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Le chef de gouvernement qui n’aime pas les banques

Le dossier de la gouvernance de l’une des plus importantes banques publiques de la Tunisie, traîne encore. Un état des lieux qui risque d’impacter d’autres dossiers financiers, tout aussi brûlants, comme celui du sort de la TFBank.

Le ministère tunisien des Finances avait lancé, il y a plus de deux mois, un appel à candidatures pour choisir le remplaçant d’Ahmed Rjiba à la tête de la BH Bank. 33 candidats s’y étaient présentés. Une commission, dirigée par l’indépendant et expérimenté Sadok Attia, avait retenu quelques noms.

Elle en aurait fait une liste, remise sous enveloppe fermée à au moins deux parties concernées. Il s’agirait du ministre des Finances et du chef du gouvernement. Le gouverneur de la BCT ne semble pas être concerné par ce dossier. Depuis, en tout cas, le dossier poireaute entre Youssef Chahed et son conseiller économique. Des mauvaises langues font un lien, qui pourrait être corrompu (le lien, «What Else » ?), entre cette nomination, la qualité de chef de parti de Chahed et de sa candidature à la présidentielle…

Par incidence directe, c’est le dossier de la TFBank qui poireaute, lui aussi. En effet, par deux fois consécutives, la vente de la TFBank, unique banque tunisienne en France et qui est en grosse difficulté financière, avait échoué. Une précédente réunion de la Carep (Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises publiques) avait pris la décision de confier le sort de la TFBank à la BH Bank, qui était alors entre les bonnes mains d’Ahmed Rjiba.

Rjiba parti à l’ATB et le chef du gouvernement ne se décidant pas encore à nommer le nouveau DG de la BH Bank, cette dernière n’a pas la tête sur les épaules pour se consacrer à ce dossier crucial de la TFBank, depuis des mois aussi dans la semoule, et la Tunisie risquerait fort, du fait de tous ces retards, de se voir retirer la licence de banque pour la TFBank.

Le processus de compétition, pour le choix du DG, qui était un des conseils de la Banque mondiale et mis en place du temps de feu Slim Chaker alors ministre des Finances de Youssef Chahed, était une 1ère fois pour la STB, la BH et la BNA.

Ce processus, somme toute démocratique pour un pays qui se targue d’être l’unique démocratie du monde arabe, avait permis de nommer des DG d’une grande valeur et qui ont donné de bons résultat. Un banquier tunisien vivant à l’étranger avait alors été choisi. Il sera renvoyé, sous prétexte de retraite, alors que le même gouvernement nommait toujours d’autres retraités à la tête d’entreprises publiques et banques.

Sur sa page des réseaux sociaux, on retrouve cette partie de son témoignage sur cette période. «J’ai brigué et obtenu le poste de DG de la STB après appel à candidature publique et sélection par des professionnels du recrutement. Avec l’équipe talentueuse de la STB nous avons conçu et implanté, avec succès, une nouvelle stratégie qui a permis à la banque de reprendre son leadership dans la croissance du PNB (34% de croissance au premier semestre 2019, première banque loin devant). Pour réussir ce redressement, rare d’une entreprise publique, j’ai assumé mon rôle de protecteur de la Banque contre toute intervention externe, y compris et surtout celle de Si YC a travers ces conseillers, si loyaux envers leur maitre, et si laxistes envers les intérêts du pays». Et Saied de poser à YC la question de savoir «pourquoi quand vous étiez premier ministre (…) vous avez stoppé cours l’expérience du contrat programme de 5 ans de la STB bien que la Banque aie dépassée tous ces objectifs ?». Il n’est pas sûr d’avoir un jour une réponse.

Autre dossier, tout aussi brûlant, sur lequel le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, refuserait toujours de trancher : celui de la BFT (Banque Franco-Tunisienne). Le dossier est très compliqué, mais tout aussi tabou. Le dernier à en avoir parlé est l’actuel ministre des domaines de l’Etat. Ce dernier se fait un devoir de reprendre, sans aucun dédommagement pour l’Etat, des centaines d’hectares de terres domaniales et communique fort dessus, comme s’il n’avait que cela à faire.

Le silence sur ce dossier reste jusqu’ici de rigueur. Un dossier pourtant où les pénalités que la Tunisie pourrait être contrainte de donner à l’ancien propriétaire pourraient être capables de mettre le budget de l’Etat en difficulté. Le dossier de la BFT avait pourtant été décrit, depuis février 2018 par le chef du gouvernement Youssef Chahed lui-même comme étant «la plus grosse affaire de corruption dans le pays».

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