AccueilLa UNEComment survivre aux tuiles qui vont tomber ?!

Comment survivre aux tuiles qui vont tomber ?!

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, vient encore d’apporter la preuve qu’il sait tailler dans le vif, sans états d’âme, du moins c’est ce qu’il laisse paraitre dans son discours musclé suite au grand nettoyage dans le secteur de l’énergie et des mines. C’est même plus qu’un coup de balai puisque c’est tout un ministère qui a été rayé des tablettes, pour être fusionné avec le département de l’Industrie (on ne sait pas comment Slim Feriani va se dépatouiller avec toute cette charge !). Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, s’en est ému, publiquement, mais c’est à peu près le seul responsable, le personnel politique commente ça avec tiédeur, en essayant de voir le bénéfice, politique, qu’il peut en tirer… en tirant sur Chahed. Quant aux citoyens, bringuebalés par mille problèmes (l’inflation ; les dépenses de la rentrée scolaire ; la hausse des prix du carburant laquelle, on le sait maintenant, s’inscrit dans la durée, etc.), ils évoquent, entre deux collations, ces têtes décapitées comme un fait divers, un de plus et dont on sait par avance qu’il ne changera en rien leur quotidien, et encore moins celui du pays. Et tout ce beau monde regarde ça comme une affaire qui ne le concerne guère, comme un dossier trop compliqué, aux embranchements complexes et où il est impossible, pour le moment, d’identifier le vrai et le faux malgré le grand déballage des acteurs de cette affaire. Reste les problèmes du pays, et de Chahed. Eux ils sont bien là, palpables.

Les experts le savent, les discours du FMI ont tendance à prendre une forte coloration politique, ou diplomatique si vous voulez, pour justement ne pas achever la bête que l’institution est en train de sauver. Parce qu’elle sait que ses communiqués sont épiés par les autres bailleurs et que le moindre signe de démobilisation de sa part peut enclencher une spirale infernale qui pourrait briser la confiance, et faire déguerpir les autres soutiens de la Tunisie. Alors le FMI fait gaffe à ce qu’il dit, et verse volontiers dans la technique de la dissertation de philosophie : Thèse, Antithèse, Synthèse. De ce point de vue sa dernière note sur l’économie tunisienne est très parlante. Certes il y a le lot habituel d’encouragements, pour ne pas plomber le moral des élèves (les autorités), il y a aussi des remarques objectives sur les progrès accomplis et les bonnes résolutions et orientations prises pour les prochaines années. Mais il y a également des recommandations sur ce qui reste à faire, et il y a un sacré paquet. Tout est là, sous nos yeux, pas besoin de lire entre les lignes pour mesurer les difficultés qui attendent Chahed, et surtout le travail qu’il faudra abattre pour toucher la quatrième tranche du prêt de 2,8 milliards de dollars, une bouffée d’air dont les caisses du pays ont cruellement besoin.

Les gros pépins, dès ce mois

Certes le FMI s’est félicité des efforts faits pour les dépenses sociales, pour justement acheter la paix sociale sans laquelle tout l’édifice pourrait s’effondrer (c’est pas dit texto dans le communiqué, mais l’argument avait déjà été exposé). Mais l’institution souligne également la nécessité de continuer à réduire sensiblement le déficit
budgétaire. Or c’est justement le contraire que demande l’UGTT au gouvernement, et a même menacé samedi 1er septembre 2018 de paralyser le secteur public par une grève générale si Chahed ne montre pas plus de célérité dans les négociations sur les augmentations de salaire. Et que dire de l’année scolaire, déjà prise en otage par le Syndicat de l’enseignement secondaire, pour les mêmes raisons, des sous, malgré les assurances du secrétaire général de l’UGTT.

De l’argent, qu’il n’a pas, c’est ce que tout le monde demande à Chahed. Or on sait que le projet de la Loi de Finances 2019 n’édicte pas de nouvelles taxes, aussi bien pour les entreprises – l’UTICA et la CONECT veillent au grain – que pour les citoyens. Cela tombe bien, ces derniers en ont soupé avec un endettement auprès des banques qui atteint des sommets, pour les besoins de la consommation. Mais si personne ne paye plus, comment le chef du gouvernement se dégagera des marges de manoeuvre pour sortir les billets que tout le monde lui demande ? Ce ne sont pas les recettes du tourisme, même à leur plus haut niveau depuis des années, qui vont tirer Chahed d’affaire ; et encore moins les revenus du phosphate, qui sont tout ce qu’il y a de plus aléatoire.

C’est pas un bon chef de gouvernement qu’il faut à la Tunisie pour la prochaine période, c’est un magicien, un illusionniste, un alchimiste des calmants économiques, mais aussi un sacré puncheur politique pour survivre face aux coups qui pleuvent de partout. Chahed se défend pas mal en ce moment, mais combien de temps tiendra-t-il encore ? Pourra-t-il passer entre les gouttes jusqu’au scrutin de 2019 ? Si les attaques depuis son propre camp se sont un peu calmées, c’est parce qu’à part Chahed et Néji Jalloul, tous les autres ténors du parti se feraient écraser aux prochaines élections. Alors on ménage un peu le chef du gouvernement, sauf quelques tirs sporadiques, juste pour montrer que les anti-Chahed ne tournent pas dans le sens du vent de la popularité du locataire de la Kasbah. Reste à savoir si Chahed, qui en a bavé avec les siens, aura envie d’être cet homme providentiel capable de sauver Nidaa Tounes d’une déroute certaine en 2019. « Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie« , disait le chanteur français Johnny Hallyday. C’est toute la problématique avec Chahed. A moins qu’il ait un tout autre dessein : Faire cavalier seul en montant sa propre formation politique… ou larguer les amarres pour des lendemains plus paisibles et surtout plus juteux dans un de ces organismes internationaux qu’il connait bien et qui le recevraient avec les égards dus à son rang d’ex-chef de gouvernement.

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1 COMMENTAIRE

  1. A ce rythme et selon ces données, quelque soit le nom et les compétences qu’il engage avec lui, la solution de Monsieur le chef du gouvernement ne peut venir que de l’extérieur.
    Si Mr Chahed n’a pas les moyens financiers pour faire face aux demandes mal calculées de tout la population, qui saura trouver les poules pondeuses de l’or ? En fait personne ne nous aidera car la vrai réponse doit venir de l’intérieur en créant des emploies réels qui génèrent la richesse en bien et services. « Aide toi, le ciel t’aidera ». Ce qui est certain, c’est que nous disposons actuellement d’un appareil capable d’accroupir (comme ils veulent le dire) tout gouvernement, y compris son chef. Cette force de démolition (souvent nécessaire à bonne dose) des instances politique, est consolidée par le mental des personnes insouciantes des inflations causées par la réduction de l’offre face à la croissante demande de services et de biens utiles de tous les jours. De plus un mental que peu de responsables et politiciens ont réussi à le corriger, est celui de se faire payer sans contre partie en travail productif. De plus, le manque de courage de monsieur tout le monde, de dire non à ceux qui appellent à l’arrêt de la production à partir d’une simple commande à faible consommation énergétique.
    Ces trois facteurs facilitent aux maîtres danseurs de tout gouvernement en place, la démolition de l’économie nationale, la régression de la confiance dans le domaine des investissements locaux et étrangers, la détérioration des ambiances sociales favorisant la sortie de la crise.
    Or, ce qu’il nous faut, est avant tout le recyclage du mental des responsables politiques et syndicaux qui doivent passer aux casernes pour réapprendre la discipline et le respecter des vrais valeurs de la sécurité des tunisiens contre toute agression intérieure et extérieure et la défense de nos richesses humaines et matérielles.
    Le travail sérieux, le sacrifice collectif, la discipline, l’absence de banditisme et le partage des douleurs et des plaisirs, constituent notre commun destin, si nous voulons rendre au moins la Tunisie meilleure à ce qu’elle l’était avant 2011.
    Nous étions considérés comme le dragon de l’Afrique en développement il y a quelques années, et nous occupons la dixième place en 2017. Ne devons nous pas nous débarrasser des anesthésies, nous réveiller et vaincre la pesanteur de l’insouciance, de l’hégémonie et de la paresse qui range un nombre important de notre inconsciente population ?

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