Tout ce tintamarre autour des amendements de la loi électorale, toute cette pression folle sur le vieux briscard que pourtant tout le monde savait malade – eh oui, l’univers de la politique a une cruauté qui n’obéit à aucune rationalité -, puis plus rien. Silence… de mort. Le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi (BCE), s’est retiré sur la pointe des pieds, laissant détracteurs, soutiens et toute une nation dans le désarroi le plus total, face à un avenir dont personne ne sait de quoi il est fait. Pour le chef de l’Etat défunt, sa plus grande victoire aura finalement été de forcer tout le monde, même ses adversaires les plus coriaces, à lui rendre un hommage appuyé et qui ne souffre d’aucune ambiguïté, quelles que soient les rancoeurs. La disparition de cet homme, au brillant parcours, quoi qu’on pense de lui, interdit toute fausse note. Il est parti avec panache, brio, un 25 juillet, en pleine célébration de l’avènement de la République, donc qu’on le veuille ou non tout le monde se souviendra forcément de lui, au moins une fois tous les ans. A voir tous ces messages qui affluent, du monde entier, son ex-compagnon Rached Ghannouchi, président d’Ennadha, doit mesurer, avec amertume, la distance qui le sépare de BCE. Mais il n’est pas le seul. Essebsi est parti en laissant un paysage politique sinistré…
Gueule de bois pour les pro-amendements
Maintenant on le sait : le chef de l’Etat était vraiment souffrant et était dans l’incapacité d’examiner sérieusement et encore moins parapher les amendements sur sa table. Douloureux réveil pour les pro-amendements et les théoriciens d’un président téléguidé par son fils. Personne n’aimerait à leur place. In fine c’est le fait de valider la nouvelle loi électorale, dans l’état dans lequel était BCE, une décision qui engage le devenir de toute une nation, qui aurait été la pire chose pour la République et sa transition démocratique. Maintenant on le sait, mais après de sacrés dégâts provoqués par des rumeurs folles sur le « cabinet noir » derrière le président, des bruits qui ont divisé un peu plus le pays, et ce ne sont pas les appels à l’unité nationale après la disparition du président de la République qui vont y changer quelque chose. Le mal est fait !
Chahed est éploré, et il a bien raison
Personne n’a pas pu passer à côté du visage marqué du chef du gouvernement, Youssef Chahed, derrière le président du Parlement, Mohammed Ennaceur, quand ce dernier s’adressait à la nation suite au décès de Essebsi. Un Chahed manifestement au bord des larmes et qui se retenait très difficilement. Dans sa tête se bousculaient un tas de choses. Il y avait certainement la douleur très sincère suite au décès de l’homme qui l’avait choisi, à la surprise générale et imposé à la Kasbah. Il y avait aussi certainement des réflexions sur la manière avec laquelle ils s’étaient fâchés, séparant leurs routes. Une dispute qui parait si dérisoire, si futile, maintenant que le combat a cessé faute de combattants. Jusqu’au bout, jusqu’à la fin, BCE et son entourage ont refusé de communiquer directement avec Chahed. Ce dernier devait aussi penser à son destin politique, qui part mal avec les intentions de vote que l’on sait dans les derniers sondages. Rien à voir avec une concurrence qui brille, notamment Nabil Karoui, que rien ne peut désormais empêcher de briguer le fauteuil de Carthage, rien à part de gros ennuis judiciaires…
La désillusion de Intissar Kheriji
La fille de Ghannouchi, Intissar Kheriji, comptait sur le chef de l’Etat par intérim, Mohammed Ennaceur, pour parapher les fameux amendements que Essebsi avait « pris en otage », selon les islamistes et les partisans de Tahya Tounes. Ces amendements ils n’en verront pas la couleur. Ennaceur ne fera rien, très vraisemblablement. D’abord parce qu’il parce qu’il n’en aura pas le temps; il débarque très tard, à 3 jours de la dite limite fixée par l’ISIE pour la publication de la loi électorale amendée dans le Journal Officiel. Mais plus important encore : il n’en a pas la volonté. Lui et son camp, Nidaa Tounes, du moins ce qui en reste, n’ont aucun intérêt à barrer la route à Karoui, un ex-cadre du parti et qui reste finalement leur meilleur atout pour rester dans le système après des élections que les nidaïstes sont presque sûrs de perdre…
La tragédie du fils
Hafedh Caïd Essebsi est assurément le grand perdant suite à la disparition de son père. Lui qui a toujours été considéré par la plupart de ses camarades comme un cheveu dans la soupe, qui s’est hissé là où il est par la seule force de son patronyme, sans aucun mérite ni politique ni de par son parcours professionnel, a de bonnes raisons de se faire du souci pour son avenir. Il part aux élections avec un parti morcelé, fracassé et sans son papa-bouclier. Le fondateur de Nidaa Tounes avait promis de requinquer le parti, de le réunir et de faire battre de nouveau le coeur des militants, son déclin physique ne lui en laissera pas le temps. Les taches sur son florissant passé politique auront été le lâchage du parti qu’il a bâti de ses mains après son installation à Carthage, son refus réitéré de stopper son fils et les gros dégâts qu’il a provoqués, son incapacité à rebâtir le « Nidaa historique » et à ramener au bercail Youssef Chahed, alors qu’il en avait les moyens à tous les niveaux…
Rien ne se crée, ne se perd, tout se transforme. Faut-il être bon visionnaire pour bien déchiffrer le passé du futur ? L’intelligente, sage stratégie peut soit propulser vers le bien ou faire stagner un peuple. Que notre dieu unisse nos efforts pour notre bien à tous et surtout à nos innocentes victimes qui vont supporter les crédits en partie dilapidés par la médiocre gouvernance.
Qu’ils soient gagnants ou vainqueurs, ces politiciens n’ont pas le droit de nous faire souffrir ni d’hypothéquer l’avenir de nos futures générations. Il faut éviter à ces derniers de devenir soit des esclaves financiers de ceux dont les parents ont su mieux gérer leurs présents, soit des immigrés, fugitifs à la merci de ceux qui vont les exploiter. Messieurs les prétendants à notre direction, évitez nous la souffrance et le mauvais usage de nos énergies au travail, donc de notre potentiel intellectuel et corporel ainsi que de notre précieux temps.
Donc de nos vies que notre dieu à soufflé en nous. .
Messieurs les nouveaux venus à la politique, faites vos querelles aux dépends de vos patrimoines et soyez honnêtes envers les innocentes personnes qui développent et dépensent leurs énergie humaine pour survivre en paix.
Messieurs- Dames, ayez pitié de nous et de notre future génération.