1000 millions de dinars budgétisés en 2018 et elle n’est pas encore sortie sur le marché international.
Pour l’expert, la situation politique actuelle qu’il a qualifié de « pourrie » a compliqué davantage la situation en renforçant davantage la dépendance du pays au Fonds monétaire international.

Pour sa part, le président du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique, Nafaa Ennaiffer, a estimé que le PLF 2019 mènera le pays vers un danger imminent, critiquant l’approche adoptée lors de l’élaboration de ce projet.
« Le gouvernement œuvre à assurer la couverture de certaines dépenses par le biais des taxes ou le recours à l’endettement« , a-t-il encore expliqué.
Il a fait savoir que la masse salariale devra augmenter, au cours de la période 2015/2019, de 50% alors que le service de la dette enregistrera une hausse de 100% pour se situer en 2019, à 9,2 milliards de dinars, contre 4,5 milliards de dinars en 2015.
Ennaiffer a souligné que la situation actuelle de la Tunisie nécessite de la part du gouvernement plus d’audace lors de l’élaboration de la loi de finances.
Et de préciser qu’il faut maitriser les dépenses et stopper l’hémorragie de dépenses des entreprises publiques et les caisses de sécurité sociale.

A mesure que se dévoilent les éléments du PLF 2019, texte le plus important et le plus commenté du moment, mais aussi le plus secret et dont on laisse astucieusement filtrer quelques morceaux, les avis vont se figer – pour, contre… En attendant on se garde bien de sortir du bois. Même ceux dont on dit qu’ils seront relativement choyés par la prochaine Loi de finances, les entrepreneurs, se gardent de pavoiser, et encore moins défendre le PLF. Ils restent sur leurs gardes. Mais l’expert en économie Azzedine Saidane a, semble-t-il, sa petite idée sur la question : le Budget 2019 est taillée pour les dépenses et non l’investissement, et n’apportera donc pas grand chose à l’économie du pays, comme le pensent Jalloul, Nouri et Ennaiffer. On verra bien dans peu de temps. En tout cas une chose est sûre : De sa capacité à négocier les virages pour faire passer le PLF, à y mettre ce qu’il faut pour en même temps régler les problèmes macroéconomiques et ménager le porte-monnaie du citoyen dépend l’avenir politique de Chahed. A moins qu’il opte pour un point de chute doré dans quelque institution internationale, loin du chaudron tunisien qui a la fâcheuse tendance à brûler ses dirigeants, une affaire qui risque de durer, autant que le long temps de l’apprentissage des us et coutumes de la démocratie.

S.L.

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