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Ils l’ont laissé seul, face à l’Ugtt, l’Utica, la Conect, Chkoundali…

Fréquemment, un dossier vient enflammer l’opinion publique, très friande de ces éruptions. En ce moment c’est la hausse du taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de Tunisie, une affaire qui vaudra à son gouverneur, Marouane Abassi, une séance musclée d’explications au Parlement, où l’attendent de pied ferme Samia Abbou, Ammar Amroussia, Salem Labiadh, etc. Il est vrai que le dossier, lequel touche de plein fouet le portefeuille des ménages, avec son corollaire de montée du TMM qui fera flamber, dit-on, les crédits bancaires dont dépendent tant les citoyens, a de quoi passionner les débats. Et pour une fois – c’est si rare pour être souligné ! -, toutes les sphères sont vent debout contre la mesure de la BCT, en dépit des arguments très rationnels de son patron : la classe politique; les députés; l’UGTT, suivie par l’UTICA, même si c’est pas pour les mêmes raisons; la Conect a également fait connaitre ses griefs, aussi inquiétants que ceux de sa consoeur… Bref, tout le monde est contre. Même le gouvernement, que cette décision aidera peut-être à solutionner, partiellement, les épineux problèmes de l’inflation et du déficit de la balance commerciale, se planque et se garde bien de défendre Abassi, le laissant seul se dépatouiller avec cette bombe. Trop risqué politiquement pour le chef du gouvernement, dont on connait les ambitions pour 2019. Et pour compliquer encore plus la tâche de la BCT, les experts attaquent…

La charge de Chkoundali

L’augmentation du taux d’intérêt directeur de 100 points, pour passer de 6.75 à 7.75%, ajoute à la charge des entreprises, bloque l’investissement et la croissance et épuise le pouvoir d’achat des citoyens, déjà détérioré, estiment des experts contactés par TAP concernant la dernière décision de la BCT.
Le conseil a décidé, suite à sa dernière réunion des 16 et 19 février 2019, de majorer le taux directeur de 100 points, expliquant cette décision par  » l’aggravation du déficit de la balance commerciale et les appréhensions de l’accroissement de l’inflation« . Le taux d’inflation, rappelle-t-on, s’est élevé, en janvier dernier, à 7,1%, selon l’INS.

Le professeur en sciences économiques Ridha Chkoundali a expliqué que la décision de la BCT est dictée par l’engagement de la Tunisie envers les politiques du FMI, qui recommande souvent l’augmentation du taux directeur des banques centrales pour limiter l’injection de liquidités et contenir l’inflation.
L’inflation est générée par la dépréciation du dinar et non par l’abondance de liquidité
Chkoundali a expliqué à l’agence TAP que la décision d’augmenter le TMM est basée sur un diagnostic de la BCT imputant l’inflation à une grande injection de liquidité dans l’économie sans que cette injection soit accompagnée de production.

« Ce diagnostic ne reflète pas la réalité« , a dit l’universitaire, estimant que la cause réelle de l’augmentation du taux d’inflation est la dépréciation du dinar face à l’euro et au dollar. « Cela a engendré une hausse des coûts des matières premières et des marchandises importées et aussi généré une tendance haussière et continue de la flambée des prix« .
L’Augmentation du Taux directeur n’aidera pas à contenir l’inflation, estime Chkoundali, « parce que la BCT avait augmenté ce taux 9 fois successivement, depuis janvier 2013, et pourtant l’inflation n’a pas baissé « .
D’après lui, cette augmentation aura un impact négatif sur le taux d’intérêt des crédits destinés aux ménages et cela mènera à son tour à l’aggravation de la crise du secteur immobilier et affectera, par la suite, d’autres secteurs annexes.

« Le secteur privé sera aussi affecté par cette décision, car la hausse des coûts des crédits bancaires suffit, à elle seule, à bloquer les projets et les investissements et à réduire les opportunités d’emplois. Elle va générer aussi un recul du rythme de croissance, qui n’a pas dépassé, en 2018, 2,2%« , souligne encore l’expert.
Rappelons que l’UTICA avait réagi à la décision de la BCT en exprimant son mécontentement. Le patronat prévoit ainsi une hausse d’à peu près 15% du coût des crédits bancaires, ce qui rendra encore plus difficile le financement des entreprises.
L’UTAP a aussi fait part de son inquiétude, estimant que la décision de la BCT aura un impact négatif sur les investissements agricoles et ceux de la pêche.

S.L./TAP

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