AccueilLa UNECe que change la maladie de BCE, ce qu'elle ne changera pas

Ce que change la maladie de BCE, ce qu’elle ne changera pas

L’effervescence autour de la maladie du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi (BCE), est retombée. Bon, il y a les messages et télégrammes de ses pairs étrangers qui continuent de tomber – dernièrement le roi du Maroc, le président turc, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale libyen, le président du Conseil des ministres italien… -, mais on est loin de l’agitation de cette folle journée du 27 juin 2019 où la non moins folle rumeur avait enflammé les esprits : « le président de la République est décédé« . L’affaire a même commencé à prendre dans les journaux étrangers. Elle commençait à devenir incontrôlable. Du côté de la présidence de la République, à part un communiqué laconique sur le fait qu’il n’en est rien et que l’état de BCE est stationnaire, on s’est bien gardé de sortir la moindre photo du président entouré de ses médecins – ça viendra plus tard -, pour apporter la preuve qu’il est bien en vie. On peut soupçonner le staff de Essebsi d’avoir laissé monter la sauce, d’avoir certains oiseaux de mauvais augure s’enfoncer en dissertant sur le décès du président, pour mieux contre-attaquer avec des clichés sur un BCE fringuant, posant fièrement aux côtés de ses toubibs. Les images chocs, il n’y a que ça de vrai en politique ! Pour le reste, les enseignements de cette affaire sont nombreux…

D’abord il y a l’éveil presque miraculeux du chef de l’Etat; pour quelqu’un qui était donné pour mort, le terme de miracle n’est pas trop fort. Cette affaire a même valu à BCE un élan de sympathie, une compassion et une popularité qu’il n’avait pas connus depuis belle lurette. Cela lui a certainement fait beaucoup de bien, lui qui avait oublié le goût des bonnes opinions dans les sondages. Il ne lui reste maintenant qu’à gérer le reste de son mandat, très tranquillement et surtout se garder de jouer les empêcheurs de tourner en rond, pour se retirer sur la pointe des pieds – sortir par la grande porte diraient certains -, puisque sa maladie vient de balayer les derniers doutes sur sa capacité à rempiler pour un second mandat. Que laissera celui qui a tout fait pour mériter le glorieux statut de digne successeur de Bourguiba ? Et bien il laissera un champ de ruines…

Que des perdants

D’abord Ennahdha, un mouvement qui a perdu sa belle assurance suite à une avalanche de sondages de tous bords qui ne lui prêtent plus le premier rôle. Les islamistes sont tellement déboussolés que la fille du leader, Rached Ghannouchi, s’est enhardie à des calculs politiques d’un très mauvais goût suite à ce qu’elle a pris pour la disparition physique du chef de l’Etat et qu’elle a relayée sur les réseaux sociaux. Une affaire fâcheuse qui ne soignera pas la cote du mouvement qui fait au mieux 15% dans les intentions de vote pour les législatives, là où elle trônait avec au moins 30% il n’y a pas si longtemps. Les temps sont durs pour Ghannouchi et compagnie, au point qu’ils sont tentés de se rabattre sur l’ancien président Moncef Marzouki, pas au meilleur de sa forme dans les enquêtes d’opinions.

Ensuite il y a les héritiers de BCE, en premier son fils, Hafedh Caïd Essebsi, qui a littéralement saccagé le parti, Nidaa Tounes, avec un morcellement qui semble presque gravé sur le marbre, et un point de non retour qui a été franchi et que Essebsi n’a plus la force de corriger. Il avait promis de reprendre en main sa création, de rassembler tout le monde et d’organiser des élections internes tout ce qu’il y a de plus démocratiques. C’était sans compter sur son déclin physique et le calendrier très serré qui nous a déjà, de fait, plongé dans l’effervescence électorale sans qu’on sache si la situation sera meilleure après octobre et décembre 2019. Certains, beaucoup même, prédisent le pire…

Enfin il y a le fils prodige, Youssef Chahed, qui a profité de la guerre imbécile que lui faisait le fils biologique du chef de l’Etat pour prendre son destin en main et tailler la route tout seul. Pour l’instant ça ne lui réussit guère, à en croire les sondages, et il se pourrait que l’aventure tourne court très prochainement. En attendant il fait ce qu’il peut, fait feu de tout bois, mais il y a toujours cette impression qu’il verse de l’eau dans un récipient troué de partout, la Tunisie étant devenue un océan de problèmes, et ce n’est pas de sa faute très objectivement

C’est tout cela que BCE laissera. Un pays qui pourrait, dans quelques mois, tomber dans les bras d’un gloubi-boulga de candidats dits anti-système et indépendants, qui ne seraient pas du sérail. Le chef de l’Etat doit certainement y songer, au crépuscule de sa vie politique. Il doit aussi certainement penser à ce parti, Nidaa Tounes, qu’il n’a pas su ou voulu sauver, à ces tas de rendez-vous manqués, à ce pays qu’il aurait certainement pu mieux servir, même s’il lui a indéniablement rendu de grands services, notamment après le départ précipité de Ben Ali. Essebsi et ses satisfactions, ses remords, ses regrets; à côté la Tunisie et ses ennuis, très gros. C’est le seul horizon qui se présente à nous en ce 10 juillet 2019…

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