AccueilLa UNEGhannouchi "aide" Chahed à monter un Front pour de bonnes raisons

Ghannouchi « aide » Chahed à monter un Front pour de bonnes raisons

Al Moubadara, de Kamel Morjane, a été le premier à sauter le pas pour fusionner avec Tahya Tounes, le parti du chef du gouvernement, Youssef Chahed. En attendant les autres, surtout Al Baddil Ettounsi, piloté par Mehdi Jomaa et Machrouu Tounes, animé par Mohsen Marzouk. Cela fait un bail que Slim Azzabi, le chef de file de Tahya Tounes (en attendant que Chahed veuille bien descendre dans l’arène…), a ébruité des pourparlers avec ces deux-là, mais il ne se passe rien depuis ! Il faut dire aussi que Marzouk, un véritable OVNI sur la scène politique tunisienne – mais il n’est pas le seul -, est coutumier des négociations qui s’éternisent, qui squattent les gros titres des journaux plus que de raison pour finir en pétard mouillé. On se rappelle de son mariage avec Nidaa Tounes annoncé en grande pompe en août 2018, des noces qui sont finalement tombées à plat. Et Marzouk remet ça avec le Nidaa de Sofiene Toubel… Mais cette fois les choses devraient être différentes avec Tahya Tounes, pour la simple et bonne raison que ni lui ni Chahed n’ont le choix. C’est cela ou le péril de la division, des forces disparates et émiettées qui ne permettent à aucun parti dit progressiste d’émerger et d’exister face à l’ogre Ennahdha, et encore moins prétendre à jouer les premiers rôles dans la direction des affaires du pays. Même les islamistes ont compris tout le bénéfice qu’ils peuvent tirer d’un front progressiste fort en face d’eux et avec eux.

Il faut écouter Jelassi

Ennahdha, on le sait, est la meilleure de la place pour les contorsions, le double langage, la duplicité et autres joyeusetés de ce genre. Mais quand un de ses dirigeants, Abdelhamid Jelassi, déclare publiquement, le 22 mai 2019 sur Mosaïque FM, que le mouvement aimerait voir un solide partenaire pour gouverner avec lui, pour le coup il faut le croire. Sur cette affaire, plus question de double langage. Ennahdha, même auréolée par les prédictions des sondages pour les prochaines législatives, sait pertinemment qu’elle ne pourra pas piloter seule la très agitée Tunisie post-révolutionnaire. Le cuisant échec de la Troïka est là pour rappeler aux islamistes qu’il faut condamner cette porte et qu’il faut y aller avec les autres pour ne pas subir de nouveau la fronde de la rue, celle qui les a éjectés du pouvoir en 2014. Alors si Rached Ghannouchi et compagnie se mettent subitement à entonner la chanson du front progressiste autour de Chahed, ce n’est certainement pas par bon sentiment, c’est le fruit d’une stratégie dictée par la logique implacable des rapports de force dans le pays. Vous y ajoutez l’abstention aux prochains scrutins, qui pourrait être forte, vous obtenez tous les ingrédients d’un pouvoir qui sera de toute façon fragile, régulièrement mis à l’épreuve et qui devra en permanence prouver sa légitimité. Et Ennahdha, qui a été échaudée par les tempêtes de 2011-2014, n’a aucun intérêt à tester de nouveau les limites de sa popularité…

Jebali ne fera pas illusion

Pourtant la tentation de faire cavalier seul est toujours là pour les nahdhaouis, en la personne de Hamadi Jebali, l’ancien chef du gouvernement de la Troïka, qui n’a jamais caché son envie de s’asseoir sur le fauteuil de Habib Bourguiba. Mais ne s’installe pas au palais de Carthage qui veut. Jebali, même avec le costard d’indépendant qu’il veut se tailler, ne fait pas illusion : Il sera toujours le candidat d’Ennahdha. Le soutenir publiquement ? Pourquoi pas a dit cette dernièrement, mais elle l’a dit mollement, comme elle l’a dit pour le soutien de Kaïs Saïed ou Youssef Chahed. Le fait est que Ennahdha, qui n’a pas de poulain pour la présidentielle en dépit des efforts surhumains de Ghannouchi pour l’être (le sourire étincelant qu’il s’est offert, la cravate, etc.), temporise et attend de voir dans quel sens va tourner le vent. En attendant chaque jour avec sa déclaration, chaque jour avec son candidat, et d’ici les élections il y en aura un sacré paquet ! Mais ce dont on est certain c’est que pour rien au monde les islamistes ne risqueraient de s’aliéner l’actuel chef du gouvernement. Leurs relations étaient déjà très bonnes avec les postes très vue que Chahed leur a offerts dans son équipe, elles le sont encore plus depuis que Ennahdha a pesé de toute sa masse de 68 élus pour faire passer le gouvernement au Parlement. Alors pas question d’émettre des signaux négatifs en direction du locataire de la Kasbah qui reste, très objectivement, la meilleure carte d’Ennahdha pour une présidentielle qui n’est pas sa priorité mais sur laquelle il faut, tout de même, peser de tout son poids pour des tas de raisons (le contrôle de la diplomatie, de l’Armée…)

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