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Cherif met des biscuits sous la dent de Chahed, pour qu’il oublie les patrons

Tout le monde s’active autour de la Loi de Finances (LF) 2019, les organisations patronales en premier pour tenter, cela n’a échappé à personne, d’influencer la direction du texte le plus commenté de l’année et s’éviter ainsi le bâton fiscal de la précédente LF et dont les entreprises s’étaient beaucoup plaintes. L’UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat) a lancé tous azimuts des offensives de charme pour amener le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à de meilleurs sentiments… fiscaux. La CONECT (Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie) n’est pas en reste. Chahed a même répondu favorablement à la requête des patrons en disant et en redisant qu’il n’y aura pas de matraquage fiscal l’an prochain et que le gouvernement regarde ailleurs pour financer ses actions. Cette bataille est donc gagnée pour les patrons. Enfin presque. Pour s’assurer que Chahed et ses ministres laisseront enfin les entrepreneurs tranquilles et ne les assommeront plus avec d’autres impôts et taxes, il faut leur mettre d’autres biscuits sous la dent et surtout faire en sorte qu’il ait moins d’appétit, pour oublier définitivement les chefs d’entreprise. Le président de la CONECT, Tarek Cherif, a sa petite idée sur la question. Interrogé par Africanmanager sur le projet de la LF 2019, en cours d’élaboration par les parties concernées, il a déclaré que l’organisation a envoyé ses recommandations aux trois présidents, de la République, du gouvernement et du Parlement, pour exprimer son désaccord par rapport à certaines questions dont principalement les dépenses de l’Etat et la création de la banque des régions.

«Il faut que le train de vie baisse au niveau des dépenses de l’Etat et il faut essayer de réduire au maximum la charge de la masse salariale et des dépenses de fonctionnement pour consacrer un peu plus de l’argent à l’investissement», a-t-il précisé.

Au niveau du secteur privé, il a appelé le gouvernement à relancer la confiance, améliorer l’environnement des affaires et donner toutes les incitations pour que les investisseurs privés mettent leur courage en application et aillent de l’avant.

Outre la réduction du train de vie de l’Etat, Tarek Cherif a dénoncé la mise en place d’une banque des régions, faisant remarquer que cela n’a pas de sens : «Nous avons déjà 26 banques et on n’a pas besoin d’une 27ème», a-t-il dit.

Il a par ailleurs appelé à consolider les banques qui existent déjà et à fusionner certaines autres. «Nous avons besoin de banques qui ont des moyens (…). Il ne s’agit pas de construire ou louer un siège et mobiliser quelque 400 millions pour mettre en place une banque qui au bout de 3 ans va se retrouver dans les mêmes difficultés que les autres», a déclaré Cherif, appelant ainsi à oser la privatisation et la fusion. «Nous devons aller vers les fonds d’investissement dans les régions parce qu’on a plus besoin de capital risque que de crédit qui aujourd’hui coûte très cher (…) Nous voulons aussi que l’Etat soutienne les PME et encourage les fonds d’investissement à investir dans les régions», a-t-il assuré.

Dans le même ordre d’idées, Tarek Cherif a indiqué qu’aujourd’hui on n’a plus besoin de crédit mais plutôt de crédit de capital risque et ça ce n’est pas la banque des régions qui va le donner, selon ses dires. «Ça fait trois ans qu’on dit qu’on n’a pas besoin de banque des régions mais malheureusement il y a un entêtement dont on n’arrive pas à comprendre l’origine mais qui va coûter très cher à la communauté publique. On se donne rendez-vous dans trois ans. Le problème c’est que dans ce pays on ne fait pas de bilan (…) J’espère qu’on ferra le bilan du fonctionnement de cette banque dans trois ans», a-t-il précisé.

Le président de la CONECT a sur le même sujet ajouté que l’Etat a une participation minoritaire dans 14 ou 15 banques et qu’il faut se désengager. Aussi, pour les banques publiques, il faut en garder une et fusionner les deux autres. «On a déjà privatisé deux banques publiques qui sont devenues aujourd’hui beaucoup plus fortes qu’avant, à savoir la banque du sud qui est devenue Attijari et l’UIB, deux fleurons qui sont en train de rendre un service énorme à l’économie nationale», a encore affirmé Cherif, avant de s’interroger : «Pourquoi priver notre pays de la possibilité de voir des banques plus performantes (…) L’Etat n’a pas besoin de garder trois banques.

Toujours par rapport à la création d’une banque des régions, il a évoqué comme solution la transformation de la Poste en banque postale, qui fait la poste et la banque au même temps : «La Banque postale existe déjà en France… je n’ai rien inventé…Elle peut jouer parfaitement le rôle de la banque des régions», a encore expliqué Tarek Cherif.

Concernant le partenariat public-privé (PPP), Tarek Cherif a tenu à préciser que la CONECT a toujours défendu le PPP comme notion économique et accélératrice de croissance dans le pays. Ainsi, cela permettra, selon ses déclarations, à la population dans différents domaines de différentes régions d’avoir une réponse à leurs besoins sans attendre des années ou des décennies pour avoir une université, un hôpital, une autoroute, un pont ou encore des usines.

Le PPP donnera aussi à notre pays la possibilité de faire des investissements avec moins d’endettement pour les générations futures, sachant que les investisseurs étrangers vont via le PPP promouvoir les projets, créer une dynamique économique et donner des facilités à la population «et puis au bout de 30 ans le bien revient au pays puisque cela a permis d’accélérer la croissance et mettre les projets en marche», a-t-rassuré.

«Ce qu’il faut c’est juste avoir un cadre juridique incitatif qui met les gens en sécurité», a poursuivi Cherif, faisant remarquer qu’il s’agit là d’investisseurs privés venant faire des affaires avec l’Etat et ils ont besoin d’être en sécurité.

Il faut, aussi, que les gens qui investissent trouvent une rentabilité : «Il ne faut pas que les gens perdent de l’argent», a souligné le président de la CONECT, avant de faire remarquer que plusieurs pays ayant promu le PPP avant nous récoltent aujourd’hui les fruits de leurs investissements.

«Je pense que l’Etat doit contracter des crédits pour les choses que le privé ne peut pas faire ou a moins intérêt à y investir, comme l’Armée, l’éducation et la santé, mais pour le reste il faut pousser les investisseurs privés à aller de l’avant et promouvoir ces projets», a-t-il martelé.

Interrogé sur le climat des affaires actuel, il est d’avis que les choses vont se détendre : «Nous sommes à la veille des élections et c’est normal qu’il y ait des remous de part et d’autre. Je reste confiant en les capacités et les perspectives de notre pays (…) Nous avons réellement les atouts de compétitivité, il faut juste les mettre en valeur et avoir la confiance en soi, donner confiance aux prometteurs nationaux et internationaux et revoir le cadre juridique pour ne mettre personne en difficulté», a-t-il soutenu.

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