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Grève des fonctionnaires : Seul face à l’UGTT, dans une bataille plus politique que salariale

Seul, comme un grand pour certains, ou comme un pestiféré pour d’autres, le chef du gouvernement reste droit dans ses bottes face aux revendications d’augmentations salariales de son partenaire-ennemi l’UGTT. Aucun de ses ministres n’a osé aller défendre les positions du gouvernement sur la question des augmentations salariales. Ridha Chalghoum, dont c’est le dossier par excellence en tant que ministre des Finances, tout comme Kamel Morjane, qui est ministre de la Fonction publique, brillaient depuis une semaine par leur absence sur des plateaux TV envahis par les représentants de l’UGTT venus faire monter la mobilisation en faveur de la grève.

Pas de communiqué, non plus, des partis de la coalition gouvernementale qui soutiendraient le chef de gouvernement pour qui ils avaient voté, au grand dam du chef de l’Etat et de Nidaa Tounes qui s’étaient alignés sur la position de l’UGTT. Et d’ailleurs, c’est aussi une totale absence de communication de la Kasbah qui a toujours caractérisé ses bras de fers avec l’UGTT.

Personne n’ignore pourtant que la grève est avant tout politicienne et orientée contre Youssef Chahed en personne. On ne rappellera pas les appels incessants de Noureddine Taboubi, bien avant la décision de la grève, au départ de Youssef Chahed. Bien avant la liquidation du «Document de Carthage», l’UGTT avait été la 1ère à en claquer la porte, à cause justement d’un non accord sur le départ de Youssef Chahed.

Force est aussi de remarquer que cette grève sonne comme le dernier coup de sabre de tous les ennemis et adversaires de Youssef Chahed. Ce dernier a jusque-là résisté à toutes les saillies, y compris à celles de Béji Caïed Essebssi et de son fils. Ces derniers ont-ils réellement enterré la hache de guerre depuis la conférence de presse du chef de l’Etat et après le vote de confiance à l’ARP ? Il semblerait que non.

En effet, selon le site de «Maghreb Intelligence», dans un article du 21 novembre 2018 qui essayait de retracer les vraies raisons du durcissement de la position de l’UGTT, alors qu’elle connait mieux que d’autres la réalité des finances du pays, «le staff du chef du gouvernement a les idées bien claires sur le véritable instigateur de la grève générale (…). Le regard des conseillers de Youssef Chahed et des principaux ministres se tourne vers le palais de Carthage. «Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT a été reçu par le président de la République plus de 4 fois ces dernières semaines», explique un des proches de Youssef Chahed. De là à dire que le patron de la centrale syndicale roule pour le clan Essebssi, il n’y a qu’un petit pas que beaucoup dans l’entourage de la Kasbah n’hésitent pas à franchir». Et la même source d’expliquer que «Face à l’atonie de Nidaa Tounes, le président a besoin d’une force politique qui puisse faire contrepoids à la fois à Ennahdha et au projet politique de Youssef Chahed».

Ce qui est sûr, tout comme pour Mehdi Jomaa qui lui doit toute l’auréole d’homme d’Etat lequel lui assure jusqu’à présent une assez bonne position dans les sondages d’opinion, la grève de la fonction publique semble être la mère des batailles qui déterminera l’avenir politique de Youssef Chahed. Certains observateurs vont jusqu’à dire que gagnant ou perdant, Youssef Chahed sera l’unique à en tirer bénéfice.

Selon ces mêmes sources qui ont requis l’anonymat par crainte de représailles du syndicat (tout comme les députés qui ont été fortement attaqué ce jeudi 22 novembre 2018 par Taboubi), si la grève réussit à faire plier le gouvernement sur la question de l’augmentation des salaires, il perdra l’appui des bailleurs de fond, mais aussi d’une large partie de l’opinion publique. Une partie déjà ulcérée par les grèves (ndlr : la grève de la fonction publique devrait être suivie par celle des enseignants), ainsi que par les demandes salariales incessantes pour des fonctionnaires, dans une Administration en surbooking, remplie d’amnistiés de ladite révolution et très peu productive.

S’il ne cède pas, il en tirera aussi une victoire qui en fera la seule personnalité toujours au pouvoir à avoir osé défier la toute puissante centrale syndicale et avoir tenu tête depuis des mois à l’autre force qui demandait son départ, et cela le propulsera immanquablement vers la plus haute marche du podium, bien que ce ne soit pas forcément celle-là qu’il cible !

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