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Les banques font des bénéfices. Bon ou mauvais ? Comment font-elles dans un pays en crise ?

Les banques tunisiennes, pas toutes, gagnent de l’argent et cette année 2022, un peu plus que la précédente. Cela ne va certainement pas plaire aux Tunisiens qui aimeraient que les banques deviennent des œuvres caritatives, comme la BTS qui ne distribue pas de dividendes aux milliers de ses contributeurs, ou au moins qu’elles n’en gagnent que peu pour être en conformité, d’abord avec le questionnement existentiel du comment pourraient-elles gagner de l’argent alors que l’économie est en crise, et ensuite la concupiscence de tous ceux qui ne sont pas  aussi démunis que lui.

  • La Biat au panthéon des bénéfices devant Attijari. Les Publiques, toutes, à la baisse

En 2022, le plus gros bénéfice, presque 300 MDT, a été réalisé par la Biat (Banque Internationale Arabe de Tunisie). Presque le double réalisé par la banque marocaine de droit tunisien Attijari Bank, filiale tunisienne de la marocaine d’Attijariwafa, qui annonçait, cette année-là, un bénéfice consolidé de 720 MUSD. Sa part du bénéfice de la filiale tunisienne ainsi que les effets financiers des différentes conventions signées avec la banque-mère), dont les bénéfices en Tunisie ont augmenté de 16,25 % l’année dernière, y sont certainement pour quelque chose.

Puis viennent les autres, même si le bilan de la BNA est encore gardé secret, car encore passé au crible des limiers de la BCT (Banque Centrale de Tunisie), peut-être pour obliger cette banque publique que son Etat-actionnaire met à mal, à un surplus de provisions.

L’autre « grande » banque publique qu’est la STB, enregistrait un bénéfice de plus de 81,5 MDT, mais en baisse de presque 22,4 MDT (21,5 %) en GA, tout comme la BH Bank, dont le RN (Résultat net) de 118,7 MDT était aussi en baisse de 16 MDT en GA.

A la BT (Banque de Tunisie), l’ancien DG laissait une banque bénéficiaire de 166,311 MDT, en hausse de presque 5 MDT, et un nouveau DG qui prépare son Comeback dans le secteur bancaire après avoir été débauché de chez la BH Bank. Juste derrière, l’Amen Bank avec ses 156,7 MDT de bénéfices (en hausse de 25,2 MDT), et l’UIB, filiale plus responsable de la Française « Société Générale », et ses 132,171 MDT, en progression de 50,8 MDT.

Et alors que la banque et son « Nabab » de DG ne réalisaient que moins de 70,5 MDT de bénéfices, on retrouve à la 7ème place du Top 10 des bénéfices sur la place bancaire tunisienne, l’UBCI brandissant le trophée de la diversité et de l’inclusion, et qui retrouve des couleurs avec ses 59,2 MDT en hausse de 21,6 MDT par rapport à l’exercice 2021. Juste derrière, l‘ATB fait tranquillement sa Remontada. Et au bas de l’échelle, la Wifak Bank et ses 5,2 MDT de bénéfices en 2022, en hausse aussi d’un petit 3,4 MDT en GA.

  • Même la BTS qui ne distribue pas de dividendes à ses milliers d’actionnaires publics

Même la BTS, pourtant banque de solidarité, ses résultats de l’exercice 2021 étaient bénéficiaires de 7 MDT, avec un RN en hausse de 2,5 MDT par rapport à 2020. Reprise par le groupe Elloumi, la BTK a arrêté de faire état de ses bilans depuis 2020 qu’elle soldait alors avec un déficit de plus de 32,2 MDT.

La petite TSB faisait en 2021 un petit bénéfice de 3,6 MDT, la BTL enregistrait encore un déficit de 19,128 MDT, l’autre petite BTE terminait l’exercice 2022 avec déficit de 8,5 MDT. Chez la QNB,  2022 s’était terminé avec -142,935 MDT, le déficit se creuse après la perte de 105,2 MDT en 2021. La Saoudienne Albaraka Bank terminait 2021 avec un bénéfice de 16 MDT, mais n’avait toujours pas publié ses états financiers pour 2022. La BFPME, qui s’enfonçait en 2020 déjà dans le déficit (-10,49 MDT), le multipliait par cinq par rapport aux -2,341 MDT de 2019.

  • Comment font-elles pour gagner plus ?

En dehors de l’avis de Soufiène Weriemi membre de l’OECET, il est bon de faire remarquer à ceux qui se demandaient, comme nous, comment les banques pouvaient-elles faire toujours plus de bénéfices en temps de crises, économique et financière, en Tunisie ?

Prenons l’exemple d’un Tunisien Lambda qui prend crédit chez une banque de la place. Elle le lui donne à TMM+ …, et donc à taux variable. Et lorsque vous faites dépôt d’argent chez cette banque, elle le rémunère à taux fixe. La banque étant une institution qui fait transformation des dépôts en crédits,  augmente sa marge à chaque hausse du TMM.

Rappelons, en second lieu, que les banques font crédit à l’Etat à un taux élevé (le dernier emprunt a été à quelque 9 %, et se refinancent auprès de la BCT à taux moindre (TMM+0,5 en tout cas moins que le TD). Est-ce une bonne chose ? La réponse, dans un pays qui se fait financer par les banques qui consolident ainsi leurs fonds propres et restent solides, ne peut être que par l’affirmative.

Il reste que la dernière circulaire de la BCT, comportant restrictions sur la distribution des dividendes, pose problème, et une filiale de banque étrangère installée en Tunisie, et qui distribuerait 80 % de ses résultats, sans compter les effets financiers des conventions avec la banque-mère, au lieu de renforcer ses fonds propres, rester capable de faire face à la crise et participer activement à la résilience de l’économie du pays où elles font commerce d’argent, semble fortement intéressée et même « hors-norme ». Certaines, comme l’UIB, contrebalancent par un souci de responsabilité, « parfois ». Mais pas toutes.

Reste à faire remarquer que faire toujours de plus gros bénéfices, n’est pas toujours gagner la palme de la rentabilité. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le plus gros ROE (le ROE désigne en comptabilité la rentabilité des capitaux propres. C’est un ratio entre le bénéfice net réalisé par une société et une unité monétaire investie), ce n’est pas la Biat qui l’a (16,6 %), mais Attijari Bank (20%).

Mais c’est la Biat qui a les plus grands fonds propres (Presque 2 Milliards DT), et donc la banque la plus solide sur la place financière en Tunisie. Des banques, comme l’Amen, la BT, ou même la STB, ne réalisent certes pas de gros pourcentages en ROE, mais  sont plus solides et intéressantes, même pour l’emprunteur, public ou privé, qu’une banque dont les fonds propres sont en-deçà d’un milliard DT, même si des ROE entre 14 % et 15 %, ce n’est pas énorme dans un marché risqué, et où l’inflation dépasse les 10 %.

Et il faut voir chaque année les montants des provisions, et les interventions de la BCT pour le faire, pour le croire. Notre tableau, réalisé en coopération avec un des plus importants intermédiaires boursiers en Tunisie, dit le reste !

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